Science-fiction
Long métrage américain
Réalisé par George Lucas
Scénarisé par George Lucas et Walter Murch
Avec Robert Duvall, Donald Pleasence, Maggie McOmie, Ian Wolfe…
Année de production : 1971
Pendant son cycle d’études à l’école de cinéma de l’Université de Californie du Sud à Los Angeles, George Lucas s’était spécialisé dans les courts-métrages expérimentaux, préférant le « cinéma vérité », le montage de visuels abstraits à une façon de raconter plus traditionnelle. Son court Electronic Labyrinth: THX 1138 4EB lui a valu un prix ainsi qu’une bourse qui lui a permis d’intégrer l’équipe du making of d’un film de son choix. Ce fut La Vallée du Bonheur, comédie musicale réalisée par Francis Ford Coppola qui attira peu de spectateurs dans les salles obscures.
Les deux hommes se sont liés d’amitié, co-fondant en 1969 la structure American Zoetrope, dont l’ambition était de créer un environnement libre pour les réalisateurs, en contraste avec le système plus restrictif selon eux des studios hollywoodiens. Il fallait tout de même collaborer avec un de ces grands noms pour la distribution, un contrat de plusieurs films signés avec la Warner. Les deux premiers longs métrages produits par American Zoetrope furent le drame Les Gens de la Pluie de Coppola et THX 1138 de George Lucas, prolongement de son court métrage. Et le succès ne fut pas vraiment au rendez-vous…
Dans un futur dystopique, l’humanité vit sous traitement chimique dans une cité souterraine. Les relations sexuelles et la procréation sont prohibées (mais pas la masturbation, acte qui se fait à l’aide d’une machine qui recueille la semence). Il n’y pas d’intimité, les habitants étant constamment surveillés par des caméras placées un peu partout. Pas d’identité personnalisée non plus, seulement des sortes de noms de code. Un univers morne, pesant, au pouvoir totalitaire utilisant aussi bien des robots que la religion (l’image du Christ bénissant de Hans Memling est omniprésente) pour le contrôle de la population…
THX 1138 (Robert Duvall, que Lucas avait rencontré sur le tournage des Gens de la Pluie) peine à accomplir ses tâches quotidiennes, troublé par ses pensées et les changements qu’il ressent. Il découvre que sa compagne et co-locataire LUH 3417 a modifié sa dose de médicaments. Submergés par leurs émotions retrouvées, THX et LUH font l’amour…un acte qui causera leur incarcération…
Tourné fin 1969, THX 1138 s’inscrit dans ce cinéma plus paranoïaque et pessimiste qui caractérisera nombre d’oeuvres de la décennie à venir. La dystopie imaginée par George Lucas et son co-scénariste Walter Murch (plus connu comme monteur) peut se montrer fascinante par certains aspects, avec des idées intéressantes…mais aussi des maladresses et de l’ennui provoqués par une atmosphère aride. Si le déroulement est (très) lent, les visuels ont plus d’impact, comme l’utilisation d’une monochromie qui renforce notamment le malaise et la sensation d’abandon ressentie dans une prison minimaliste qui semble s’étendre à l’infini. Lucas n’a pas oublié pour autant son amour de la vitesse, au centre d’une course-poursuite finale un peu plus palpitante que ce qui a précédé.
Le résultat final n’a pas plus aux exécutifs de la Warner qui ont demandé à ce que le film soit allégé de quelques minutes avant une sortie qui n’a pas du tout attiré les foules. Lucas n’est pas resté longtemps au sein de American Zoetrope et pour éponger ses dettes, Coppola a accepté une commande qui est devenue Le Parrain. Quant à Lucas, il a a laissé tomber ses expérimentations pour se tourner vers des histoires plus à même de plaire à un public plus large…et le succès est venu avec American Graffiti et La Guerre des Etoiles…