Tu as raison, la question se pose à tout le moins. J’y consacre un moment dans ma chronique, où j’anticipe les réactions de mecs comme toi ou moi (comme Beaujouan l’a fait aussi d’ailleurs) que ça fait un peu rigoler, ce type d’étiquettes pour lecteurs de comics qui s’assument pas.
Encore une fois, Beaujouan est beau joueur (super, n’est-ce pas ? ) en reconnaissant qu’il veut chercher des lecteurs/lectrices dont il SAIT qu’un titre comme « Everything » aurait tout pour leur plaire, mais qui n’ouvriraient jamais une BD, a fortiori américaine.
Je précise, même si toi tu le sais, que ce n’est pas le titre mais bien le bandeau qui est « en cause », un bandeau « amovible ». Perso je m’en suis débarrassé deux secondes après mon retour de la librairie.
A priori ça marche puisque l’album est indisponible pour le moment.
Oui, faut croire !! Tant mieux si l’album marche bien, parce que c’est une super BD, et c’est bien là le principal au-delà des étiquettes.
Comme je l’ai dit durant ma chronique, je n’aurais jamais que Cantwell (dont je connais très mal le travail mais dont j’ai trouvé la prestation sur « Iron Man » complètement lamentable) aurait été capable de pondre un truc pareil, référentiel à bon escient, malin, excellemment dialogué et caractérisé, et graphiquement très abouti par-dessus le marché.
A priori, il est à nouveau dispo.
Ça tombe bien ta chronique m’a donné encore plus envie!
Vivement que je le récupère !!!
Hop. Désolé pour le délai de versement du dernier épisode dans l’archive. Petit soucis de disque dur grillé à régler. Mais c’est fait. Sommaire intriguant, cette semaine. Curieux d’écouter ça.
Aucun souci, Manu !!! (réponse bien tardive)
EPISODE 25 : Le travail du Docteur de l’Amour et de la Mort !!
Des gardiens de cimetière amoureux de zombies, des messies composés de morceaux de cadavres épars, des salary-men déjantés en plein burn-out qui se transforment en monstres ténébreux… Diantre !! Ambiance, comme on dit, ce soir dans « Tumatxa! », avec encore cette semaine beaucoup de matière pour justifier mes longs épanchements verbaux (et verbeux)…
Pour le cinéma, à la faveur de sa ressortie toute récente en Blu-Ray/DVD dans l’excellente collection Make My Day (dirigée par Jean-Baptiste Thoret), on cause du superbe « Dellamorte Dellamore » de Michele Soavi. Cette comédie horrifique qui carbure à l’angoisse existentielle et aux visions romantico-morbides est l’adaptation des travaux de Tiziano Sclavi, le père de « Dylan Dog », et c’est une bombe.
Pour la BD, on évoque le roboratif « Doc Frankenstein », scénarisé par les soeurs Wachowski (la tétralogie « Matrix », « Cloud Atlas », « Speed Racer » et j’en passe) et dessiné par l’excellent Steve Skroce (sur une idée de son mentor/confrère Geoff Darrow). La traduction est quant à elle assurée par le camarade Jean-Marc Lainé… Relecture volontairement bourrine et diablement jouissive du premier mythe de la SF, « Doc Frankenstein » est une sorte de blockbuster d’action spectaculaire qui n’oublie pas de rendre hommage à Mary Shelley et James Whale, tout en explorant les thématiques chères à Lana et Lilly Wachowski.
Pour la littérature, une fois n’est pas coutume, l’ouvrage que nous abordons est écrit dans la langue de William Shakespeare et Britney Spears. Eh oui, hélas, les ouvrages signés de la main du génial Thomas Ligotti et parus en VF sont rares (il n’y en a qu’un, en fait), mais la tentation de revenir sur le corpus de ce maître de l’horreur littéraire était trop forte. En conséquence, nous abordons ce soir le cas de « My Work Is Not Yet Done », recueil de trois nouvelles s’inscrivant dans le cadre réjouissant de ce que Ligotti lui-même appelle la « corporate horror ». Si vous haïssez votre job et vos collègues de boulot, soyez assurés que Thomas Ligotti aussi. Mais lui c’est de la triche, il déteste également toute la race humaine et la création toute entière.
Le tout est subliminalement lardé de bonne zique, comme à l’accoutumée : Franck Hueso a.k.a. Carpenter Brut est de retour avec le deuxième volet de sa saga Slasher Wave, « Leather Terror », dont le premier extrait, « Imaginary Fire », est chanté par Greg Puciato ; la galloise Kelly Lee Owens signe un nouvel album, « LP.8 » (son troisième album, comme son nom ne l’indique pas) très intrigant et aventureux, et l’on en écoute un des meilleurs morceaux, « Quickening » ; l’excellent « Plastic Green Head » des chicagoans de Trouble ressort ces jours-ci, donc autant s’envoyer la reprise du « Tomorrow Never Knows » des Beatles qui y figure ; enfin, pour compléter la chronique littéraire consacrée à Ligotti, écoutons donc un extrait de sa collaboration avec le Current 93 de David Tibet, pour l’album « In A Foreign Town, In A Foreign Land », dont est issu le flippant « When You Hear The Singing, You Will Know It Is Mine »… Brrrrrrr !!!
« Turn off your mind
Relax and float down stream
It is not dying
It is not dying »
Excellent film, c’est clair !
Très cool ce programme encore une fois!
J’avais adoré Dellamorte Dellamore. Je l’avais vu au cinéma à L’ Atalante à Bayonne puis je l’avais rematé un paquet de fois avec mon frère et ma soeur suite à sa diffusion sur Canal +. Il faudrait que je le revois avec ma fille.
Pour la musique, je ne savais pas que Trouble avait repris « Tomorrow never knows », ce morceau me fascine (on dirait les Chemical Brothers mais 30 ans avant). Je suis curieux d’entendre le résultat.
Idem en ce qui me concerne ; c’est vraiment le lancement de la phase expérimentale/psyché des Beatles (au moment où ils deviennent un pur groupe de studio), et c’est déjà très abouti. La ligne de chant est géniale, et les bricolages studio ont fourni de la matière aux zicos et ingés son des cinquante années suivantes. Un chef-d’oeuvre !
La reprise de Trouble (de gros fans des Beatles, surtout le chanteur Eric Wagner) est évidemment d’un autre tonneau, bien plombée (dans le bon sens du terme) par de gros accords plaqués et nettement moins aventureuse sur le plan sonore (les expérimentations sont remplacées par un côté bricolé, le micro chant restant ouvert avant la prise et le morceau se terminant en boeuf en mode « bad trip »), mais je l’aime bien. Et surtout, l’album où elle figure, « Plastic Greeen Head », est une perle. Le meilleur album de Trouble passés les trois bijoux inauguraux des années 80.
Il faut que je me procure Dellamorte Dellamore !!! Le seul film que j’ai vu 3 fois en 2 jours ! Il m’avait complètement fasciné (surtout le final !). Je ne l’ai pas revu depuis des siècles !
Je suis curieux d’écouter l’émission, aussi pour ton avis sur Doc Frankenstein, qui m’a bien surpris graphiquement !
Vivement !
Je m’attendais à kiffer « Doc Frankenstein », mais pas autant. Je n’ai pas suivi le travail de Skroce sur les 15 ou 20 dernières années, mais dans les années 90 (sur des trucs comme « X-Man » ou « Spider-Man ») il était loin d’être aussi impressionnant à mes yeux. Là, il est vraiment spectaculaire, le bougre…
EPISODE 26 : Des Forces étranges dans le Nord
On voyage beaucoup cette semaine dans la dernière édition en date de « Tumatxa! » : du côté de l’Islande en mode viking, du côté de l’Argentine en mode poète au destin tragique, et carrément dans l’espace en mode héros messianique au passé trouble…!! Formule classique cette semaine à nouveau (cinéma, BD, littérature, et musique, comme il se doit).
Pour le cinéma, histoire de se coltiner l’actualité, évoquons si vous le voulez bien (et même si vous voulez pas en fait) « The Northman » du très jeune et prometteur Robert Eggers, qui se coltine ici l’adaptation de la légende scandinave à l’origine de « Hamlet ». Voilà certainement le plus faible des trois films d’Eggers, essentiellement pour des motifs scénaristiques, mais ça n’empêche son long-métrage d’être pourvu de visions dantesques, et d’attester à nouveau d’un talent très sûr pour la mise en scène chez Eggers, dont on guettera avec curiosité son « Nosferatu » à venir.
Pour la BD, retour sur le corpus de l’inégal mais passionnant Tom King, ancien agent de la CIA (personne n’est parfait, n’est-ce pas) reconverti dans l’écriture de comics. King puise dans son expérience passée pour nourrir ses scripts, et c’est bien ça qui est intéressant dans son cas. Dans « Strange Adventures », associé à Evan « Doc » Shaner et Mitch Gerads aux dessins, le bougre s’empare de la figure d’Adam Strange (chez DC Comics) et entreprend un travail de déconstruction/désacralisation aux multiples résonances thématiques; Incontestablement l’un de ses meilleurs boulots !!
Pour la littérature, découvrons ensemble « Des Forces étranges », stupéfiant recueil de nouvelles signées Leopoldo Lugones, écrivain/poète argentin surdoué au destin tragique. Révéré par Borges en personne (qui le combattit pourtant dans sa prime jeunesse), Lugones développe à la faveur d’une prose à la classe folle une fiction à mi-chemin entre Poe, Wells, Maupassant… et annonce même certains chefs-d’oeuvre à venir de Borges. Une perle vénéneuse…
Le tout est soigneusement serti de petits joyaux musicaux : le duo hip-hop Dälek est de retour avec « Precipice », excellent nouvel album qui profite entre autres de la participation d’Adam Jones (Tool), et dont on écoute le très beau « Devotion (When I Cry The Wind Disappears) » ; la surdouée Marissa Nadler n’est pas bégueule et nous gratifie d’un nouvel EP, « Wrath Of The Clouds », dont on écoute le morceau d’ouverture à pleurer, « Guns On The Sundeck » ; l’excellent Kind Dude s’associe à Der Blutharsch And The Infinite Church Of The Leading Hand pour l’album collaboratif « Black Rider On The Storm », concept-album/western dont est issu « Dead Man » ; enfin, rendons modestement hommage à feu Klaus Schulze, pionnier de la musique électronique et de la Kosmische Musik, dont le « In Between », extrait du gargantuesque « Shadowlands », profite pleinement de la participation de l’envoûtante Chrysta Bell…!!
« You’re on the river and I’m sailing home
These gentle waves lead us towards Babylon
And in the distance I could hear your song
Oh, Lord, please let me die on the river of Babylon »
Du coup, c’est la version de chez Allia que tu as lu?
Il est ressorti peu de temps après chez Quidam sous l’intitulé "Les Forces Étranges" et avec un autre traducteur. D’ailleurs je m demande si la version d’Allia est complète car sa pagination est beaucoup plus faible (et ça pourrait être cohérent avec la différence de titre) .
C’est un auteur qui m’intéresse mais je ne suis pas un lecteur de recueil de nouvelles.
Absolument, c’est la version Allia que j’ai et que je chronique… à mon grand dam, d’ailleurs, car comme tu le soupçonnes, la version Allia est « incomplète », et comprend 7 textes au lieu de 13 sur la version ultérieure. Je l’ai commandé un peu à l’aveuglette sans le savoir, sinon j’aurais pris l’autre (125 pages contre 210, de mémoire). Je fais cette précision au début de ma chronique.
Ceci dit, les deux versions ont leur légitimité éditoriale : la version longue est la version initiale parue du vivant de Lugones (en 1906, de mémoire là aussi) ; la version courte correspond à une réédition chapeautée par Borgès redécouvrant cet auteur au début des années 40…
Perso j’apprécie (et de plus en plus, je crois) ce type de recueil de nouvelles. Ici, sur les meilleures d’entre elles, il y a un « feeling » un peu borgésien d’ailleurs. On verra si ma chronique te donne envie de sauter le pas !!
Moi c’est fait!
Merci pour la découverte de cet auteur, que j’avais noté mais pas été cherché ^^’ .
Cool !!!
En fait, je suis un mauvais lecteur de recueil de nouvelles. C’est mon problème…
Soit je les lis en enfilade et je ne prends pas le temps de savourer celles qui me plaisent le plus ce qui me frustre, soit je fais une pause mais souvent je passe à autre chose et ne termine jamais le recueil (je dois en avoir une bonne dizaine d’entamés au pied de mon lit ).
En fait je m’y retrouve seulement si les formats sont proches de la novella ou s’il existe un fil narratif reliant ou connectant les différentes nouvelles
Celui-là se lit effectivement d’une traite sans problèmes. Dans ce cas précis, les nouvelles sont si différentes les unes des autres que paradoxalement je trouve que chacune reste bien en tête, dans son créneau bien particulier.
Je le dis dans le chronique mais peux bien le répéter ici : le recueil vaut le détour ne serait-ce que pour deux nouvelles extraordinaires, « Les Chevaux d’Abdère » et « La Statue de sel », très différentes l’une de l’autre mais géniales chacune à leur façon.