TUMATXA : L'ÉMISSION !

D’habitude, c’est pas le cas ?

Bien sûr que si, mais il y a une gradation dans l’intéressant :grin: :

  • intéressant : pas prévu de l’acheter mais si je tombe dessus, je pourrais craquer,

  • super intéressant : probable que je le commande ou sûr de l’acheter si je le vois en librairie,

  • hyper intéressant : prends mon pognon et aboule la marchandise !!! :japanese_ogre:

Et en plus il me répond…

Que de retard de mon côté !

Ce serait très utile que, sur le site, il y ait le menu de chaque émission. Pour s y retrouver, ce serait bien pratique.

Si tu vas sur le premier message, tu as un lien Google Drive gèré par Ektah. Dessus, tu trouveras les liens de téléchargement ainsi que le programme. :wink:

Je réponds toujours aux personnes qui ont une mitrailleuse entre les mains! :astonished:

C’est surfait, tu sais.

Genial !

Merci beaucoup

Et merci @Ektah

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Moi aussi je le mets très haut (vraiment très très haut). Et Pierre Déléage aussi : l’intérêt et l’objectif de son essai est précisément de donner toute son ampleur à la pensée de Dick, de lui conférer (s’il le fallait) une légitimité en tant que pur penseur. Sans être philosophe, Dick s’élève par sa prose au rang de métaphysicien, et parmi les plus puissants de ces 50 ou 60 dernières années…
Et en même temps (et je retombe sur mes pattes par rapport à ce que tu en dis toi-même), il n’est absolument pas aveugle aux défauts de Dick en tant que littérateur. Il les souligne, même. Oui, comme le savent les « gros » lecteurs de Dick (ceux qui ont lu, disons, 15 ou 20 de ses romans), les romans du maître ne sont pas exempts de défauts notamment stylistiques, ce qui peut en partie s’expliquer par le temps d’écriture consacré à chacun de ses textes (deux mois pour un roman, en gros…). Déléage souligne qu’il faut passer par-dessus ces défauts pour goûter à la quintessence de ses concepts, et c’est très intéressant.

…et j’en profite pour remettre le lien vers le drive d’Ektah (que je ne remercierai jamais assez pour son initiative) :
https://drive.google.com/drive/folders/0BzIvDJWF_DWaNUxPNHFoZTZJN0k?resourcekey=0-VnHwBFntQKmtVFxE-9HtOw

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@Ektah, je crois que dans le google drive, il manque l emission en date du 2023/03/29, non ?

Celle sur le livre de tarantino et avec le Ronin de Miller.

Ah oui, tiens, c’est bizarre. J’étais sûr de l’avoir mis. Le transfert a dû échouer. Je le remets. Merci pour l’info

Voilà, c’est modifié

Je vais vérifier s’il en manque d’autres

Je viens d ecouter la partie sur X-Static.

Je n avais pas pensé à cette inversion de la célèbre maxime « defendre un monde qui les hait. » devenant « se foutre de sauver un monde qui les adore ».

Milligan en profite pour mener en filigrane une réflexion sur la célébrité, via sa représentation par le statut de mutant, ce qui permet de pointer une ambivalence de la part du public dans l adulation des stars.

En effet, milligan fait dire plus d une fois par ses personnages que si les membres d X-Static peuvent être à la fois mutants haïs et des stars adorées, l opposition n est qu apparante, puisque les membres d x-static ne cessent de mourir de mort violente. Et Milligan de souligner que ce n est que parce qu ils meurent ainsi régulièrement que le public peut se permettre d aimer des mutants, pointant ainsi le desir de mort qui accompagne la starification.
Un desir de mort propre à la starification elle-même, puisqu elle concerne le public comme les stars, qui ici s averent elle même suicidaires, notamment de façon la plus explicite avec le personnage d orphan.

Ainsi par le simple simple jeu de déplacement qu entraîne la représentation, ici du statut de mutant comme metaphore de la célébrité, c est tout un propos assez fin qui s elabore d emblée et que Milligan sait deployer. C est très élégant.

Je reviens tout à l heure pour poursuivre un peu le propos.

Merci beaucoup.

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X-static propose donc un renversement du principe des x men. De craint à adoré, de super heros à célébrités égoïstes. Un véritable renversement des valeurs, mais qui laisse inchangée la haine portée aux mutants et qui fait le sous-texte de Milligan sur la célébrité dont il devoile ici la pulsion de mort qui l habite.

Chez celui qui se veut ou se reve star comme chez le public, c est un desir de mort qui les réunit jusqu à s incarner entièrement dans le personnages de dead girl, morte vivante pouvant ainsi se livrer entièrement au regard avide et fatal du public.

Elegance de la construction metaphorique donc qui repose sur l articulation entre un renversement des valeurs qui n entame pas la haine et le desir de mort seul point fixe autour duquel le renversement a lieu. On pourrait dire même plus, le renversement des valeurs permet à la haine de s exprimer d autant plus librement qu elle porte désormais le masque de l adoration.

Nous arrivons donc là à la construction freudienne du symptome comme retour du refoulé. La haine refoulée et son retour sous la forme masquée de l adoration sont une seule et même chose, le refoulé etant finalement le masque.

Les habitués de l emission reconnaitront ici une thématique, celle du carnaval, qui est au coeur de la pensée et des analyses de Pacôme Thiellement.

Si je n ai toujours pas lu Pacôme, j ai eu le plaisir d ecouter toutes ces itw par photonik, et les divers commentaires de ce dernier des livres de l auteur. Grace à l emission, j ai été amené à decouvrir ses emissions tres intéressantes sur Blast et au final sans l avoir lu à me familiariser avec la pensée de Pacôme Thiellement.

Dans cette dernière, le renversement des valeurs du carnaval tient une place prépondérante.

En effet, Pacôme Thiellement dessine une modernité qui fait coupure dans l histoire d avoir évacué la possibilité de l espace du carnaval.

C est une coupure relative puisque la pré modernité ne se constitue pas par l espace carnavalesque lui même, celui ci etant notamment rattaché au catharisme et à la gnose.

Disons que pour hérétique qu il ait été aux yeux du catholicisme l espace carnavalesque etait encore possible avant la modernité et la science.

En terme psy, nous dirions que là où le carnaval etait refoulé, il est désormais forclos dans la modernité.

Pacôme Thiellement développe donc une pensée singulière de la modernité qui n est pas sans risque puisqu elle rejoint celle des antimodernes sur bien des points pour s en distinguer sur d autres. Sur un plan politique, c est donc une position risquée, puisque repose sur la force de la conception du carnaval le fait de se distinguer de la critique par exemple maurassienne de la modernité.

Là où mauras accuse la modernité d avoir coupé les racines identitaires traditionnelles, Thiellement accuse la modernité d avoir rendu impossible leur subversion par la forme carnavalesque.

Le carnaval est donc un concept absolument central de la pensée de Thiellement et s il devait vasciller, les conséquences politiques sur le plan de l analyse seraient donc enormes puisque rien ne distinguerait plus la construction théorique de Thiellement de celle d un Mauras.

Dans les faits, cela ne risque pas puisque les livres de Thiellement existent et n ont pas le moindre rapport ni de près ni de loin avec le Maurassisme. Mais sur un plan théorique, c est autre chose. La critique feroce de la modernité a une histoire, théorique comme politique, qui a creusé des sillons profonds dans notre culture et il est difficile de s en extraire et de ne pas suivre le sillon où il meme.

Le carnaval et le renversement des valeurs qu il entraine est donc pour Pacôme Thiellement à la fois un espace essentiel pour la subjectivité humaine, c est le lieu où la vie psychique trouve sa force, le carnaval pour Pacôme est également un lien social, comme il le développe dans son analyse de freaks, un lien social qui ne mobilise pas la norme pour s etablir, le carnaval debouche enfin sur une théorie de la connaissance, là où Pacôme le ratache à la gnose et là où le renversement des valeurs fait apparaître la fiction des valeurs et l absence de la norme.

Si la gnose est si essentielle pour Pacôme, c est parce que dans un monde où chaque valeur peut et quelque part doit se renverser, alors il n y a pas de point fixe autour duquel un savoir peut se constituer. Dès lors le savoir prend la forme d une autre figure importante dans les analyses de Pacôme, une figure qui est une forme, celle du labyrinthe.

Il serait très intéressant d entendre Pacôme sur X-Static puisqu à bien des égards x-static est une carnavalisation des x men ce qui devrait l inspirer. Mais ce ne serait pas sans lui poser quelque difficultés non plus puisque d un x static demontre que la forme carnavalesque est tout à fait possible dans la modernité mais qu elle est loin d etre la panacé qu y voit Pacôme et de deux, Milligan montre que loin d être total le renversement des valeurs revele un point fixe et non un labryrinthe, celui de la haine et du desir de mort.

Cela me fait penser à une anecdocte. Assistant à l enregistrement d un plateau de canal + où une célébrité se faisait malmener, un intellectuel confiait son apprehension à un des cameramen. L intellectuel se demandait ce qui pouvait pousser les célébrités à accepter pareil traitément. Le cameraman lui repondit que tout cela etait un jeu et pragmatique il en livrait la raison : comme ça le peuple se dit qu il ne fait pas bon de prendre la place des stars et des elites.

Voilà une utilisation du carnaval à laquelle n avait peut etre pas pensé Pacôme.

Comme d’habitude, ce que tu dis là est très intéressant… Notamment l’idée de la pulsion de mort qui est liée à la star (pulsion « interne », comme l’Orphelin de « X-Statix » qui joue à la roulette russe tous les soirs, mais aussi pulsion « externe », quand le public ne souhaite rien tant que de retourner son adoration en une sorte de désir de meurtre). Le rattachement au Carnaval me paraît évidemment très intéressant.

Tu n’es pas le premier à pointer cette possible « connivence » entre une pensée anti-moderne assez rance et les positions d’un Pacôme Thiellement : il y a quelques années, j’avais organisé dans le cadre des soirées de notre revue « Hau » (animée par quelques amis chez moi en Soule) une conférence avec Pacôme, qui portait sur la figure de Frank Zappa et son rapport avec les procédures carnavalesques. Absolument passionnant. Au moment des questions/réponses après son exposé, un militant « gauchiste » (philosophe de formation et poète, Yves Cossic, auteur de plusieurs ouvrages et enseignant) lui était gentiment rentré dedans en évoquant son recours à la pensée de René Guénon, érudit chantre de la Tradition primordiale et spécialiste de l’Islam. Pacôme s’en était bien sorti en relevant que ce n’était pas là la première fois que le reproche lui était adressé, mais qu’il essayait précisément de « gauchiser » Guénon, comme on disait que Deleuze essayait de « gauchiser » Nietzsche.

Au-delà de cette anecdote, j’imagine qu’il y a là une voie à creuser qui dépasserait le clivage très questionnable finalement entre anti-modernité et progressisme.

Sur la question du gnosticisme, son lien au Carnaval et de manière générale le processus de renversement des hiérarchies (car tu as bien saisi que c’est ça qui gît au coeur de la pensée de Pacôme), si je ne suis pas en mesure faute de billes d’effectuer le rabattement que tu opères sur le champ psychanalytique, je te conseillerais bien de jeter un oeil à ce qu’en dit Claude Gaignebet, décédé il y a une dizaine d’années, plus grande sommité connue sur la question du Carnaval (il était intarissable sur les Mascarades par exemple) et grand inspirateur de Pacôme, qui le cite d’ailleurs dans la vidéo sur « Freaks ».

Pour raccrocher les wagons avec la thématique super-héroïque et sa subversion par Milligan, je me permets d’ailleurs de mettre l’extrait ci-dessous sur la question du Masque, que je trouve absolument passionnant :

https://www.canal-u.tv/chaines/sec/techniques-et-applications/le-masque-en-europe-occidentale-2002

Il y a ce bon livre :
Les-Antimodernes

Petit résumé ici :

Thèse qui fonctionne concernant la littérature, beaucoup beaucoup moins concernant la politique.

Lacan a fait de la masquarade un concept egalement, concept clinique bien sur le concernant.

Il parle de masquarade feminine notamment, si importante pour introduire le bebe et l enfant à l usage des signifiants.

J’ai suivi ton lien, et ça m’a l’air sacrément intéressant en effet ; à checker…