EPISODE 8 : Laura, la cible humaine à Babylone
Cette semaine dans « Tumatxa! », nous allons nous intéresser à la figure du détective, un peu dans tous ses états à travers les chroniques qui vont nous occuper. Archétypale, parodiée ou encore malaxée à d’autres figures iconiques de la pop culture, c’est elle qui est le fil rouge de l’émission ce soir…
Cinéma, littérature, BD, musique : vous connaissez la formule, je n’insiste donc pas.
Pour le cinéma, retour sur un classique inoxydable du septième art, avec l’évocation du fameux « Laura » (1944) d’Otto Preminger. Exemple précoce dans l’histoire du cinéma de film obsessionnel (obsession qui taraude tant les personnages du film que les spectateurs eux-mêmes), « Laura » est à la croisée des chemins du film noir et du gothique féminin à la « Rebecca ». Un film d’une simplicité désarmante en apparence, mais d’une subtilité et d’une profondeur thématique à donner le tournis. Et Gene Tierney est à se damner…
Pour la littérature, chose promise chose due, avec l’évocation du corpus de Richard Brautigan, que nous avions déjà abordé en fin de saison dernière. « Un privé à Babylone » est encore plus jouissif que les précédents romans de Brautigan examinés par nos soins : déconstruction du récit « noir » à la mode californienne, le roman met en scène l’inénarrable C. Card, détective privé « born to lose » qui doit certainement beaucoup à son auteur, et qui possède la faculté de s’égarer dans des rêveries épiques, ce qui complique considérablement son minable quotidien. Malin et absolument hilarant, « Un privé à Babylone » est proprement irrésistible.
Pour la BD, on évoque une sortie toute récente, en l’occurrence le « Human Target » de Tom King et Greg Smallwood. Sorte de détective / garde du corps / espion kamikaze, Christopher Chance alias la Cible Humaine a la faculté de revêtir l’identité de ses clients, cibles potentielles de tentatives d’assassinats diverses et variées, et concrètement de prendre des pruneaux à leur place, avant d’aller enquêter pour confondre les malandrins en question. Un concept en or (jadis magnifié par l’extraordinaire Peter Milligan) mais pas forcément ultra-bien exploité par Tom King, même si son récit ne manque pas d’atouts à faire valoir par ailleurs. Mais par contre, quel régal pour les mirettes !!! Greg Smallwood réalise ici un travail extraordinaire.
Le tout est saupoudré de bonne zique comme de coutume : Eric Clayton (chanteur de Saviour Machine) survole l’album « A Thousand Scars » de sa voix magnifique et puissante, comme en atteste le ténébreux « Revelation Mine » ; Croatian Amor alias le danois Loke Rahbek rend hommage à son frère disparu via l’album « A Part Of You In Everything », qui s’ouvre sur le beau « My Brother (Is A Star) » ; le trio allemand Zahn vient de pondre un splendide deuxième album, « Adria », entre post-rock, krautrock, synth wave et que sais-je encore, et du coup on écoute « Velour », qui en est extrait ; enfin, le norvégien Hoest est de retour avec son projet Taake (black metal canal historique) et l’album « Et Hav Av Avstand », qui se conclue sur l’épique et furieux « Et Uhyre Av En Kniv »…!!
« Inside my possessions
Are all my obsessions, alive
This is not my crime…
This is my confession… »
EPISODE 8 !!!