REALISATEUR & SCENARISTE
David Twohy, d’après la nouvelle Vintage Season (Saison de grand cru en V.F.) de Henry Kuttner et C.L. Moore
DISTRIBUTION
Jeff Daniels, Ariana Richards, Emilia Crow, David Wells…
INFOS
Long métrage américain
Genre : drame/science-fiction
Année de production : 1992
Solide artisan de la série B, l’américain David Twohy a débuté sa carrière à la fin des années 80 en signant coup sur coup les scénarios de deux honnêtes petits budgets, Critters 2 (avec ces petites boules de poils pleines de dents venues de l’espace) et Warlock (où il est aussi question de voyage temporel, mais avec une touche surnaturelle). Twohy alternera par la suite petites et grosses productions (il collaborera notamment au Fugitif avec Harrison Ford et Waterworld avec Kevin Costner).
En tant que réalisateur, David Twohy est surtout connu pour avoir véritablement lancé en 2000 la carrière de Vin Diesel avec Pitch Black, la première apparition sur grand écran du furyen Riddick, qui sera suivie par deux autres épisodes en 2004 et 2009. Mais avant cela, il aura mis en scène deux très bonnes séries B de S.F., The Arrival avec Charlie Sheen en 1996 et Timescape en 1992.
Timescape est donc la première incursion dans la réalisation de David Twohy. Il choisit comme sujet d’inspiration le thème du voyage dans le temps et plus particulièrement une nouvelle de Henry Kuttner et C.L. Moore publiée en France dans les années 70 dans le recueil Histoires de voyages dans le temps.
Ben, un veuf qui vit avec sa fille dans la petite ville tranquille de Greenglen, retape un vieil hôtel pour en faire son fonds de commerce. Arrive alors un étrange groupe de vacanciers qui souhaite prendre des chambres bien que les travaux ne soient toujours pas finis. Vu qu’ils payent rubis sur l’ongle, Ben accepte. L’un des touristes va laisser tomber un passeport…poussé par sa curiosité, Ben se rend compte que les dates de voyage qui y figurent couvrent plus d’un siècle. Il va bientôt découvrir que les occupants de son hôtel sont en fait des voyageurs temporels, venant d’une période tellement calme et pacifique qu’ils sont à la recherche de sensations fortes dans le passé.
Et cela signifie qu’un grand danger menace Greenglen…
Initialement intitulé Grand Tour : Disaster in time, le film deviendra finalement Timescape (bien que Grand Tour soit encore à l’occasion utilisé aux States). Globalement bien reçu dans les différents festivals dans lesquels il a été projeté, Timescape n’aura eu droit qu’à une exploitation limitée dans les salles françaises (avec une accroche foireuse qui révèle l’un des principaux twists de l’histoire) et aura été directement diffusé à la télévision aux Etats-Unis.
Bien dommage pour cette très chouette (modeste) production au scénario soigné.
Conscient des limites de son budget, Twohy prend en effet bien soin dans un premier temps de développer ses personnages et en particulier le trauma de Ben Wilson, la perte de sa femme, qui sera l’un des fils rouges et le catalyseur des actions de Ben dans le second acte. Pour cela, il fallait un acteur capable d’inspirer la sympathie et le contrat est rempli avec l’excellent Jeff Daniels, qui continuait de s’imposer dans des premiers rôles après le très bon Arachnophobie. Sa relation familiale est crédible et l’alchimie de son duo avec la petite Ariana Richards (la gamine blonde de Jurassic Park) est pour beaucoup dans la réussite du film…tout comme la description de la vie dans cette petite ville, avec son lot de personnages hauts en couleur parfois limite cliché (comme le notable qui tient la police dans sa poche).
Le réalisateur/scénariste sait aussi faire monter progressivement les enjeux, sans effets ostentatoires et avec de subtiles idées de mises en scène.
Twohy souhaitait au départ simplement suggérer la fameuse catastrophe, mais il décidera finalement de la montrer après les premières projections-test. Ce n’est pas la scène la plus percutante du métrage, mais sans trop en révéler (enfin, pas plus que l’affiche française) elle sert de déclencheur à une seconde moitié pleine de rebondissements et d’une grande tension dramatique, qui permet en plus à Jeff Daniels de jouer sur différents registres.
Je regrette juste une scène finale un chouïa inutile…jolie, mais tout de même un brin paradoxale. Mais à part cette légère réserve, Timescape reste une bonne petite série B qui sait faire oublier son manque de moyens pour offrir un solide récit de voyage dans le temps.