TUMATXA : L'ÉMISSION !

Un film est-il moins un film quand il sort directement sur le marché de la vidéo et pas sur grand écran ? Pour moi, les productions qui sortent sur une plateforme de streaming, ça reste l’équivalent d’un DTV (dont certains sont beaucoup plus friqués que d’autres)…et perso, je ne considère pas ces plateformes comme des chaînes de télévision. C’est bien pour cela que j’en reste à ma définition du téléfilm, comme celui dont il était question ici et qui a été diffusé sur CBS en 82…

Je ne m’étais pas encore posé la question…
C’est vrai qu’on pourrait considérer ces plateformes comme une version moderne des vidéo-clubs.
Et, donc, les films prévus pour commencer leur vie dessus comme des direct-to-video, en effet.

Tori.

Non. De même qu’un téléfilm n’est pas moins un film du fait d’être produit pour et par la télévision. Mais ces précisions sont tout de même importante voire essentiel en terme de contrat et de droits et entretenir ce floue fait partie de la stratégie de Netflix pour brouiller les pistes* et grignoter peu à peu le terrain des autres formes de diffusion afin d’y imposer ses conditions.

De fait il m’apparait essentiel d’utiliser les bons termes même si on pourrait, en effet, se questionner sur la nature même des plates-formes de SVOD. Vidéo-club nouvelle génération ? Mais alors quid de la VOD et de la nature de ses recettes ? ou télévision compte tenu qu’elle propose un panel aussi varié que celle-ci en terme de fiction, docu-fiction, sport, porno etc. malgré le changement de type de flux ? Ou bien une nouvelle forme dont on doit définir les limites afin de permettre à des institutions variés de mieux les gérer ?

*de la même manière qu’il impose leurs logo sur des productions qu’il distribue uniquement. Ca fait croire qu’ils en sont en fait les créateurs.

EPISODE 22 : Charlie et la mémoire de la contrée bleue

Des bruits bizarres dans la nuit colombienne ! Des duels aériens de Mosquitos au-dessus des mers !! Des chiens qui survivent à la fin de l’humanité !!! Des règlements de compte teintés de fantastique au fin fond du Midwest !!!

Dépaysement garanti ce soir dans « Tumatxa! », pour l’avant-dernière émission avant la pause pascale…

Pour le cinéma, penchons-nous donc longuement sur le dernier-né de la filmographie passionnante d’Apichatpong Weerasethakul, à savoir le superbe et envoûtant « Memoria », avec Tilda Swinton. Le maître thaïlandais s’exile en Amérique du Sud pour ce tour de force esthétique, aussi beau que sidérant dans ses développements inattendus. Une perle !!

Pour la BD, double rasade avec deux titres signés par l’excellent Garth Ennis : aux côtés du très inspiré Keith Burns, Ennis assouvit l’une de ses passions (l’histoire de la deuxième guerre mondiale) en écrivant un fabuleux « war comic », « Out Of The Blue », superbement illustré de surcroît ; puis nous évoquerons un titre un chouïa plus ancien du scénariste irlandais, avec le drôle et poignant « Rover Red Charlie », dessiné par Michael DiPascale, l’odyssée post-apocalyptique de trois chiens aussi courageux que paumés…

Pour la littérature, on évoque le méconnu (de ce côté-ci de l’Atlantique en tout cas) Tom Drury, secret très bien gardé des lettres américaines contemporaines, qui signe avec « La contrée immobile » un roman aussi beau qu’étonnamment bouleversant, ou quand le néo-noir à la Coen Brothers croise le fantastique pittoresque d’un « Twin Peaks »… Une fabuleuse découverte, si vous voulez mon avis.

Le tout est délicatement truffé de bonne musique : les métalleux suédois de Meshuggah reviennent nous ramoner les conduits auditifs avec « Broken Cog », morceau introductif du très attendu et désormais disponible « Immutable » ; les hipsters new-yorkais de Widowspeak accouchent de « The Jacket », concept-album de pop classieuse et lumineuse dont est issu « While You Wait » ; The Body, le duo de métal expérimental de Portland, unit ses forces avec OAA alias A.J. Wilson pour « Enemy Of Love », dont on écoute l’abrasif « Fortified Tower » ; enfin, Patrick Walker, ancien maître d’oeuvre de Warning (projet culte pour tout doomster qui se respecte) revient avec « Perfect Light », nouvel album de son projet 40 Watt Sun, et on en écoute le deuxième titre, « Behind my Eyes » !!!

« Knives out
Strings set in motion
You act like you’re surprised
Pre-emptive strike
Ruin - Chaos - Focus »

EPISODE 22 !!

Out of the Blue, c’est ça? Tu as oublié le titre…^^

Mince !! Oui, c’est bien ça…!! :slight_smile:

Je ne suis pas fan d’avions à la base mais j’aime bien ce « Out of the Blue ». As-tu lu le « Johnny Red » de Garth Ennis? Il est bien cool celui-là.
Sinon c’est pareil pour « Rover Red Charlie », pas fan des histoires d’animaux mais là, j’ai adoré.

Exactement la même chose en ce qui me concerne : je ne partage pas la passion d’Ennis pour l’histoire militaire en général et les batailles aériennes en particulier, mais c’est tellement bien fait ici… J’ai adoré. Dans les prochains « war comics » signés Ennis, je vais tenter Johnny Red, qui en effet jouit d’une belle réputation (et Ennis lui-même le défend bien, ce titre).
Gros coup de coeur également pour « Rover Red Charlie », inventif, drôle… et poignant.

EPISODE 23 : L’autorité au fond des cartes

« Tumatxa! » fait une pause pour ces vacances pascales toutes proches, comme chaque année, mais avant ça on se retrouve pour une émission au programme aussi classique qu’alléchant, si vous voulez mon avis. Cinéma, BD, littérature, il y en aura pour tout le monde.

Pour le cinéma, évoquons ensemble l’excellente dernière entrée dans la filmographie fournie de Paul Schrader, qui signe une fin de carrière tout à fait passionnante (on n’aurait pas misé là-dessus il y a 10 ans encore), avec « The Card Counter », long-métrage ô combien typique du corpus de son auteur, entre martyrologie chrétienne et épure bressonienne. Un brin moins fort que son précédent film « First Reformed », mais très fort quand même…

Pour la BD, c’est avec une joie non feinte que nous nous penchons à nouveau (et ça faisait longtemps) sur le corpus du génial Grant Morrison !!! Le scénariste écossais revient en forme dans le giron de DC Comics et se penche à nouveau (après entre autres l’inoubliable « All-Star Superman ») sur la figure du premier des super-héros, qu’il confronte à des figures antinomiques du genre dans la mini-série « Superman and The Authority », dessiné par le basque Mikel Janin.

Pour la littérature, nous exhumons en compagnie des éditions Finitude un recueil de nouvelles du très méconnu William Chambers Morrow, intitulé « Dans la pièce du fond ». Héritier de Poe et Maupassant, Morrow annonce bien des travaux importants des genres fantastique, horrifique et policier ayant contribué à forger l’imaginaire du vingtième siècle. Morrow n’est certes pas un Poe que tout le monde aurait « raté », mais sa prose n’en pas moins passionnante pour les amateurs de ce type de littérature, comme nous le verrons.

Le tout est savamment mixé à de l’excellente musique comme il se doit : David Tibet et son Current 93 sont de retour en grande forme avec « If A City Is Set Upon A Hill », nouvel album magnifique, dont le morceau introductif « If A City… » ouvre également l’émission ; le duo canadien Traitrs est de retour aussi avec un album, « Horses In The Abattoir », mystérieusement passé sous les radars à l’automne dernier, alors qu’il est très beau, comme en atteste le poignant « Sea Howl » ; les shoegazers de Catherine Wheel rééditent leur premier album « Ferment », un classique du genre, et on en profite pour en écouter le tube « Black Metallic » ; enfin, Brian Williams alias Lustmord a confié à divers artistes le soin de relire/déconstruire les morceaux de son album « Other », et Borhen Und Der Club Of Gore en profite pour nous livrer un sublime « Plateau », à mi-chemin des univers respectifs des deux projets…!!

« I think of you when you’re sleeping
Of all the secrets that you’re keeping
You can’t stay all day under the covers
'Cause under there you’ll discover »

EPISODE 23 !!!

Je suis à la bourre dans mes écoutes de Tumatxa, heureusement que tu es en vacances. :grin:
J’ai commandé le roman de Tom Drury, tu m’as bien donné envie.
Sinon, je te recommande de t’intéresser au catalogue de Cambourakis qui a une excellente ligne éditoriale.
Je n’en ai pas lu beaucoup mais grosses claques à chaque fois ( je recommande Contrenarrations de John Keene et Le Palais de Glace de Tarjei Vesaas par exemple).

ajout : Concernant Finitude, je n’y ai pas lu grand chose seulement les 2 recueils de correspondances de Neal Cassady (le premier est passionnant, le second inutile) et surtout le méconnu « Jérôme » de Jean-Pierre Martinet, un de mes romans préférés.

Pour répondre à la question, le film a été un succès public en dépassant les 80000 entrées sur une configuration d’un peu moins de 90 salles; une belle performance pour un film indépendant dans le contexte actuel, d’autant plus que le retour de Paul Schrader pour une exploitation en salles après des années d’absence n’avait rien d’évident.

Ah, pas mal du tout effectivement !!! Surtout pour un film pas facile facile…
Merci pour l’info ! :slight_smile:

EPISODE 24 : Tout sur l’axiome Zéro !!

Quelle joie de vous retrouver, les amis, après cette pause pascale pour un nouvel épisode de « Tumatxa! » ; bon, j’ai été encore plus bavard et foutraque dans mon propos qu’à l’accoutumée pour cette émission, mais à ma décharge, la matière à notre disposition cette semaine appelait les digressions de tout poil…!!!

Pour le cinéma, c’est un immense cinéaste de retour aux affaires (quoiqu’il n’ait pas vraiment chômé ces dernières années, comme nous le verrons) qui nous occupe, avec le dernier-né de sa filmographie : en effet, on cause du grand Abel Ferrara et de son « Zeros and Ones » (Frères mercenaires" pour le titre VF bien pourrave). Le cinéaste new-yorkais (désormais romain) signe un film à la forme singulière (comprendre : fauchée mais intrigante) qui n’est pas sans rappeler certaines de ses oeuvres antérieures, tout en étant résolument ancré dans notre contemporanéité la plus immédiate (et glauque).

Pour la BD, on évoque une petite perle, « Everything » de Christopher Cantwell et I.N.J. Culbard, qui bénéficie d’une édition en VF aux petits oignons chez 404 Comics. Ou comment l’installation d’une grande surface détraque la réalité elle-même dans une petite ville du Michigan… Comme si le titre n’était déjà pas suffisamment bon, il bénéficie d’une traduction (inspirée comme toujours avec lui) signée Laurent Queyssi et d’une passionnante postface que l’on doit à l’excellent Aurélien Lemant, qui soulève pleins de pistes interprétatives passionnantes pour un récit d’une richesse folle qui n’en méritait pas moins !!

Pour la littérature, retour à la SF que nous avions un peu délaissée ces derniers temps, et à la SF versant « hard science », avec un des principaux cadors du genre, le mystérieux australien Greg Egan ; « Axiomatique », que nous évoquons aujourd’hui, est le premier recueil sur les trois constituant l’intégrale de ses nouvelles. C’est beaucoup moins prise de tête que l’on pouvait le soupçonner et ça fourmille d’idées vertigineuses…

Le tout est brillamment mis en musique : Helms Alee, trio de Seattle à la croisée des chemins stylistiques, vient de dégainer un superbe album, « Keep This Be The Way », et on en écoute le morceau final, « Guts For Brains » ; James Kent alias Perturbator est déjà de retour dans le sommaire de l’émission et unit ses forces à celle de Johannes Persson (Cult Of Luna) pour former Final Light, nouveau projet qui dévoile ces jours-ci le morceau « In The Void » ; la chanteuse américaine d’origine syrienne Káryyn nous régale d’un sublime « Ever », issu de la compilation de singles "The Quanta Series ; enfin, les louisianais stakhanovistes de Thou sont aussi déjà de retour pour une collaboration avec le one-man band black Metal Mizmor pour l’album « Myopia », dont l’épique « Indignance » est extrait…!!!

« Watch it now orphan anvil cloud
You’re way off shore chasing all the storms
The place where you were born
Far from your home »

EPISODE 24

Arf, tu m’as rappelé cette BD que je voulais me prendre et ma libraire vient de me dire qu’elle est indisponible pour le moment… Elle enquête et me redit…

Sinon pour revenir sur les émissions précédentes, j’ai beaucoup écouté le dernier « 40 Watt Sun ». J’adore cet album ! Merci!
J’ai également lu « La Contrée Immobile ». J’ai adoré l’ambiance et la gallerie de personnages. Mon seul bémol est la sorte d’épilogue dont je me serais bien passé. Ça m’a laissé une impression finale un peu dégradée alors que le reste m’a beaucoup plu. Dommage…

tu veux plutôt dire cette « nouvelle forme de roman graphique »

Je n’ai pas osé utiliser l’expression de l’éditeur, de peur qu’elle soit déposée. :grin:

A la décharge de l’éditeur Nicolas Beaujouan (dont j’ai vu une interview pour préparer ma chronique), il admet volontiers que son bandeau est un bien « putassier », mais il l’assume, sans se voiler la face pour autant.
Ceci étant posé, le travail éditorial sur ce titre dont il avoue être tombé fou amoureux (et qui lui a permis de correspondre avec Karen Berger, dont il vénère le travail) est simplement parfait.

Ah cool !!! Super projet. Autant je ne suis pas trop rentré dans « Watching From A Distance » de son projet précédent Warning (considéré comme un chef-d’oeuvre du genre doom tradi pourtant), autant j’adore ce qu’il fait au sein de ce projet-là.

Ah oui ? OK. Il est clair que cet épilogue marque une nette rupture de ton, mais je l’ai aimé pour ma part ; je l’ai trouvé plutôt émouvant en fait.

Ouais en fait, je n’avais pas envie d’en savoir beaucoup plus… Je suis très « fin ouverte » et j’aurais préféré que l’auteur ne ferme pas autant sa narration.
Rien de bien méchant au final mais ça m’a empêché de savourer en refermant la dernière page.

Je ne sais franchement pas si assumer un titre putassier amoindrit le truc. Après je comprend la démarche commerciale derrière mais ca n’en reste pas moins dommage surtout avec une oeuvre d’une grande qualité apparemment.

Au lieu de trouver des subterfuge commerciales pour vendre des oeuvres, il faudrait s’appuyer sur les oeuvres pour anoblir le terme de bande dessinée.