TUMATXA : L'ÉMISSION !

Oui, du point de vue de quelqu’un connaissant mal le hip-hop mais ayant néanmoins un certain intérêt pour le genre, Kabal fait partie des projets que je trouve intéressants (comme Kae/Kate Tempest, d’ailleurs). Pas vraiment écouté la carrière solo de D’, par contre.

Ouais, dans les deux cas je trouve aussi que ça déchire, perso. J’écoute beaucoup ces deux albums en ce moment, surtout celui de Ddent, mais l’album de Lice est extrêmement intéressant aussi…
Et le « Vorrh » de Catling, je vais vraiment pas tarder à lui faire un sort… :slight_smile:

EPISODE 16 : La fixette du locataire psychotique !!

Dernière émission… avant les vacances !! Et même si on sait pas trop combien de temps elles vont durer cette fois, on se retrouve sans faute dans deux semaines, les amis !!!
Le programme cette semaine :

  • Classique absolu et inoxydable pour ce qui concerne le cinoche cette semaine, avec ni plus ni moins que « Psychose » d’Alfred Hitchcock, un film qu’on ne présente plus mais qu’il ne fait pas de mal de décortiquer à nouveau.

  • Pour la BD, retour sur un titre déjà évoqué mais qui me semble passer trop inaperçu compte-tenu de sa qualité, avec le tome 2 de « The Fix », signé par Nick Spencer au scénar’ et Steve Lieber aux dessins.

  • Pour la littérature, on évoque l’étrange et perturbant « Le Locataire chimérique » de Roland Topor, adapté en son temps par Roman Polanki au cinéma (« Le Locataire », 1976).

Et pour la musique, ce sera :
« Business Casual », extrait de l’album à venir (fin mars) de Tomahawk, « Orphan Limbs », sublime morceau issu de la collaboration décidément féconde entre Emma Ruth Rundle et Thou, « This Time My Broken Heart Will Stay Open », de Neteherlands, et ça sort de leur dernier album « Zombie Techno », et on conclue avec un morceau rituel de Chet W. Scott et son projet drone/folk/ambient/doom Blood Of The Black Owl, et ça s’appelle « The Final Banishing »…!!!

« Pain
You’re still alive
Don’t walk away
Stand your ground and fight
Life depends on it »

EPISODE 16 !!!

C’est clair…et bien entendu, on peut en dire encore plus mais tu as soulevé les points les plus importants. J’aurai bien aimé pouvoir discuter de ce genre de film au lycée (ou alors c’est un lycée spécialisé ?).
Je me demande, ça fonctionne bien avec les lycéens, ce genre d’initiative ? J’ai toujours l’impression qu’il est de plus en plus difficile d’intéresser les jeunes aux vieux films, surtout quand c’est du N&B. Mon neveu d’une vingtaine d’années regarde des tas de films et je lui en ai montré beaucoup avec les années mais il remonte surtout aux classiques des années 80. Au-delà, il a plus de mal…

Non, pas du tout, c’est un lycée pro (agricole plus exactement) et dans les programmes de terminale il y a une grande marge de manoeuvre laissée aux enseignants d’ESC (éducation socio-culturelle) quant aux contenus abordés. Dans le lycée où je bosse, les profs concernés ont choisi le cinéma, notamment à cause d’une opération de très grande qualité appelée « Lycéens et apprentis au cinéma » (partenariat entre la région et le CNC) : il suffit pour les profs d’aller se former quelques jours pour en bénéficier.
En pratique, on nous propose de choisir trois films par an dans une liste de 10 ou 15 proposés (une liste très variée, vraiment), et une fois qu’on a choisi on nous envoie une copie DCP (l’équivalent numérique des bobines d’antan) au cinéma du coin. Après la projection, je fais une heure d’analyse du film, avec décryptage de plans ou de séquences (sur grand écran, ça claque !) auprès des élèves. On a vu des films formidables dans ce cadre ; je cite pêle-mêle : « Blow Out », « La Soif du Mal », « L’homme qui tua Liberty Valance », « La Mouche », « Shining », « La Nuit du Chasseur », et j’en passe.

Pour en venir au coeur de ta question, oui, il est de plus en plus difficile d’intéresser les jeunes à des films en noir et blanc et en VO. Mais on est parfois surpris par leur réaction, dans un sens ou dans l’autre. J’ai été surpris de les voir ne pas accrocher plus que ça à « La Mouche » ou à « Shining » (encore que pour ce dernier, une poignée d’élèves avait été très impressionnée), et par contre de vraiment accrocher à « La Nuit du Chasseur » et plus surprenant encore à « L’homme qui tua Liberty Valance »… Le constat que tu fais auprès de ton neveu me semble l’un dans l’autre assez répandu. Il y a même des élèves qui pensent que le cinéma est une invention qui remonte à 1980 (!!!).
Plus étonnant encore, je me rends compte en discutant avec les élèves que nombre d’entre eux, s’ils connaissent la franchise « Star Wars », n’ont jamais vu la trilogie originelle.

Pour « Psychose », la réaction a été très positive, le film les a accrochés. Sur 90 élèves, il y en avait même une petite dizaine qui l’avait déjà vu, ce qui m’a surpris.
Perso, j’avais vu « Rebecca » au lycée en cours d’anglais… et « Evil Dead » aussi !!! Mais ça c’était à mon initiative. :slight_smile:

Autre constat quand je fais mes petits cours sur l’histoire du cinéma : les noms de Coppola, Scorcese ou Friedkin ne leur disent rien du tout… Par contre, ils ont presque tous en tête au moins deux noms, sans avoir vu les films : Charlie Chaplin, et Alfred Hitchcock justement. Ces deux-là sont non seulement des cinéastes majeurs, mais aussi de véritables figures culturelles, ce qui n’est pas si courant pour des cinéastes.

C’est des types de programmes qu’on trouve dans toute la France (ça fait partie de toute ces structures ou initiatives « souterraines » très nombreuses qui font que notre qualification de « pays du cinéma » n’est pas non plus une vision de l’esprit). Chez nous, en temps normal, les matins sont consacrés à des projections de films pour les élèves allant de la maternelle jusqu’au lycée. Avec un large choix de films qu’on propose allant du récent à des choses très anciennes.

Après pour répondre à la question du Doc, il faut savoir ce qu’on entends par « fonctionné ». Si on entends par là qu’ils s’y intéresse je dirais que c’est comme pour tout. Certains s’en fichent, d’autres trouvent ça bien et une toute petite poignée accrochent (et parfois, t’en touche un ou deux qui deviennent passionné).

Merci pour ces éclaircissements, je ne connaissais pas et je trouve ça très intéressant. Et en effet, si certains, même s’ils ne sont que quelques uns, en ressortent avec plus de curiosité, une envie d’aller vers des choses qui les changent de leurs habitudes, ça vaut vraiment le coup…

Absolument, et il faut à ce titre souligner la qualité de la documentation qui est fournie avec ces films, qui est franchement bien faite.

Tiens je regardais les films sélectionnés pour 2021 dans le cadre du programme « collège au cinéma ». Parmi les choisis tu as « 12 hommes en colères ». C’est un classique, il revient régulièrement.

Ben celui-là tu peux être certain que malgré son age et le fait qu’il soit en noir et blanc, il passionne énormément les élèves.

Ah oui, excellent choix dans le cadre de ce type de programmes. En plus, sans même compter son implacable horlogerie scénaristique, le film est excellent pour expliquer des notions de base de mise en scène subtile : sous ses dehors de huis-clos minimaliste, le film est farci de bonnes idées en la matière (jeux simples mais efficients sur les focales, le cadre, etc…).

C’est effectivement très chouette ce type de programme. Juste avant le premier confinement, j’avais accompagné la classe de mon fils au cinéma.
Ils étaient allé voir « L’homme qui rétrécit » de Jack Arnold.
Il y allait à reculons (à cause du noir et blanc).
Au final, il avait bien aimé et ça avait été l’occasion de parler des échelles (scène de l’araignée), sujet qu’ils avaient vu en classe avant la séance.

Sinon chronique passionnante de « Psychose ». Tu m’as donné envie de le revoir avec ma fille.

[HS] « Sang et stupre au lycée » devrait te plaire. Assez horrible dans les propos, j’ai très souvent ri comme dans mes Burroughs préférés.
Il y a un gros passage qui se réfère à « La lettre écarlate » d’Hawtorne. Il vaut mieux l’avoir lu avant à mon avis.

Oh, belle idée de programmation, ça aussi.

Je vais me commander le Kathy Acker dès demain. Pas lu le Hawthorne, mais j’avais vu l’une de ses adaptations filmiques il y a bien longtemps maintenant ; je ne sais pas si ça suffira pour tout capter au passage que tu évoques…

Je pense que ça suffira. Le plus important est d’en connaître la trame et les scènes emblématiques.

Tu m’as convaincu avec « Le locataire chimerique ».
Tu as employé les termes « remué » et « humour dark » et je n’ai jamais lu de romans de Topor, un personnage que j’aime beaucoup.
J’ai déjà passé commande à ma libraire. :wink:

Sinon, très chouette morceau de Netherlands, ça m’a parfois fait penser au Mercury Rev de « Deserter’s songs ».

Ah, tiens, je n’aurais pas pensé spontanément à Mercury Rev mais le parallèle est intéressant. Tu devrais jeter une oreille sur l’album en entier : il est très varié et comprend des choses assez stupéfiantes, en termes d’originalité. Et ça sonne, grave !!!

Je me suis vu tous les moorhead et jenson.

Et bien c est tres agréable a regarder mais j ai trouvé que ça n avait vraiment rien a dire, ou plutôt si, mais autrement.

Je m explique : ils sont tres bons pour camper des personnages et des atmosphères. Je dirais même qu ils sont suffisamment bons pour que l intégration du fantastique vienne pour moi me sortir d un film que j appreciais en l etat.

C est un premier point : une fois tellement attaché a cette atmosphère intimiste et inquiétante pourquoi rajouter un élément fantastique ? Si je m interesse plus aux persos qu à l élément fantastique, le second vient parasiter le premier.

A ce titre synchronik est le plus maîtrisé, integrant le fantastique dès le depart.

Mon second point : qu est ce qu apporte l élément fantastique (qui peut etre tout a fait maîtrisé par ailleurs, comme leur monstre lovecraftien) à l histoire ?

Et bien, pour moi, malheureusement rien. L élément fantastique est strictement rendondant dans son traitement avec l histoire qu ils racontaient déjà sans. On obtient ainsi une histoire intégrant de manière superflue sa propre metaphore.

Quel intérêt ?

Aucun. Je n ai pas trouvé de plus value aux éléments fantastiques, pire j ai trouvé donc qu ils parasitaient le propos en le redoublement assez lourdement.

Pas de méprise, j apprécie beaucoup leur réalisation. Et je conseillerais volontier chacun des films. Mais je dirais aux auteurs de se faire beaucoup plus confiance et d abandonner le fantastique dont ils n ont pas besoins puisqu ils l utilisent de toute façon comme un surlignage d un propos qui se lit sans, tres bien et avec plaisir dans leur realisation. Qu ils usent de l ellipse là où ils mettent du fantastique et je crois qu ils feront de très grands films.

Voilà.

Merci pour la découverte.

Un point de vue intéressant… mais que je ne partage pas !! :wink:

Déjà, un point qui me semble important : je ne dirais pas que tous leur films relèvent du registre fantastique. Je ne vois même vraiment que « Spring » pour avoir des points communs avec ce registre. Pour moi, le reste de leur corpus, c’est de la SF. La distinction peut paraître subtile, mais je la crois cruciale.
Le fantastique invente ses codes, la SF joue avec ceux que l’on connaît (les lois qui régissent notre « réel », pas de nouvelles lois qui codent un autre réel ; je ne sais pas si je suis clair).

Du coup, pour autant que je puisse en juger, je ne crois pas que l’on puisse résumer leurs récits à la mise en place de thématiques illustrées deux fois, une fois de façon « naturaliste », puis de façon « fantastique », et « allégoriques ».
C’est pour ça que j’insiste sur leur rattachement au genre SF : celui-ci (un type comme Serge Lehman l’explique parfaitement) repose en fait très peu sur la ruse de l’allégorie. La SF se donne plutôt comme son propre sujet, si je puis dire : les histories de Dick qui mettent en scène des distorsions de la réalité abordent en fait très directement la question de la nature de celle-ci, pour prendre un exemple fameux. Idem pour Lovecraft, que je rattache bien plus à la SF qu’à la « fantasy » ; l’horreur cosmique qu’il met en scène est son propre sujet.

J’en dirais de même pour Benson et Moorhead : les thématiques mises en place ne sont pas allégorisés par l’introduction d’éléments « incongrus » (SF ou fantastique, c’est à débattre, mais j’opte pour la SF). Elles sont rejouées dans un contexte altéré, qui modifie leurs coordonnées de départ.
« Synchronic » par exemple pose la question du rapport au temps et de la façon dont elle altère une amitié (leur grand sujet, je crois) de façon très littérale, finalement.

Je ne sais pas si je me fais comprendre, j’ai l’impression de pédaler un peu dans la semoule… Ha ha !!

En tout cas, là où je te suis, c’est que j’aimerais bien voir ce qu’ils donnent dans un contexte différent en termes de récit, et pourquoi pas en effet dans un registre « naturaliste ».
Bon, d’une certaine manière, vu que leur prochain projet c’est « Moon Knight », ils sont dans un registre bien plus réaliste : la série de super-héros !! :slight_smile:

Moonknight c est eux ?

Et bien marvel ne se mouche pas du coude.

Je n ai pas vu le decalage dont tu parles, du moins pas là,mais j entends.

Mais mon propos etait moins d ordre théorique et se reposait plus sur leur realisation mêmesue sur l histoire.

Pour reprendre la question du décalage, je l y mettrais dans leur réalisation même.

En effet tout ce que je dis colle bien plus a spring qu aux autres ou ca peut etre moins flagrant.

Mais clairement dans spring, le malaise, le decalage est des la partie naturaliste. Cette hantise qui est la hantise de l autre, et qui va trouver son exacerbation comme sa résolution dans l amour me semble bien.mieux transcrite lorsqu ils laissent le non dit, ou non vu s epanouir que lorsqu ils le resolvent. Avait on besoin de voir qu elle tuait. Le film aurait plus fort avec l apparition des cadavres et qu on soupçonne que ce soit son fait sans,qu on sache pourquoi, ni comment.

Je dirais de même pour les autres a l exception de synchronik, mais dont je trouve du coup l histoire humaine moins interessante.

Dans la suite de résolution, les gros plans, les scenettes courtes, les ellipses, arrivent bien mieux a retranscrire le sentiment de répétition et le doute, que ne le font les scènes de boucle temporelle.

C est là où je dis que leur réalisation suffit amplement a leur propos, qu ils y sont très doués. Les éléments non naturaliste s me semblent en trop par rapport a la réalisation.

Je me souviens d une film ou un couple, dont auteuil, recevait un cassette video impossible, décalage, mais c etait un point de depart, sans explication (dans mon souvenir).

Les lost highway, mulholand drive aussi sont sans explication et c est d autant plus fort.

Le petit quinquin aussi.

Du moment que la réalisation nous dit le propos, pourquoi s evertuer a le redoubler en moins bien dans l histoire.

Haneke, « Caché ». Un très grand film, et pourtant je n’aime pas ce cinéaste.
Par contre, il y a bien une « explication » ; il faut regarder très attentivement la dernière séquence.

Ouaip. Pas mal, hein ?
D’autant plus que depuis « Wandavision », je suis convaincu que Marvel peut faire des choses intéressantes à la télé.

Oui, « Spring », même si je le trouve très beau (y compris sa résolution si solaire) est celui sur lequel j’aurais le plus de réserves.
Il semble que ce soit le préféré de leurs fans, ceci dit.

Notre désaccord est là. Je ne vois pas de rupture entre ces deux moments. C’est la même chose pour moi, non pas allégorisée, mais littéralisée au contraire.
Je pousserais le bouchon (allez, on se lâche) jusqu’à prétendre que si allégorie il y a, c’est dans la première partie dont l’écriture produit des effets qui « allégorisent » le premier degré SF de la suite, quand les dérèglements surviennent.

La première partie en tout cas est une vraie tuerie. D ou mon refus de me laisser emporter par la suite sans doute.

Oui je veux bien. C est pas mal vu. Mais l interet reste pour moi l effet de répétition, l enfermement et je ne suis pas sur que l élément sf, si tu veux, ajoute a celà. La ou je te rejoins, c est que la répétition, dans la partie naturaliste, soit les deux freres qui restent bloquer dans un certain rapport, est un peu lourde.

Entre spring et celui là, les gros sabots passent de la partie non naturaliste à la partie naturaliste.

Mais reste que la vu de l entité est ratée et que les scènes auraient (la secte, les gens autour) pu exister quasi sans sf ou en tout cas clairement sans explication