TUMATXA : L'ÉMISSION !

EPISODE 29 : Au fait, la vengeance est rouge

« Not for the faint of heart », diraient les anglo-saxons. Autrement dit, âmes sensibles s’abstenir pour l’émission de « Tumatxa! » de la semaine !! Du transgressif, du scandaleux, de l’outrancier, de l’extrême à tous les étages ce soir… Et pas mal de serial-killers au programme, pour parler concrètement.

Pour le cinéma, superbe reprise en salles d’un fleuron de la filmographie de l’un des maîtres de la transgression cinématographique, Shōhei Imamura, avec l’époustouflant « La Vengeance est à moi » (1979), qui marquait le retour au long-métrage de fiction pour le maître japonais après 10 ans d’abstinence. Le récit s’appuie sur l’authentique traque d’un escroc/meurtrier nippon dans les années 60, et fait la démonstration du savoir-faire immense d’Imamura, qui sonde avec maestria les abîmes insondables de l’âme humaine. Chef-d’oeuvre !! Et le terme ici n’est point galvaudé.

Pour la littérature, l’exercice est difficile cette semaine, car c’est la prose troublante (et ça n’est rien de le dire) du sulfureux Peter Sotos qui nous occupe. Entre ses collaborations avec le Whitehouse de William Bennett et ses albums solo comme l’insoutenable « Buyer’s Market », Sotos s’affirme certes comme un « musicien » des plus difficiles d’accès mais il écrit également des livres d’un jusqu’au-boutisme effarant, explorant les franges les plus extrêmes de la dépravation, comme il le fait avec « Au Fait » (« Tick » en VO), un livre que vous ne lirez probablement à la plage cet été. Faut-il seulement se pencher sur cette littérature si singulière et difficile ? Oui, à condition de savoir où l’on met les pieds.

Pour la BD, c’est avec joie que l’on revient sur le cas de l’excellent Ed Piskor (que nous avions déjà évoqué cette saison). Le bédéaste de Pittsburgh revient avec la ferme intention de redonner du lustre hardcore à une industrie du comic book un peu trop propre sur elle à son goût, et témoigne de son amour pour le genre horrifique avec « Red Room », qui remet les snuff movies au goût du jour (pour de faux, hein), à l’heure du Dark Web… et ça défouraille. Merci au camarade Romain Sein pour cette indispensable découverte !!!

Le tout est sadiquement sulfaté à la zique la plus abrasive possible : le jeune quatuor du New Hampshire Magnatar, qui ouvrage un sludge extrêmement original, nous gratifie d’un premier album extraordinaire, « Crushed », dont est issu « Crown Of Thorns » ; le projet « indus qui tabasse » de Brandon Gallagher, Trace Amount, sort aussi son premier album, « Anti Body Language », et on en écoute le très bon « Tone And Tenor » (feat. Kanga) ; Whitehouse, le groupe de William Bennett auquel collabora Peter Sotos (pour la meilleure part de sa discographie), nous gratifie du tube Power Electronics « Wriggle Like A Fucking Eel », attention les oreilles ; enfin, pour terminer en beauté cette soirée glauquissime à souhait, on s’envoie un extrait de "Hidden History Of The Human Race (l’extrait en question se nomme en toute simplicité « Awakening from the Dream of Existence to the Multidimensional Nature of Our Reality (Mirror of the Soul) »), de Blood Incantation, grand espoir de la scène death metal et dignes héritiers à la fois du death old-school à la Morbid Angel et de la musique prog/psyché des années 70…!!

« Mystical pure white light
Vibratory hallucination
Glowing like a spore in the Cosmic Mind
Feast upon the flesh of the Gods of Time »

EPISODE 29 !!!

Hé bé. T’es dans le léger aujourd’hui.

Content de voir Blood Incantation. J’ai écouté cet album plusieurs fois par jour pendant quelques semaines.

Ah ça… Quand deux sujets sur trois se sont précisés dans mon esprit, je me suis dit : hey, pourquoi pas pousser un peu et faire une spéciale « glauque hardcore »…
Je découvre le Blood Incantation ces jours-ci quant à moi (j’ai même d’abord écouté le tout dernier, « Timewave Zero », qui tire vers la Kosmische Musik versant électronique ; on en écoutera un extrait d’ici la fin de la saison je pense), et cet album me bluffe, il est totalement phénoménal.

EPISODE 30 : Panique chez les Chevaliers d’émeraude !!

Antépénultième émission pour « Tumatxa! » cette saison. Au programme : des motards chevaleresques, détectives privés ripoux et détectives victoriens aux prises avec des créatures innommables et tentaculaires…!! Voilà qui promet.

Pour le cinéma, on se penche sur un film méconnu du regretté George A. Romero, le poignant « Knightriders » (1981), qui substituent aux chevaux des joutes médiévales d’antan de rutilantes motos. Et qui permet surtout à Romero d’évoquer l’évolution de la contre-culture américaine à travers le destin d’une communauté de rêveurs, et leur funeste confrontation aux années 80 naissantes. Pas de zombies à l’horizon et pourtant nous voilà bien en présence d’un des tout meilleurs films du cinéaste de Pittsburgh…!!

Pour la littérature, fêtons ensemble le retour du « Dog » en personne au sommaire de cette émission, avec « Panique Générale », dernier ouvrage en date du frappadingue James Ellroy. Si le roman semble dans un premier temps s’écarter du canon mis en place par l’auteur américain, on se retrouve quand même bien vite en territoire connu, dans le Los Angeles des années 50 aux moeurs dissolues et aux politiciens véreux, hanté par le spectre de ces femmes martyrisés dont l’évocation tourmente tant Ellroy. Le bougre continue à explorer les possibilités narratives de son style explosif à nul autre pareil, et ça fait du bien par où ça passe.

Pour la BD, c’est l’adaptation d’une incroyable nouvelle de Neil Gaiman qui nous occupe ce soir ; « Une étude en émeraude », adaptée au médium comic book par le brésilien Rafael Albuquerque , tente le pari a priori saugrenu de confronter Sherlock Holmes, le plus célèbre des détectives de fiction, au panthéon des Grands Anciens élaboré par H.P. Lovecraft… et contre toute attente, ça marche du feu de Dieu !!

Le tout est comme à l’habitude agrémenté de musique : pour commencer, hommage à Julee Cruise qui nous a quittés tout récemment, avec le morceau « She Would Die For Love », issu de son deuxième album « Voice Of Love » ; on fête ces jours-ci les trente ans du fameux « Angel Dust » de Faith No More, et c’est l’occasion pour nous de nous envoyer l’un des meilleurs morceaux de l’album, « Everything’s Ruined » ; le vétéran Rhys Fulber revient avec « Innovation Zero », dernier album de son projet solo Conjure One, dont est extrait l’excellent « Flood Tide » ; enfin, on termine avec l’épique « Love Exchange Failure » des ukrainiens de White Ward (issu de l’album du même nom), qui marient avec un certain culot le black métal le plus débridé à quelques touches « dark jazz » du meilleur effet…!!!

« And he spent himself
Would not listen to us
But when he lost his appetite
He lost his weight in friends »

EPISODE 30 !!

Ah, ça fait longtemps que je veux le voir celui-là mais je ne l’ai pas encore trouvé par mes moyens habituels (et je n’achète plus de DVD)…

Je ne sais pas du tout s’il est visible en VOD par exemple. Très bon cru ce Romero, en tout cas, un film très touchant et solaire…

Avec une apparition de Stephen King et de sa femme…

stephen-king-cameo-hoagie-man-knightriders-696x414

1 « J'aime »

Tout à fait, dans le rôle d’un couple de gros beaufs assumés… King a même quatre ou cinq répliques savoureuses.

Romero et King étaient devenus très potes à l’époque, depuis que Romero avait passé du temps à plancher sur « Les Vampires de Salem », même si c’est Tobe Hooper qui le fera au final (Romero souhaitait en faire un film et ne souhaitait pas en faire une mini-série en deux parties, ce que le projet deviendra au final). Leur relation amicale mènera à ce caméo, puis aussi et surtout à « Creepshow », puis à « La Part des ténèbres » une décennie plus tard.

Mon Dieu que j’adore cet album (malgré sa production effectivement). Je le connais plus que par coeur. C’est le premier album que j’ai acheté en CD.
Je ne m’en lasserai jamais. :heart_eyes::heart_eyes::heart_eyes:

Sinon, je suis passé en librairie cet après-midi pour acheter un cadeau et je n’ai pas résisté à l’envie de prendre « Une étude en émeraude ». Je n’ai pas encore écouté ta chronique mais le peu que j’ai vu m’a plu (peut-être trop même, ça frôle l’indigestion :sweat_smile:).
J’ai également commencé hier Everything. J’ai lu la première partie et j’adore.
Ce qui est marrant c’est qu’en écoutant ton émission, je me disais que le nom de INJ Culbard me parlait.
J’avais effectivement lu « Wild’s end » (dont les 2 premiers volumes ont été édités chez Kinaye) dans lequel il est au dessin dans un style différent (mais également rétro). C’est une revisite de « La guerre des mondes » et c’est vraiment excellent. Hélas, la série a peu marché et le 3eme tome est décalé à 2023… :sob:

1 « J'aime »

Ah moi j’ai usé la cassette à l’époque. (mon premier CD, et qu’est-ce que je l’ai usé aussi, c’était « …And Justice For All » de Metallica)

Tu me diras, mais perso je trouve la nouvelle (et son adaptation en BD par ricochet) sacrément ingénieuse. Gaiman m’a bien épaté sur ce coup : quelle fin brillante…
« Everything », ouais, incontestablement un des titres de l’année au rayon BD à ce stade en ce qui me concerne… Je prends note pour « Wild’s End » !!!

Et sinon, plus que deux émissions avant la fin de la saison les amis ! Avec une dernière émission un peu plus copieuse qu’à l’accoutumée, comme le veut la tradition…

J’ai lu quelques romans et novellas de Gaiman et je n’ai jamais été ultra enthousiaste. C’est bien mais pas transcendant. Du coup, j’ai lâché l’affaire…
Je préfère à chaque fois les adaptations. :sweat_smile:

Idem en ce qui me concerne, je le précise au début de ma chronique. Je trouve le Gaiman scénariste de BD infiniment plus pertinent que le Gaiman romancier. Cependant, je ferais une petite exception pour certaines de ses nouvelles, parfois brillantes (je pense à son recueil « Miroirs et fumées » notamment). Ici, c’est au point que je regrette de ne pas avoir lu la nouvelle (une de ses plus célébrées, qui lui a valu le prix Hugo de la meilleure nouvelle en 2004) avant de tomber sur cette adaptation.

Ouais, j’ai acheté « Everything » à cause de toi, d’ailleurs. Il est posé à coté de mon lit. A coté de « Strangehaven ».

Pas « à cause de », « grâce à » !! :wink:
« Strangehaven », voilà un truc que je lirais bien… ça existe en VF ou tu l’as en VO ?

Alors, les trois premiers volumes sont sortis en français chez Akileos. C’est le gros de l’histoire, je crois. Mais la reprise de la série au format épisodique dans le magazine de l’auteur, Meanwhile…, n’est pas encore traduite.

Le meilleur album de tous les temps ! J’ai découvert FNM avec King For A Day, je me suis de suite intéressé à ce groupe, et Angel Dust a changé ma vie (sans trop exagéré… Enfin… En y réfléchissant bien, non, je n’exagère pas ! :grin:) Je ne pensais pas que la musique, au même titre que le cinéma, pouvait à ce point influencer notre personnalité et nous définir… Complètement.

C’était le point « confession intime », je vous rends l’antenne.

2 « J'aime »

Tiens, d’ailleurs, rien à voir mais je viens de me rendre compte d’un truc. Tu n’as, à ma connaissance, jamais passé de Cabaret Voltaire dans Tumatxa! Ça me semble pourtant être tout à fait cohérent avec tes goûts, Photonik. Ça t’intéresse moins ? Ou c’est juste une omission ?

Ha ha !!
Comme tu le vois, tu n’es pas le seul ici pour qui cet album compte énormément ; c’est le bon endroit pour te confesser. :slight_smile:

Juste une omission, en effet ; et je te le confirme, je n’ai pas le moindre souvenir d’en avoir jamais diffusé en effet (même si j’ai par contre déjà passé du Chris Watson en solo, je crois bien). Le groupe, son histoire et son positionnement dans l’histoire du rock le plus en marge et le plus aventureux a tout pour m’intéresser, effectivement. Mais je dois dire aussi que j’en ai beaucoup moins écouté que du Throbbing Gristle, par exemple, pour faire le parallèle avec un projet comparable.
Une lacune à combler, incontestablement.
Voilà le genre de truc qui se rajoute à une liste de disques, livres ou films dont je me dis que je ne peux pas ne pas le traiter dans le contexte de l’émission ; dans le genre, faut à tout prix que j’aborde « Moonshadow », dont on avait parlé !!!

J’ai fini « Everything » et comme le conseille Aurélien Lemant en postface, je l’ai relu d’une traite (c’est juste la relecture qu’il conseille).
Ça vaut le coup pour éclaircir quelques points surtout pour se rendre compte du superbe travail réalisé sur l’utilisation des couleurs (particulièrement l’utilisation du orange et du bleu).
J’ai vraiment adoré, un de mes gros coups de coeur de 2022.