THE TWILIGHT ZONE / LA QUATRIÈME DIMENSION (Saisons 1-2)

J’ai regardé hier les deux épisodes diffusés, et ça reste très sympathique.

Le premier, « Pas tous les hommes », raconte comment, dans une petite ville côtière tranquille, une pluie de météorites influence le comportement des habitants, qui deviennent bagarreurs, agressifs et violents. J’ai bien dit les habitants : pas les habitantes.

Fatalement, le récit se teinte d’une tonalité féministe évidente, d’autant que la fin démontre que l’apparition des cailloux de l’espace n’est qu’un prétexte pour réveiller les mauvais instincts de la population masculine, démontrant que ces tendances sont en germe. Et que ce qu’il manque, c’est la volonté de les dominer. De manière marquante, le personnage qui y parvient, même s’il a été en contact avec les pierres, est un jeune homosexuel : plus qu’une charge contre les hommes, c’est en creux une critique du machisme hétérosexuel et, bien entendu, des normes sociales (la description d’un milieu professionnel axé sur les protocoles mais pas sur l’humain est assez glaçante.

L’épisode a une très chouette montée de suspense, de grands moments de tension (la séquence du gâteau d’anniversaire) et des acteurs (dont Taissa Farmiga, jeune sœur de Vera) très convaincants, qui savent passer de la comédie de mœurs du début à l’ambiance parano horrifique de la suite. Il manque sans doute une chute marquante (malgré la pirouette de dialogue final, insuffisante à mon goût), mais l’épisode est prenant.


Et il n’est pas sans évoquer le légendaire « Monstres de Maple Street », qui fonctionnait sur un principe voisin : l’explosion des liens sociaux sous l’effet d’une intervention extérieure réveillant les peurs et les haines.

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Le deuxième épisode, « Origines », est lui aussi chargé de connotations politiques. Une riche bourgeoise accepte d’aider sa bonne sud-américaine, mais bien entendu l’affaire dérape. La famille est convoquée par le gouvernement, de force, dans une ambiance fascisante, les images véhiculant un imaginaire totalitaire et bureaucratique évident. Sauf que si l’État traque les étrangers, ce ne sont pas ceux qui franchissent la frontière du Mexique. Il s’agit d’un autre type d’étrangers, et ne sont pas toujours étrangers ceux qu’on croit.


Le récit, en basculant de genre en genre (pamphlet politique, récit de prison puis d’évasion, concept de SF en vogue…), balance des idées très fringiennes, tout en dressant le portrait d’une Amérique paranoïaque refusant d’accepter l’immigration et de se souvenir de la manière dont elle a été fondée. Percutant. La fin est peu prévisible (et brutale : la réaction du mari me semble un peu étonnante, ou pas assez étayée), mais ça reste costaud.

Un détail est intéressant : si les personnages utilisent des smartphones, si les agents gouvernementaux ont des tenues modernes, la mode des civils (surtout féminine, puisque l’on voit beaucoup de femmes dans le récit) renvoie aux années 1950, créant une collision entre les époques, un sentiment d’étrangeté qui renforce le caractère atemporel des dérives décrites dans le récit.

C’est peut-être aussi une référence à l’époque de création de la série, celle de Rod Serling. Car, d’une certaine manière, « Origines » est un peu une suite de l’épisode « Image Miroir », avec Vera Miles, qui voyait un personnage confronté à son double venu d’ailleurs. Un phénomène qui semble donc avoir eu des conséquences politiques fâcheuses en Amérique.

Jim

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