TUMATXA : L'ÉMISSION !

Effectivement, et un squelette de riff qui rappelle vaguement celui de l’original. Le texte est celui d’origine par contre, même s’il ne doit pas être employé dans son intégralité.
J’aime beaucoup ce morceau moi aussi, et je me fais d’ailleurs une grosse cure de Scorn en ce moment, comme je dois le dire durant l’émission ; on risque d’en réécouter plus tard dans la saison…

Je dirais un mix des deux (BD et littérature pur jus, je veux dire), et ça m’a fait penser à des travaux très proches dans la forme de Neil Gaiman et Dave McKean, comme « Violent Cases » par exemple. Gaiman écrivait un pur texte de prose sans se préoccuper de découpage, et McKean transformait ça en page de BD. Dans le cas des « Amants Etrangers », c’était un peu l’inverse : Totleben arrivait avec un dessin d’une page (ou deux) et Moore rajoutait le texte ensuite en fonction de ce que lui inspirait l’illustration. Dans les deux cas, on pense la BD par « unité page », et pas « unité case », et une importance fondamentale est accordée au texte…

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Alors, je crois bien que j’ai déjà parlé ici de mon attachement à Clive Barker. Donc, je vais me permettre de chipoter un peu. « Les Évangiles Écarlates » n’est pas la seule suite officielle au « Hellraiser » original. Barker a pu utiliser des éléments de certaines des suites cinématographiques.

« Hellraiser 2 », n’est certes pas réalisé par le maître mais il est scénarisé par lui, comme tu le précises. Et, à priori, Barker était sur le plateau comme consultant. En tous cas, le lore de « Hellraiser 2 » et, en particulier le personnage de Leviathan, fait partie du canon barkerien (notamment, c’est fortement suggéré que la figure du Lucifer des « Évangiles » soit un avatar de Léviathan). Bon, aussi, c’est un très bon film. Je ne suis pas loin de le mettre à égalité avec le premier, perso (enfin, si on peut comparer des œuvres aussi dissemblables).

Aussi, si, comme tu le précises, il a cessé de s’impliquer à partir du 3ème film, il incorpore quand même certains éléments épars du 4 dans ses histoires (en particulier, l’origine de la boîte de Lemarchand). En effet, si ce film est, peut-être, un des pires de toute la saga cinématographique (à cause d’interventions du studio), c’était un film qui, sur le papier, était très excitant. Et Barker lui-même, pendant la préparation, se montrait plutôt positif à son sujet, après la déception du 3. Bon, au final, ce film est une catastrophe. Mais l’intention était là. Aussi, c’est un peu la seule œuvre à avoir tenté de définir ce qui est un élément important de cet univers: la boîte de Lemarchand. En particulier, vu que tu évoques les comics (qui, effectivement, comportent des choses de qualité… parfois), beaucoup d’éléments du 4 s’y retrouvent. Le consensus autour de ce film est qu’il est extrêmement mauvais mais qu’il comporte des éléments scénaristiques intéressants et assez régulièrement utilisés, avec l’aval de Barker (il semble suivre d’assez prêt ce qui se fait au niveau comics dans son univers).

Bon, par contre, toutes les suites sorties après le 4 sont oubliables et oubliées. Ils essaient de faire de ces films une sorte de mix entre Freddy et « Angel Heart » (quand ils ne vont pas dans le torture porn de seconde zone). Sans intérêt.

Sinon, petite rectification, Harry D’Amour est apparu plusieurs fois dans le corpus littéraire de Barker. Il tient un des rôles principaux de la trilogie de l’Art (« Secret Show », « Everville » et un troisième tome en attente), très appréciée par les fans. Il était dans une autre nouvelle aussi, je crois (en dehors de celle des « Livres de Sang »)

Et, oui, tu fais bien de faire lien entre Moorcock et Barker. Les deux se connaissent (et s’apprécient, à priori). Et, en particulier, ils est tout à fait possible que les similitudes entre les « Évangiles » et le cycle de Von Bek soient volontaires. Ni l’un ni l’autre n’a commenté sur la question, pour autant que je sache, mais c’est une rumeur qui persiste. Et, à la lecture des deux, la description extrêmement matérialiste des Enfers, que tu évoques, me semble assez similaire. En plus du coté larger than life, effectivement.

Enfin, en tous cas, on est tous d’accord pour dire que ces « Évangiles » sont extrêmement dispensables. Même Barker lui-même s’en excuse à demi-mots, maintenant. Comme tu le dis, c’était une période troublée de sa vie. Ça sera surtout une occasion manquée. La rencontre de Pinhead et John Constan… heu, pardon… Harry D’Amour, ça faisait envie. Tant pis. Il faut savoir qu’il y a eu un troisième tome autour de Pinhead, « Hellraiser: The Toll », scénarisé et illustré par Barker mais non rédigé par lui. Ca sert de jonction entre « Hellbound Heart » et les « Evangiles ». Ca a plutôt bonne réputation mais je ne l’ai pas lu.

Du coup, après la déception de ce dernier livre, on attend aussi pas mal de son prochain roman, « Deep Hill », qui, pour l’instant, s’annonce mieux. On peut espérer.

Et oui, tu peux aussi aller voir du coté de « Coldheart Canyon ». J’ai beau être fan de Barker, il faut quand même reconnaître qu’il est inégal. Mais celui-là fait partie de ses réussites, je dirais. Intéressant à lire à l’age de #metoo et Harvey Weinstein. Ca ferait un bon compagnon aux « Hollywood Babylon » de Kenneth Anger aussi.

Sinon, tu évoquais vite fait « Le Jeu de la Damnation » en début de chronique. Le livre a ses fans mais je trouve que son intérêt est surtout documentaire, perso. C’est un premier roman et ça se sent. A l’époque, il était beaucoup plus à l’aise avec le format nouvelle des « Livres de Sang ». C’est intéressant de le voir comme un précurseur d’« Hellraiser » mais il y a des choses considérablement plus abouties dans sa bibliographie, je trouve.

Et, sinon, vu que évoques la voix, intéressante, de Doug Bradley sur la chanson de Cradle Of Filth (décidément, c’est pas ma came… enfin, il y a un petit charme nostalgique), je vais préciser qu’il a lancé sa chaîne Youtube dans laquelle il fait des lectures de romans horrifiques. J’ai écouté sa version du « Tell-Tale Heart » de Poe. C’est sympathique.

Ah oui, effectivement tu semble bien connaître le sujet, ha ha !! :wink:
Du coup tes correctifs sont plus que bienvenus.

C’est une grossière erreur de ma part. J’aurais dû vérifier, je me disais d’ailleurs qu’un perso qui a autant la sympathie des fans (puisque c’est le cas, je crois bien) devait être apparu dans un peu plus de textes que ça…

Ha ha ha ha !!! Les points communs entre les deux persos sont troublants, en effet. Tu sais qui a inspiré qui ? Le fait que Barker et Constantine soient tous les deux originaires de Liverpool est une puce à l’oreille de plus, en prime.

Alors ça, ça m’a frappé de plein fouet à compter du moment où Pinhead et D’Amour tombent sur le « cadavre » de Lucifer (ce sont les meilleures pages du roman). La caractérisation de Lucifer fait vraiment penser, disons, à l’axe Milton/Moorcock, et pas qu’un peu. Mine de rien, pour un roman qui part sur 40 pages de gorasseries pas piquées des hannetons, c’est un changement de braquet étonnant.

Je pense que je vais me faire « Coldheart Canyon » ; j’en ai lu, en plus du tien ici, des échos très élogieux. La thématique me semble porteuse, et si tu ramènes Kenneth Anger et ses « Hollywood Babylon » dans l’équation, ma curiosité est plus que titillée.

Ben, on sait pas trop mais la ressemblance est quand même frappante. D’autant plus que les deux auteurs se connaissent. Barker est surtout copain avec Gaiman mais il est avéré qu’il a rencontré Moore plusieurs fois.

Ceci dit, il faut voir que cette figure du détective surnaturel est relativement ancienne. En particulier, l’un d’entre eux, datant de l’époque victorienne, Sexton Blake, a été repris par Moorcock sous le nom de « Seaton Begg, The Metatemporal Detective » (de la famille Von Bek, d’ailleurs). J’ai tendance à voir Constantine et D’Amour comme des extensions, un peu modifiées, de cette influence commune.

Ceci dit, ça serait surprenant qu’il n’y ait pas d’influence directe entre les deux. Mais il n’y a pas, à ma connaissance, de réponse définitive sur la façon dont ce transfert s’est passé. Il me semble que Constantine est arrivé un peu plus tôt mais je ne suis pas sûr. En tous cas, ils ne nous ont pas fait une Grant Morrison: Moore et Barker ne semblent pas avoir de tensions autour de ces personnages.

Oui, bien sûr. On peut aussi penser à la création de William Hope Hodgson, Carnacki the Ghost-finder, à peine plus récente (que Moore utilisa d’ailleurs dans sa « Ligue des Gentlemen Extraordinaires », comme quoi tout se recoupe…).

Oui, Carnacki est probablement l’archétype principal du détective ésotérique. En réalité, y’en a plein. Solar Pons, par exemple, d’August Derleth, pour un coté plus lovecraftien. Pons qui, lui même, donne son nom au personnage interprété par Mark Frost dans « Twin Peaks », série qui, elle même, contient un bon paquet de clins d’oeils au genre de l’enquête surnaturelle (l’apport de Frost, je pense)… Y’a vraiment un réseau assez vaste de références chez plein d’auteurs. On pourrait parler de Harry Dickson, le personnage de Jean Ray, aussi.

Oui, c’est une certitude, Frost l’a d’ailleurs précisé en interview à plusieurs reprises. Tout l’aspect ésotérique lié à des références précises à la théosophie par exemple, ça vient de lui, il insiste là-dessus. D’ailleurs, quand il fait du « Twin Peaks » tout seul, ce prisme particulier ressort spécialement.

EPISODE 3 : Killing the Smile of the Cult !!

Avant-dernière émission avant la pause de la Toussaint (le temps file !).
Le programme cette semaine :

  • Pour le cinoche, un des chouchous de l’émission, Shinya Tsukamoto, est de retour avec son dernier film en date, « Killing », relecture tsukamotoesque du chambara d’antan.

  • Pour la littérature (rock en l’occurrence), on revient sur le copieux pavé d’Aurélien Lemant et Mathieu Bollon, « Blue Öyster Cult - La Carrière du Mal », qui se penche comme son nom l’indique sur la carrière du plus intello des groupes de heavy-metal.

  • Pour la BD, c’est à nouveau le Joker (pour ses 80 balais) qui s’invite dans l’émission, avec « Joker - Killer Smile », signé par le tandem gagnant Jeff Lemire / Andrea Sorrentino.

Et pour la musique, ce sera :
« One Last Dance », extrait du dernier effort synth pop des norvégiens d’Ulver, « The Summoning », rouleau-compresseur ultra-jouissif des amerloques de Hum, « Mistress Of The Salmon Salt (Quicklime Girl) » de Blue Öyster Cult, issu de leur mythique « Tyranny And Mutation », et on termine en beauté avec le tétanisant « Im Winterwald », morceau introductif du dernier chef-d’oeuvre en date de Paysage d’Hiver !!!

« A harvest of life, a harvest of death
Resumes its course each day
It comes as if by schedule
A harvester lifts his arms to the rain »

EPISODE 3 !!!

Encore un beau programme très intéressant avec pas mal de choses qui m’attirent et me repoussent à la fois (un peu comme la relation d’amour/haine de Tsukamoto envers Tokyo dont tu parles dans ta chronique de « Killing »). C’est donc très stimulant d’écouter des avis différents.
Ulver est un groupe que j’adore mais je n’adhère pas à leur virage synthwave.
J’aime tous les morceaux d’ « Inlet » de Hum pris indépendamment mais impossible d’écouter l’album d’une traite. Je m’ennuie au bout de 2 ou 3 morceaux. Assez curieux car le côté monolithique d’un album est quelque chose que j’apprécie en général (cf. le dernier Deftones que je kiffe de plus en plus).
Niveau BD (je ne suis pas encore arrivé là dans l’émission), j’ai failli prendre le « Killer Smile » directement en librairie puis je l’ai ouvert… Et l’ai reposé… :sweat_smile:
Tu me décideras peut-être à l’acheter. Je suis quand même très client du duo.

Hé hé, je te laisse te décider après écoute de la chronique… :wink:
Chez moi aussi, le Deftones tourne en boucle, et je l’aime moi aussi de plus en plus. C’est un album plus fin qu’il n’y paraît (comme souvent avec eux) et en tant que tel c’est un « grower », il faut lui laisser le temps de s’installer.
Par contre, j’ai aussi beaucoup écouté le « Inlet », et là par contre chez moi ça passe crème d’une traite (peut-être en faisant la vaisselle ou le ménage en même temps, je le concède :wink: ).
Concernant Ulver, même si j’aime beaucoup « Flowers Of Evil » comme je l’explique, et plus encore son prédécesseur, je ne serai pas mécontent de les voir évoluer vers autre chose à partir de maintenant, parce qu’ils l’ont toujours fait, souvent avec bonheur d’ailleurs.

Tiens, amusante synchronicité, à nouveau. Un nouveau disque de Michael Moorcock, « The Hollow Lands », annoncé ces jours-ci, avec la quasi-totalité de Blue Öyster Cult comme invités, ainsi que certains membres de Hawkwind (évidemment) et quelques autres (des gens des Strawbs, Nektar, Arthur Brown’s Kingdom Come, notamment…). A voir. Sort le 4 Décembre chez Cleopatra.

https://cleorecs.com/store/shop/spirits-burning-michael-moorcock-the-hollow-lands-cd

Sinon, j’ai écouté l’épisode. Et, pour être honnête, j’ai quand même du mal avec le nouveau Ulver. J’ai écouté le disque 2-3 fois et, en ayant la dent dure, j’ai quand même un peu l’impression d’écouter des chutes de « The Assasination of Julius Caesar ». Bon, soyons clair, un Ulver moyen reste quand même un disque très correct mais je comprends un peu les critiques les accusant d’immobilisme, pour le coup. Aucune mélodie ne m’a vraiment transporté, ce qui est quand même un peu le but de la synthwave/synthpop, il me semble.

Après, c’est vrai, Ulver est coutumier des œuvres « grower », comme tu dis. Je vais continuer à lui laisser sa chance, mais, pour l’instant, c’est un peu chaud, pour moi.

Par contre, grosse claque avec le Paysage d’Hiver. Bon, ça fait longtemps que je suis fan de ce projet de Wintherr (plus que de Darkspace, effectivement) mais il me semble que le format long lui réussit plus. C’est un type de musique qui s’y prête à merveille. Je pense qu’il a atteint un sommet avec « Im Wald ». On verra si le projet y survivra mais, si c’est le cas, ça augure du meilleur.

Bon, et sinon, il faut que je construise une collection de Jeff Lemire. Ca devient de plus en plus clair.

Et je souscrit totalement à ton analyse de l’opposition nature/ville chez Tsukamoto. C’est en germe depuis longtemps chez lui (dès son son 2ème long métrage, « Hiruko The Goblin », je dirais) mais c’est devenu sa thématique principale dans sa deuxième partie de carrière, je dirais. Allant même jusqu’à inclure les deux aspects en simultané dans ce qui reste pour moi son plus beau film, « Vital ».

Et, oui, je suis d’accord avec toi, c’est vraiment triste qu’il soit à ce point boudé, aujourd’hui. Ses nouveaux films n’ont pas du tout à rougir devant sa carrière précédente.

Voilà… :sweat_smile:

Ah, ça y’est, il y a une nouvelle édition des nouvelles de Dick ? Les précédentes partaient pour des centaines d’euros en ligne. Merci, Laurent Queyssi.

Ouais, Vinchou en parlait là :

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Oui, même si « Das Tor » était déjà très impressionnant. Mais par ses « dimensions » même, « Im Wald » va encore plus loin, c’est vraiment un disque un peu « ultime » dans son genre. Effectivement, difficile d’envisager ce qu’il pourrait faire de plus fort par la suite…

Concernant Tsukamoto, je me souviens que tu avais déjà signalé ton admiration pour « Vital », qui est un film que j’aime beaucoup mais que j’ai peu vu (une fois, peut-être deux). Faudrait que je le revois. Il me semble être le véritable film-charnière dans la carrière de Tsukamoto. C’est une honte que ses films ne soient plus distribués en France, même s’il faut saluer la sortie du beau combo DVD/Blu-Ray qui réunissait « Tetsuo III » / « Fires On The Plain ».

J’avais vu ça sur son fil Facebook ; j’ignorais que les éditions précédentes étaient si onéreuses sur le net…

Intéressant !! Effectivement, la coïncidence avec l’actualité de Blue Öyster Cult (dont l’album « The Symbol Remains » est sorti hier) est frappante, mais peut-être pas si fortuite…

Je n’ai pas suivi. En quoi c’est grâce à lui?
En tout cas, la recherche m’a permis de voir qu’une nouvelle traduction du « Neuromancien » de William Gibson venait de sortir « Au Diable Vauvert » (la maison d’édition).
Depuis le temps que je dois le lire, l’occasion est trop belle! :grin:

Pour le coup, il est le traducteur des nouvelles. Mais, même en dehors de ça, il y a un renouveau d’intérêt pour l’œuvre de Dick en France depuis quelques années. Cela est le fait d’un petit groupe de personnes (dont l’ami Pacôme Thiellement, d’ailleurs) mais Queyssi a également joué un rôle déterminant. En premier lieu par la biographie qu’il lui a consacré mais pas uniquement. Sa série d’interventions dans des salles de cinéma au sujet des adaptations de Dick ont eu un certain poids, par exemple.

Oui, parmi lesquelles on peut également citer Hélène Collon, qui entre autres ouvrages de Dick, a surtout traduit son « Exégèse », et on imagine un peu la somme de travail que ça représente…