Au Royaume-Uni, la fête du travail n’est pas célébrée le 1er mai, mais le premier lundi de mai. Ou, du moins, c’est ce jour-là qui est férié (et leur assure tous les ans un week-end de trois jours).
Tori.
Au Royaume-Uni, la fête du travail n’est pas célébrée le 1er mai, mais le premier lundi de mai. Ou, du moins, c’est ce jour-là qui est férié (et leur assure tous les ans un week-end de trois jours).
Tori.
Il doit y avoir des considérations qui m’échappent, alors, mais, en tout cas, dans l’entretien, Mark Jenkin fait le lien entre May Day et la Fête du Travail.
Pour le citer, « When I first went to London on May Day, I was thinking in terms of the vocal traditions and then, I ended up going down to Trafalgar Square, and seeing the big unions marching. And it all makes sense, and it all fits together. So yes, the link to May Day is something that gets deeper and deeper the more people talk about it. »
Ceci dit, ça ne serait pas surprenant que la tradition des syndicats et celle commémorée par le calendrier diffère en partie
Ben écoute, j’étais justement à Londres mercredi (j’y suis arrivé le 29, et en suis parti le 2)… Et je n’ai pas vu les syndicats dans la rue (et pourtant, c’est justement le 1er mai qu’on a arpenté les rues du côté de Piccadilly Circus et de Trafalgar Square).
Mais peut-être que ça n’a pas toujours été fixé au premier lundi de mai et que c’était autrefois bien le 1er mai.
Tori.
Bah, je sais pas. Il est tout à fait possible que, dans un pays où la tradition de la manifestation est moins implantée qu’en France, la pandémie ait eu raison du rassemblement, au moins pour le moment.
Mais, au moins, dans le cadre des films de Jenkin, lui fait ce lien, en tout cas, et ça me semble être une clé interprétative pour « Bait » et « Enys Men »
Possible.
Possible aussi que le May Day dont il parle soit le premier lundi de mai (ou que, l’année en question, le 1er mai ait été un lundi).
Tori.
Alors, je sais que May Day est bien le nom donné au 1er Mai, aka. Beltaine, dans le cadre folklorique. Mais il est possible que le terme ait un autre sens dans le cadre des luttes sociales, ce qui pourrait aussi expliquer le fait que Jenkin fasse le lien entre les deux.
Ou alors, il aura juste fait un raccourci lors de l’interview pour passer directement à son sujet
Wow !! En anglais ?
Oui, à fond, c’est complètement assumé. Même au temps de Neurosis (puisqu’il semble qu’il faille en parler au passé, de ce groupe) avec la pochette de « Souls At Zero », de mémoire, qui reprend une image emblématique de « The Wicker Man » (et par ailleurs, le groupe a aussi rendu hommage à un autre classique du cinéma britannique bizarre avec « Altered States » de Ken Russell, qui a aussi infusé le corpus de Godflesh). Il est toujours à fond dedans et déclare s’intéresser au lore européen pré-chrétien, même si je pense qu’il a le même intérêt pour son équivalent améridien.
Après vérification, c’est bien « Souls At Zero » :
Oui, j’ai vu ça, et il est sacrément élogieux le bougre. Je suis généralement attentif aux prescriptions de Kermode, car même si je n’ai jamais été bluffé par ses analyses à proprement parler (mais je le vois sur Youtube sur des chroniques assez brèves, ceci explique cela), j’ai constaté que j’avais bien des goûts en commun avec lui, que ce soit sur les actus ou sur le « patrimonial ».
Oui, moi aussi, ça a l’air hyper bien, quoique bien plus aride visuellement qu’« Enys Men », avec son noir et blanc charbonneux et granuleux (qui a l’air très beau dans son genre, ceci dit)
Oui, j’oriente un peu ma chronique en ce sens. Et si le filtre politique dans « Enys Men » est plus abstrait et atmosphérique, il a l’air très concret dans « Bait », à ce que j’ai compris. Je vais pas tarder à le voir, je pense ; comme toi, je pense que Jenkin a le potentiel de réaliser de grandes choses à l’avenir, s’il ne se « dilue pas dans le système », comme Wheatley, hélas.
Pour ses influences, « Onibaba » et surtout « Le Cri du Sorcier » (ce chef-d’oeuvre trop rarement cité), oui, ça fait sens.
Un peu de teasing… Cette semaine, si nous n’allons pas parler de folk horror à proprement parler, on va quand même pas mal tourner autour de ces thématiques : en effet, on va parler d’Arthur Machen, qui n’est jamais très loin quand on évoque tout ça.
.
Oui, c’est le point qui me fait peur. J’ai beau avoir un bon niveau en anglais, écrire un article intéressant et agréable à lire, le tout dans une autre langue, c’est pas simple. Enfin, j’ai quand même envie d’essayer et les gens de Hwaet! m’ont donné le feu vert. On verra si j’y arrive. Sinon, tant pis. En vrai, je pense un peu à lancer un zine pour y mettre mes écrits, et ceux de qui voudraient se lancer là-dedans. Juste un projet, pour l’instant. Très attaché au format fanzine. Ca fait longtemps que je n’ai pas collaboré à ce genre de projet. Bien envie de replonger là-dedans
Bah oui, et c’est tellement raccord dans l’esprit je trouve avec ce type de thématiques… Il y a un enracinement local avec le fanzine (même si par ailleurs il peut rayonner plus loin voire à l’étranger) qui résonne avec l’idée de « genius loci » propre à tout ça ; il y contribue et le façonne même…
J’ai la nostalgie d’un fanzine que nous faisions avec des amis il y a des années, dans un registre plus politico-trash-comique, et qui était tellement le fruit de « l’esprit local » (la Soule, en l’occurrence) que je pense qu’il était en grande partie parfaitement incompréhensible pour qui ne vivait pas là. Et ça me plaît assez, en fait.
Oui, ça n’est pas simple mais ceci dit je pense que ça l’est peut-être un peu plus en anglais que dans d’autres langues. Si l’anglais est très difficile à maîtriser à un niveau soutenu, c’est quand même une langue dans laquelle il est très facile de se faire comprendre. Bon, un texte un peu ambitieux, bien sûr, c’est une autre paire de manches que de demander son chemin dans la rue… ^^ Mais je suis sûr que tu vas t’en sortir comme un chef.
EPISODE 26 : La colline du Rider qui reste assis
C’est le grand écart cette semaine dans « Tumatxa! »… On aborde des sujets graves, pesants mais aussi des trucs beaucoup plus légers voire qui inciteraient à la grosse déconne. Que voulez-vous, on est comme ça ici.
Cinéma (pour une séance de rattrapage), littérature (un gros dossier aujourd’hui), BD (bien barrée) : telle est le programme de la semaine, qu’on se le dise haut et fort.
Pour le cinéma, faisant fi de l’actualité comme il fait savoir le faire parfois, nous revenons sur un monument trop peu célébré, le gigantesque (dans tous les sens du terme) « An Elephant Sitting Still » (2018) de Hu Bo. Il est évidemment très difficile de faire abstraction en abordant cette fresque à la fois intimiste et épique (3 h 54 au compteur quand même) du destin tragique de son auteur, qui s’est donné la mort en 2017 sitôt bouclée la post-production ce ce qui restera son seul et unique long-métrage… Et quel long-métrage !! Hu Bo a été à bonne école (son mentor fut Béla Tarr) mais quand même : quelle maîtrise de la mise en scène, d’entrée de jeu… et quel film poignant au possible.
Pour la littérature, on aborde du lourd, avec quelques textes fondamentaux du corpus de l’immense Arthur Machen, gallois exilé à Londres et figure tutélaire de bien des courants de la littérature fantastique (il fut notamment un inspirateur direct de Lovecraft, entre autres). Ces textes sont compilés dans le massif « La Colline des rêves et autres récits fantastiques », qui en 500 pages denses comme c’est pas permis, compile 5 textes, courts romans ou nouvelles, dont le sublime roman qui donne son nom au recueil, entre autres merveilles. On aura l’occasion de revenir dans quelques mois sur l’oeuvre extraordinaire de Machen !!
Pour la BD, optons pour quelque chose de volontiers plus léger, voire planant, avec le recueil de récits (très) courts « Dope Rider : Pour une poignée de délires », signé par l’excellent Paul Kirchner. Initialement parues dans la revue « High Times » entre le milieu des années 70 et la fin des années 2010, les planches qui nous occupent ici, toutes plus sublimes les unes que les autres, mettent en scène le Dope Rider, cow-boy squelettique très débonnaire et adorateur de la ganja, toujours un spliff au bec… Célébration de la « drug culture » haschichine à l’américaine ? N’aurait-on pas là plutôt à faire à sa parfaite mise en boîte ? Léger voire planant, mais très beau, et fabuleusement traduit par l’excellent Patrick Marcel.
Le tout est comme d’habitude encadré de près par de la bonne zique groovy, man : John Carpenter et ses acolytes Cody Carpenter et Daniel Davies sont de retour pour « Lost Themes IV : Noir », et on en écoute l’inaugural « My Name Is Death » ; l’irlandaise Hilary Woods sort un étonnant troisième album de pur drone/ambient, « Acts Of Light », dont est extrait le beau « Where The Bough Has Broken » ; les australiens de Sleepmakeswaves reviennent avec un excellent cinquième album de post-rock survitaminé et roboratif, dont est issu le puissant « All Hail Skull » ; enfin, on termine en beauté en revenant sur le chef-d’oeuvre du projet de black metal primitif Paysage d’Hiver, « Im Wald », dont on écoute « Weiter, immer, weiter »…!!!
« Ich gehe weiter, weiter, weiter
Ich gehe immer weiter, immer weiter, weiter, weiter
Ich gehe immer weiter
In die weite Kälte »
2024.05.15 - (1:59) John Carpenter, Cody Carpenter, Daniel Davies, (23:09) An Elephant Sitting Still, Hu Bo, (1:12: 20) Hilary Woods, (1:21:08) Arthur Machen, La Colline des rêves et autres récits fantastiques, (2:17:43) Sleepmakeswaves, (2:25:32) Paul Kirchner, Dope Rider : Pour une poignée de délires, (3:04:43) Paysage d’Hiver
Merci !!! ^^
EPISODE 27 : Malheur maximal sur la Vallée de la Fièvre nocturne !!
On s’approche doucement mais sûrement de la fin de cette saison de « Tumatxa! », mais que Dieu et tous ses saints soient loués, il nous reste quand même quelques épisodes à mettre en boîte. Joie dans vos coeurs, et le mien, à l’unisson.
Programme classique, mais solide, cette semaine : cinéma, littérature, BD, musique… que demande le peuple ? Du pain et des jeux, certes.
Pour le cinéma, on se penche à nouveau (après l’avoir déjà évoqué à quelques reprises par le passé) sur le cinéma du frappadingue et regretté Ken Russell, dont une part du corpus fut consacrée à des biopics d’artistes, et notamment de musiciens classiques, aussi barrés que leur géniteur. Et puisqu’il vient de sortir en DVD/Blu-Ray chez BHQL, profitons-en pour décortiquer son « Mahler » (1974), qui comme son titre l’indique est consacré à la vie et l’oeuvre (et l’intrication des deux) de Gustav Mahler (1860-1911), sa relation avec son épouse Alma, son enfance, sa conversion forcée au catholicisme… Un biopic d’un musicien classique est forcément chiant et pontifiant, me direz-vous ? Détrompez-vous : « Mahler », comme tout film de Ken Russell qui se respecte, est fait de bruit et de fureur, de plans hallucinants, de séquences dingues, de feu et de stupre. A découvrir si ce n’est déjà fait !!
Pour la littérature, nous nous penchons pour la première fois (et c’est pas trop tôt) sur le travail d’Alain Damasio, probablement l’auteur de SF français le plus « important » du moment. Point de romans-fleuve genre « La Horde du Contrevent » ou « Les Furtifs » au menu, mais une fabuleuse collection d’essais (complétée d’une nouvelle inédite), « Vallée du Silicium », fruit d’une résidence de l’auteur à la Villa Albertine, aux Etats-Unis. Damasio, dans une approche technocritique rigoureuse, s’approche de la Silicon Valley, berceau du futur de l’humanité pour le meilleur et surtout pour le pire, et en tire des méditations fascinantes sur l’impact des technologies de pointe sur nos vie, le tout en s’appuyant entre autres sur l’oeuvre de Baudrillard ou Deleuze. Passionnant !!!
Pour la BD, ce soir c’est double rasade : dans un premier temps, nous évoquons l’un des tout derniers travaux en date du tandem Ed Brubaker/Sean Phillips, les rois de la « crime fiction » en comic book, à savoir le fabuleux « Night Fever », dans lequel un quidam bossant dans l’édition à la fin des années 70 se retrouve plongé dans des cercles interlopes, et se sent revivre à nouveau, le polisson ; Brubaker et Phillips renouvellent ici avec bonheur leur formule polardeuse désormais bien rodée. Dans un deuxième temps, parce qu’il le vaut bien, nous revenons sur le titre « The Maxx », le bébé de Sam Kieth, dont le troisième tome vient de sortir en VF ; bijou atypique des années 90, narrant les aventures bizarres d’une sorte de justicier SDF (le Maxx) et de son assistante sociale (Julie Winters, véritable personnage principal du récit), « The Maxx » est toujours aussi étrange et mélancolique mais encore plus beau sur le plan graphique.
Le tout est bien entendu mis en musique, comme il se doit : Beth Gibbons (Portishead) vient de sortir son premier album solo, le superbe « Lives Outgrown », et on en écoute le beau « Lost Changes » ; Fabio Frizzi nous régale d’un extrait de l’un de ses travaux les plus fameux pour le compte du poète du macabre Lucio Fulci, avec « Sequenza Ritmica A Tema », issu de la BO de « L’Au-delà » ; Hum se rappelle à notre bon souvenir avec « Stars », joyau de son répertoire des années 90 extrait de l’album « You’d Prefer An Astronaut » ; enfin, les impressionnants post-métalleux anglais de Bossk reviennent avec une sorte de compilation/EP qui contient le titanesque « Events Occur In Real Time »…!!!
« Hey, you over there
Change your heart instead of stare
Feel alive, hold your own
Forever ends, you will grow old »
Petit retour sur l’émission précédente, c’était cool de finir par un extrait d’ Im wald de Paysage d’Hiver. Découvert grâce à toi et qui est un des seuls albums de black « récent » que j’écoute régulièrement. J’adore le son dégueulasse et ces sortes de sifflements qui font penser qu’on écoute ça au milieu d’une grosse tempête hivernale.
Concernant la nouvelle émission, je garde une préférence pour « Out of Season ». Je l’ai beaucoup écouté et je le ressors de temps en temps, toujours avec plaisir. A voir si ce premier album solo de Beth Gibbons est un « grower ».
Pour le volet littérature, j’ai « Vallée de Silicium » au pied de mon lit qui attend que j’ai fini « Katie ». Il me reste 80 pages, ça devrait être torché ce soir.
Pour revenir à celui-ci, je reste un peu mitigé (comme pour « Les Aiguilles d’Or »). C’est un super page-turner, l’écriture est ultra limpide mais il me manque un truc… Vite lu, vite oublié à mon avis.
Deuxième plutôt, il me semble.
Non sur le précédent (Out of Season), elle était en duo avec Rustin Man.
Je t’avoue que je le considérais également comme un album solo avant de lire ses récents interviews.
Il faut être précis !
Diable. Mais sur le CD, c’est indiqué qui ?
Ah nom de zeus. Mon mp3 m’a trompé.