Ah, intéressant, ce point ! Ce n’est pas une erreur de ma part. Enfin, je veux dire, c’est bien ce que j’avais l’intention de dire au moment où je l’ai dit.
Spontanément, j’aurais dit « assyrien » aussi. Mais je me suis basé sur ce que dit Friedkin dans « L’exorciste selon William Friedkin » (un docu que je conseille plus que vivement pour quiconque s’intéresse au film ; Friedkin est un sacré client en entretien…), et lui dit bien « abyssinien ».
Il est possible qu’il se soit trompé bien sûr, et pour être franc je n’ai pas pris la peine de vérifier et je lui ai fait une confiance aveugle.
Et renseignements pris (sur « The Exorcist Wiki », en l’occurrence) il semblerait que ce soit des mythologies assyriennes et babyloniennes que William Blatty se soit inspiré…
Tout à fait d’accord. Des films comme « Kotoko », qui joue aussi sur cette idéalisation de la nature fantasmée comme un havre de sérénité, puisent dans « Hiruko » cette opposition mise en jeu par Tsukamoto à quelques reprises.
Je l’ai très probablement su, mais j’avais oublié que « Yokai Hunter » était la source du scénario de « Hiruko », tiens… Intéressante, cette filiation.
Mais c’est Blatty dans son roman qui décide que le démon serait Pazuzu…
Au passage, Pazuzu est, dans Dungeons & Dragons un démon régnant sur les Abysses…
Tori.
Tout à fait.
Enfin, techniquement, dans D&D, c’est un Tanar’ri. Au début du jeu, ils piochaient allégrement dans toutes les mythologies pour remplir leur bestiaire. C’est comme ça que, dans le premier Deities & Demigods, Elric Le Nécromancien s’était retrouvé à côtoyer Cthulhu, Aphrodite et le Roi Arthur. Et cela incluait notamment la mythologie judéo-chrétienne. En particulier, ça parlait d’une guerre entre les diables (d’alignement loyal-mauvais) et les démons (chaotique-mauvais). Pazuzu appartenait donc à la classe dominante démoniaque (comme le Demogorgon de « Stranger Things » d’ailleurs).
Mais, au début des années 80, est arrivée la satanic panic dont D&D était une des cibles majeures. Donc, ils se sont dit que c’était probablement dangereux pour eux de continuer à causer de diables et de démons. Ils ont donc créé les appellations Baatezu et Tanar’ri pour les remplacer. Mais, bon, c’est juste les noms qui ont changés. C’est toujours les mêmes. Et ils continuent à régner sur les plans des Neufs Enfers et des Abysses.
Ah j’ignorais qu’il y avait une appellation officielle à ce phénomène (passionnant et toujours d’actualité si l’on en croit les agitations dans les milieux complotistes).
Merci.
Jim
Un Obyrith, en fait.
Moi aussi.
Entre les accusations de satanisme et les associations avec des troubles psychologiques (il n’y a qu’à voir le film Les monstres du labyrinthe, tiré du roman Mazes and Monsters), Dungeons & Dragons n’avait vraiment pas bonne presse !
Tori.
Alors, si on est sur les considérations pointues, cette notion d’Obyrith et sa distinction d’avec les Tanar’ri, date de la 4ème édition et est toujours présente aujourd’hui dans la 5ème. Avant ça, et en particulier dans la gamme Planescape qui se focalisait sur l’aspect multiverse du jeu et donc, notamment, sur ces questions, le terme Tanar’ri était plus générique et incluait toutes les castes démoniaques dans un joyeux melting pot pas forcément toujours très cohérent. D’une manière générale, c’est un peu le principe des deux dernières éditions d’essayer de mettre en ordre tout ce qui a pu être écrit dans les versions précédentes.
Absolument, c’est super intéressant et toujours d’actualité.
Heureusement que, purement sur des questions cinématographiques, ce film est tout pourri. S’il avait été plus réussi, ça aurait été plus compliqué pour nous-autres, les rôlistes.
Chic, Youtube est mon ami, sur ce coup-là…
Je me demande si ce n’est pas dans la novélisation d’E.T., par William Kotzwinkle, que j’avais lu une scène de partie de D&D saupoudrée de remarques sur l’influence des jeux. Je sais plus, faudrait que je retrouve mon exemplaire. Je crois que c’est l’un de mes tout premiers contacts avec l’univers des jeux de rôles (avant d’y plonger moi-même durant les années de lycée, puis d’oublier assez vite), et je me demandais quand même de quoi il pouvait bien en retourner.
Jim
Ah bon ? C’est vrai que le film s’ouvre sur une partie de D&D. Il se trouve que j’ai cette novélisation quelque part dans ma bibliothèque, je crois. Il faudra que je la lise, pour voir. Merci pour l’info.
Je l’ai lue tout gamin à la hauteur de la sortie du film, qu’il me semble avoir vu en salle, donc peut-être que j’ai vu la scène avant de la lire. J’ai le vague souvenir d’une profonde perplexité devant la description littéraire. Bon, le bouquin est dans un rayon (en double rayonnage, donc au fond, pardi) auquel je n’accède qu’en faisant un peu de varappe), mais j’irai vérifier au plus vite. Si ça se trouve, j’ai lu cette scène ailleurs, mais je vois pas trop où…
Jim
On verra mais ça serait pas surprenant que ces considérations soient là. Le livre comme le film sont sortis en 1982. Donc, chronologiquement, ça colle parfaitement avec la satanic panic.
Je crois bien que c’est QAnon, en particulier, qui a repris pas mal de notions de ce mouvement, affectivement.
Ouais, voilà, c’était pour moi le premier contact avec une dimension pop culturelle que je ne connaissais pas, mais aussi avec sa perception dans le grand public : à la fois ce que c’est et ce qu’on en dit.
Après, il est possible aussi que le souvenir que j’ai de cette lecture se mélange aussi à des choses que j’aurais lues par la suite, hein.
J’essaie de déplacer les piles de bouquins pour aller procéder à mon ascension au plus vite.
Voilà, je pensais précisément à ces allumés-là, chez qui les accusations de cannibalisme / satanisme / pédophilie ressortent en force, alors que ce sont de vieilles rengaines dans le discours sur l’influence néfaste de la fiction, qu’elle qu’elle soit.
Jim
C’est un téléfilm…
Oui, oui, soit. Tu sais, je fais pas vraiment de distinction entre films et téléfilms.
Bon courage. Je serais aller vérifier aussi mais il se trouve que j’ai vidé mes bibliothèques pour faire des réparations dans les étagères. Du coup, tous mes livres sont en piles dans mon appartement. Le premier qui tombe dessus vérifie, on va dire.
Toutafé. Pizzagate, tout ça, tout ça. Bien sûr, les tenants de QAnon et autres émanations de 4Chan et assimilés vont se réclamer de l’ironie postmoderne, là où les réacs 80’s étaient sérieux au possible. Mais, déjà, c’est pas le cas de tous leurs adeptes. Et puis, bon, qu’ils fassent ça pour le lulz ou pas ne va pas changer grand chose.
tu n’est pas le seul
(déjà quand tu vois le nombre de production estampillé « film » alors que ce sont des productions SVOD produit pour être diffusé sur le service)
Il y a même eu un film d’exploitation récent (tendance comico-horrifique si je ne dis pas de bêtises), surfant sur la nostalgie du cinéma de genre des années 80, qui a repris ce nom.
Et récemment, j’ai évoqué dans le cadre de l’émission l’excellent « Department Of Truth » de James Tynion IV, qui y fait aussi référence dans le cadre de ce titre explorant les sous-bassements psychologiques de ce type de phénomènes, à la lisière de l’hystérie collective caractérisée. Gamin, je me souviens par exemple des polémiques autour des messages subliminaux supposément satanistes (et/ou incitant au suicide) enregistrés à l’envers, en mode Beatles, par des artistes ou des groupes comme Judas Priest, Ozzy Osborne ou Iron Maiden (dont le disque « Number Of The Beast » a fait l’objet de quelques autodafés aux Etats-Unis ; pour la blague, sur leur disque suivant, le batteur Nicko McBrain a enregistré un récitatif à l’envers en ouverture du morceau « Still Life »… et qui n’est en fait que la reprise d’un sketch du comique John Bird, comme on s’en rend compte en le remettant « à l’endroit »).
C’est clair que ce n’est pas une réussite (merci, Doc : je ne savais pas qu’il s’agissait d’un téléfilm… Quoi qu’il en soit, je l’ai découvert en DVD, moi).
Tori.
J’ai découvert ça dans la foulée de mon post, ouais.
Qu’il va falloir que je lise, quand même.
Le dingue qui tire dans un ciné porno, dans le Dark Knight de Miller, s’est convaincu d’avoir entendu des trucs en écoutant un disque à l’envers, ouais…
Effectivement. C’est long, bizarrement construit, avec la partie centrale, qui décrit le basculement, et qui est étonnamment courte, là où une approche plus immersive aurait pu être sympa. Les acteurs n’ont pas l’air très motivé et c’est effectivement filmé comme un téléfilm, qui à mon sens a bien vingt ou trente minutes de trop. Mais bon, ça permet de découvrir un Tom Hawks d’avant même Big (qui doit être le film par lequel je l’ai découvert), y a plein de trognes sympas, et ça ne tombe pas trop dans la caricature de l’opposition jeunes / vieux et ce genre de choses.
Je ne connaissais pas du tout, merci pour l’info.
Jim