TUMATXA : L'ÉMISSION !

M’as-tu-vu, peut-être un peu, sur la partie flashback notamment (j’imagine que ce sont ces effets un peu clinquants que tu pointes), mais je la trouve surtout intéressante sur le plan purement théorique. L’idée notamment que la nature des images qui nous sont données à voir ne nous est jamais vraiment livrée clairement… Une belle illustration purement visuelle du concept du narrateur « non fiable ».
Pour une série télé (6 h de métrage environ) je trouve la tenue visuelle de haute volée, tout du long franchement.

Après, j’ai peut-être un biais : c’est la connection au giallo, un genre qui me passionne au-delà du raisonnable. Les renvois au genre que je pointe (le prénom Solange, le traitement graphique de la violence et du sexe, le titre même de la série, et j’en passe), c’était autant d’appeaux pour que je me jette là-dedans sans trop me poser de questions.
Est-ce un problème de ne pas connaître le genre en question pour apprécier (ou pas) la série ? Je ne le crois pas pour autant.
Mais ce que tu juges être des personnages-fonction, creux et peu développés, ce sont effectivement des persos assez caractéristiques du genre, qui sous l’impulsion des grands maîtres du genre (Bava, Argento) a plutôt développé des personnages de ce type, superficiels, creux (le générique de « Six femmes pour l’assassin » de Bava en est l’illustration la plus éclatante), voire antipathiques, et, comme le dit superbement Argento, « un peu abandonnés »… J’ai retrouvé ce feeling dans « Les Papillons Noirs », et ça m’a parlé.

Notamment, oui et puis un manque de belles images signifiantes passé les deux premiers episodes. Mais c est bien produit cela dit.

Et en effet sur le plan théorique jusqu’à une certaine substituion à un moment qui a son petit effet. Mais « sur le plan théorique », c est dire aussi en l occurence que sur le plan pratique, il n en font pas grand chose.

Ah d accord.

En l occurence, c est assez dommage alors parce que l histoire avait un fort potentiel, avec un ou deux episodes de plus, qui auraient permis de creuser les persos et de lier réellement la question du consentement, celle d avoir un enfant, la sexualité de solange, l amour passion du couple et les traumatismes de l ecrivain afin d en dire quelque chose, il y avait matière à ce que ce soit vraiment bon. Si en plus une idée de realisation avait su se faire l echo de ce propos, y avait une très belle oeuvre possible là.

Mais si je comprends bien, ce n aurait plus été alorsun giallo et ce n etait pas le but recherché.

De tout propos.

Clin d oeil.

Mais ce que tu dis modifie un peu ma vision de la série. Ne connaissant pas les codes du genre, il y a eu malentendu pour moi dans mes attentes à partir des premisses posées.

Ha ha ha ha !! Tu es impitoyable. Mais en même temps, plus sérieusement, il y a vraiment un peu de ça en fait.

Alors je ne sais pas si l’on peut dire que les auteurs des « Papillons Noirs » avaient carrément pour but de faire un giallo… Tutoyer le genre, en reprendre certains codes, oui, indéniablement (les indices de ça pullulent), mais faire un giallo stricto sensu, peut-être pas quand même ; ils n’en parlent pas tant que ça en entretien, sauf chez Mad Movies (car ils savent que là ils s’adressent aux amateurs de cinoche de genre).
Auquel cas, « l’excuse » de la fidélité aux tropes du genre est peut-être une vue de l’esprit de ma part.

Bon bah trouvé et commandé.

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EPISODE 11 : Le Temps des Agents de l’Enfer pourpre

Joyeux Noël, les amis, du fond du coeur !! Je n’en pense pas un traître mot, bien sûr, mais il fallait bien trouver une entame pour ce post… et vous annoncer la dernière émission de l’année 2022. Mais on se retrouve l’an prochain, hein !!

Cinéma, BD, littérature, musique, le tout plutôt très lié à l’actualité la plus brûlante : tel est le programme de « Tumatxa! » cette semaine.

Pour le cinéma, penchons-nous sur une des sorties salle les plus excitantes du moment, avec le dernier-né de la filmographie de l’excellent James Gray, « Armageddon Time ». En apparence, voilà un film bien moins épique et ambitieux que les deux précédents Gray, puisqu’il s’agit d’une modeste chronique familiale à forte teneur autobiographique. Mais quand on gratte un peu la surface, on découvre un métrage d’une richesse insoupçonnée, puissamment subversif. Décryptage.

Rayon BD, pour le plus grand plaisir des petits et des grands , le magicien punk de Liverpool John Constantine est de retour : en effet, Urban Comics poursuit sa politique de réédition de l’intégralité du titre mythique « Hellblazer », bijou des comics des 35 dernières années. Cette fois, c’est au tour de Paul Jenkins (qui débutait à l’époque) d’imprimer sa marque sur le titre, aux côtés de l’excellent Sean Phillips ; ça s’appelle « Paul Jenkins présente Hellblazer » vol. 1, et c’est un immanquable…

Pour la littérature, comme cela nous est arrivé par le passé, nous nous penchons sur le courant singulier de la weird fiction, à la faveur d’une double chronique : du côté « canal historique », on évoque « La Forêt Pourpre » (chez l’Arbre Vengeur) du grand Algernon Blackwood, qui nous emmène pour l’occasion trembler dans tous les sens du terme dans les grands espaces canadiens en compagnie du Wendigo et d’autres esprits plus ou moins bienveillante ; du coté de l’école « new weird », on se penche sur l’incroyable « Les Agents de Dreamland » de Caitlin R. Kiernan, sorte de crossover fantasmatique entre « X-Files » et du Lovecraft bien craspec.

Le tout es avantageusement garni de bonne zique, comme à l’accoutumée : Chino Moreno (Deftones) et Shaun Lopez (Far) unissent leurs forces dans le cadre de Crosses, dont l’EP « Permanent Radiant » vient de sortir après 8 ans de silence, et dont est issu le bien-nommé « Sensation » ; les allemands de Bunsenburner (ça c’est du nom) sortent l’album « Poise », sorte d’étonnant mélange entre du stoner instrumental et de l’ambient un peu plus barré, comme en atteste partiellement le puissant « Witchcraft » ; Justin Broadrick est toujours aussi occupé et entre autres choses il nous a pondu un nouvel album de son projet électro JK Flesh, « Sewer Bait », dont le surpuissant « Flushed Away » est extrait ; enfin, le projet Bong-Ra du néerlandais Jason Köhnen, après une phase breakcore, propose désormais une sorte de doom barré et audacieux (avec du sax, du oud, des cordes…) inspiré pour l’album « Meditations » des écrits du stoïcien Marc-Aurèle, comme le prouve « Temperance »…!!!

« Don’t wanna be here in the dark
But I believe I’ll always be
I opened the cage to my heart
I tried to see what’s in front of me »

EPISODE 11 !!!

Image Armageddon Time

Image Hellblazer

Image Blackwood

Image Dreamland

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Et le chapitrage qui va bien: 2022.12.14 - (2:35) Chino Moreno, Shaun Lopez, Crosses, (21:48) James Gray, Armageddon Time, (1:14:26) Bunsenburner, (1:24:51) Paul Jenkins présente Hellblazer, Sean Phillips, (2:00:41) Justin Broadrick, JK Flesh, (2:10:55) Algernon Blackwood, La Forêt Pourpre, Les Agents de Dreamland, Caitlin R. Kiernan, (2:48:31) Bong-Ra

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Cool, merci !!!

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Je l’ai pris récemment, mais bien entendu, il est sur une pile.

Jim

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Le genre de bouquin qui peut finir au pied du sapin…

Tori.

C est le hellblazer qui est sur ma pile.

Bien vu! Surtout que le dernier recueil de l’auteur chroniqué dans Tumatxa était "L’homme que les arbres aimaient " . :grin:
Il y a un truc… :thinking:

Tu compares ça à Hellblazer ? Intéressant.

On pourrait remarque, mais c etait pour ma part juste en lien avec le menu de l émission.

Ah … comme tu repondais à Jim.
Mais il est sorti quand le Jenkins ?

Y’a pas longtemps, fin du mois dernier si mes souvenirs sont bons…

Ah pinaise …

Week-end Tumatxa niveau BD en ce qui me concerne.
Je me suis enfilé les 3 tomes de Strangehaven et le Primordial.
Gros gros coup de coeur pour Strangehaven. J’ai eu un peu de mal avec les dessins au début mais la construction et les personnages sont topissimes.
Il me semble que tu n’as pas trop parlé de ce point mais j’ai beaucoup ri lors de cette lecture. Entre le côté parodique, les complots en carton et des personnages au passés totalement improbables, j’ai gloussé de nombreuses fois. Un grand merci pour cette découverte. J’attends impatiemment la suite et fin même si je sais pertinemment (et je l’espère en fait) que nous n’aurons quasiment aucune réponse.

Pour Primordial, c’est un peu différent. J’ai beaucoup aimé le travail de Sorrentino. Certaines planches sont vraiment magnifiques. Par contre, ça ne m’a pas touché du tout. Je n’ai eu aucune empathie pour les animaux (contrairement à Red Rover Charlie qui m’avait bien scotché sur ce point) et du coup, ça m’a paru très vain…

Oh oui, « Strangehaven » c’est très très drôle, en effet, à sa manière très particulière certes, mais assez irrésistible dans son genre. Et c’est vrai que je n’ai peut-être pas assez insisté sur ce point durant ma chronique… Pourtant, c’est toujours un tour de force d’arriver à marier plusieurs tonalités très diverses entre elles de manière fluide et cohérente (j’insistais là-dessus à l’occasion de je ne sais plus quelle chronique récent d’ailleurs, sûrement celle sur « La Neuvième Configuration », qui le fait très bien).
Bien content d’avoir attiré ton attention sur ce titre assez unique et complètement abouti dans son genre, et plus encore que cela t’ait parlé à ce point. :slight_smile:

Concernant « Primordial », pour diverses raisons j’imagine, je n’ai pas du tout le même ressenti que toi. Je soupçonne en partie que cela vient en partie d’un rapport particulier que j’entretiens avec la figure de Laika, qui m’émeut particulièrement ; j’aurais peut-être dû en parler durant ma chronique d’ailleurs, pour l’éclairer un peu. En CM1 ou CM2, on avait vu une photo de Laika dans un bouquin et l’instit’ nous avait précisé qu’elle n’avait pas survécu à son vol ; ça m’avait fendu le coeur à l’époque, sans doute parce que j’avais un chien en ce temps-là (et plus un seul depuis). Bon, ça peut paraître anecdotique et couillon même, mais je suis à peu près sûr que ça a joué dans mon appréciation du truc, du simple fait d’une des figures utilisées par Lemire.
Et pourtant, ceci étant posé, je trouve comme toi que Garth Ennis fait beaucoup mieux en matière « d’empathie animale » avec « Red Rover Charlie » (qui m’avait vraiment emballé), voire Grant Morrison avec « WE3 » (pourtant l’un de ses travaux les plus « simples »). Mais j’ai également beaucoup aimé dans « Primordial » la veine SF, entre les clins d’oeil à « 2001 » et l’utilisation très astucieuse à mon sens de l’astuce uchronique…

Nick Abadzis a fait un très chouette album sur ce personnage canin. Il lui invente une vie antérieure de chien errant et parvient, à mes yeux en tout cas, à augmenter le tragique de son destin tout en lui conférant une certaine gloire. Très chouette petit bouquin.

Jim

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Lui … je ne l’ai toujours pas lu.