TUMATXA : L'ÉMISSION !

Oui, je me suis rendu compte de mon erreur après ma chronique, et je la corrige dans mon petit texte de présentation du sommaire. J’aurais dû vérifier !!

EPISODE 17 : Le chef lumineux en orbite florale

Je sais pas chez vous mais il fait un temps pas terrible… mais voilà qu’un rayon de soleil vient illuminer ma journée, et le vôtre aussi bien sûr : voici en effet la dernière livraison hebdomadaire de « Tumatxa! », votre émission radiophonique préférée. Après l’émission spéciale BD de la semaine dernière, retour à la formule classique, avec quand même une double rasade de cinoche. Le tout en musique, bien chelou et inquiétante aujourd’hui !!!

Pour le cinéma, ce sont donc deux films qui nous occupent aujourd’hui, en l’occurrence les deux premiers longs du très doué Brady Corbet, « child actor » devenu cinéaste, qui fait aujourd’hui les choux gras de la presse ciné avec son dernier film, le très attendu « The Brutalist » ; on se penche donc aujourd’hui sur « L’enfance d’un chef » (2015) et « Vox Lux » (2018), excellents premiers essais révélant effectivement un sacré potentiel pour un jeune cinéaste de 25 balais seulement au moment d’appeler son premier long. Celui-ci est l’adaptation très libre d’une nouvelle de Jean-Paul Sartre, datée de 1939, et comme son nom l’indique retrace une période particulière de l’enfance d’un futur dictateur fasciste en puissance (fictif, précisons-le). Porté par l’extraordinaire score de l’immense Scott Walker, le film est extrêmement original… tout comme « Vox Lux », le deuxième Corbet, qui se penche quant à lui sur le destin d’une pop-star (tout aussi fictive) dont l’essor semble lié mystérieusement à des tueries de masse et des attentats terroristes. Etrange, non ? J’ai l’impression qu’il y a déjà un retour de bâton critique à l’oeuvre en ce jour de sortie de « The Brutalist », quelques journalistes en vue semblant clamer « don’t believe the hype » (et pourquoi pas, c’est souvent de bon conseil) mais ont-ils seulement vu les deux premiers films de Corbet ? Je ne crois pas, ils n’en parlent pas en tout cas. Dommage, ils y auraient peut-être vu quelques audaces formelles et un fil thématique déjà en germe, passionnant et quelque peu cryptique, certes. Bref, un réal’ à suivre, quoi qu’il en soit !!!

Pour la littérature, nous abordons pour la première fois le travail de la romancière anglaise Samantha Harvey (également professeure de « creative writing » de son état), en l’occurrence le très beau et atmosphérique « Orbital ». Traduit par Claro (une valeur sûre), le roman nous invite dans une station spatiale et nous projette dans le cosmos, mais attention !! Harvey nous prévient : point de science-fiction ici. Au contraire, le travail de documentation pointu auquel s’est livrée Harvey confère au livre une sorte de patine documentaire passionnante. Et quand bien même nous avons ici à faire à de la littérature « générale », il n’empêche qu’Harvey profite quand même de son décorum hors-normes pour produire du « sense of wonder », et pas qu’un peu. Ajoutons à ce beau tableau (on y parle aussi des « Ménines » de Vélasquez, sans mauvais jeu de mots) une profondeur thématique insondable (la vie, la mort, Dieu, la Terre, l’univers, le climat, l’amour, les chiens, et j’en passe) et vous comprendrez que l’on tient un bref mais superbe roman… qui est à peine un roman en fait, tant le récit n’en est pas vraiment un. Une franche réussite en tout cas.

Pour la BD, abordons pour la première fois et pas la dernière les corpus respectifs de Matt Kindt et Matt Lesniewski ; tous deux aussi bien scénaristes que dessinateurs, ils allient ici leurs forces pour nous donner le titre « Crimson Flower », où Kindt officie au scénar’ et Lesniewski aux dessins. Le récit s’attache à une mystérieuse héroîne russe, figure vengeresse qui traque impitoyablement des assassins dans l’espoir de retrouver celui qui a tué son père ; particularité du dit récit : l’héroïne en question, comme le scénariste Matt Kindt, est toute imbibée de contes et de légendes issus du folklore slave, qu’elle utilise comme des armes mentales, en quelque sorte. Mais n’y a-t-il pas un revers à cette médaille ? Kindt patauge ici dans les climats barbouzards comme il les affectionne, mais celui qui impressionne vraiment, c’est Lesniweski, avec son dession à la Robert Crumb testostéroné revu et corrigé à l’aune du comic book contemporain. Impressionnant.

Le tout est présenté dans un écrin musical de premier choix mais bien dark cette semaine (comme souvent, me direz-vous, et vous n’aurez pas tort) : Kevin Martin alias The Bug est revenu à l’automne avec « Machine », album instrumental une fois n’est pas coutume dont est issu « Bodied (Send For The Hearse) » ; le génial Scott Walker écrivait pour son non moins génial « The Drift » le sombre « Jesse », qu’on écoute ce soir en frissonnant ; les brutes anglaises de Pitch Shifter se rappellent à notre bon souvenir avec « Brutal Cancroid », issu de leur premier album, le bien nommé « Industrial » ; enfin, retrouvons pour la première depuis une éternité les rois incontestés du prog-métal Dream Theater, qui reviennent avec le nocturne « Parasomnia », dont est extrait l’épique « The Shadow Man Incident »…!!!

« In the dream I am crawling around on my hands and knees
Smoothing out the prairie
All the dents and the gouges and the winds dying down
I lower my head, press my ear to the prairie »

EPISODE 17 !!

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Punaise… on se suit niveau bd depuis quelques semaines… encore un Tumatxa de retard.

Il faut dire que je colle pas mal à l’actualité ces derniers temps (ça n’a pas toujours été le cas). Il y a de quoi faire !!

Tiens, je n’avais pas vraiment fait le rapprochement entre elle et le mouvement de l’hauntology (qui, comme te le sais, me tient particulièrement à cœur) mais, oui, ça fait parfaitement sens. Je n’ai pas le souvenir que Mark Fisher (qu’on peut quand même considérer comme le théoricien de ce mouvement) l’ait évoquée, mais elle aurait parfaitement sa place dans ses écrits, entre Burial et Boards of Canada. Intéressant. En tout cas, content que ça t’ait plu. Clairement ma principale découverte de ces derniers mois, perso.

Tiens, par curiosité, découverte du jour: l’artiste indie rock/post punk Luke Haines (également à l’œuvre dans le groupe Baader-Meinhof) défini par un des blogs que je suis, A Year In The Country, comme étant leur « most non-hauntological hauntologist ». Outre la formulation amusante, j’écoute ça depuis tout à l’heure et c’est tout à fait sympathique.

Tiens, tu cites à raison le lien entre le lien entre Lankhmar et les créations rôlistiques et tu as parfaitement raison. Mais j’irais encore plus loin, personnellement. Il y a eu, en 1985, un supplément Donjons & Dragons décrivant la ville et Newhon comme un des mondes officiel pour le jeu. Et il y a eu tout un suivi pour cet univers, avec des scénarios divers. De plus, il semblerait que Fritz Leiber ait supervisé tout ça d’assez prêt. En fait, s’il n’est pas crédité dans ces suppléments, il y a quand même pas de monde pour considérer qu’il en est un des auteurs officieux. Mais, il se trouve qu’en 1985, D&D existait déjà depuis une dizaine d’années et que c’était une phase de redéfinition pour le loisir dans son ensemble. On pourrait considérer que, aussi désuet soit-il aujourd’hui, le D&D « moderne » est né à ce moment-là et que toute forme de jdr se passant dans un environnement urbain (ce qui représente beaucoup, tant sur papier qu’en informatique) est plus ou moins une variation, plus ou moins assumée, sur Lankhmar. C’est, en gros, devenu, l’exemple archétypal de la ville de fantasy, aujourd’hui, à coté d’Ankh-Morpork, celle de Pratchett, mais c’est elle aussi une variation sur Leiber, comme tu le précisais.

Et ça va même plus loin que ça: dans les années 30, Leiber et un de ses potes avait créé un wargame se passant à Lankhmar. Au cas où tu ne saurais pas, le jdr, à la base, est une forme particulière de wargame. Et, en 1976, TSR, la compagnie qui venait de créer D&D, et le jdr au passage, publiait pour la première fois de manière officielle le jeu de Leiber. Et ça, c’était alors que le jdr en tant que tel existait depuis moins de deux ans. En fait, je pense que Leiber rivalise peut-être uniquement avec Tolkien en terme d’influence sur les mondes de jdr. Au moins dans les premières années de ce medium, je pense qu’il était plus important que Howard, que Lovecraft, que Vance, que Moorcock…

Aussi, pensée pour la boutique de jdr dans laquelle j’allais étant petit, « Le Bazar du Bizarre », à Aix en Provence, elle aussi en référence directe à Lankhmar.

Et voilà pour le chapitrage de cette semaine. Désolé pour le délai. Je suis un peu occupé par la préparation de mon déménagement, en ce moment.

2025.02.12 - (2:10) The Bug, (29:11) Brady Corbet, « L’enfance d’un chef », (1:07:17) « Vox Lux », (1:33:54) Scott Walker, (1:47:08) Samantha Harvey, « Orbital », (2:26:41) Pitch Shifter, (2:36:39) Matt Kindt, Matt Lesniewski, « Crimson Flower », (3:01:40) Dream Theater

C’est moi qui fais le lien, hein ; je n’ai rien lu de Fisher sur le sujet… mais je ne sais pas, ça m’a semblé un peu évident à l’écoute…
Il me reste à me plonger un peu plus avant dans sa discographie, j’ai surtout écouté les albums les plus récents (post-2016, de tête), mais j’ai jeté une oreille sur le double album « A I A : Dream Loss and Alien Observer », qui a l’air vraiment formidable. Je pense que je diffuserai un extrait de celui-là quand j’aurai un peu plus creusé la chose.

Luke Haines, c’est dûment noté !!

Ah ça je l’ignorais, mais je dois confesseur (comme j’ai déjà dû le faire à la faveur de nos échanges) mon inculture quasi totale pour ce qui est du rôlisme (avoir joué à « Hero Quest », gamin, ça compte ? ^^).
Ce que je trouve intéressant, c’est que des éléments mis en place par Leiber soient devenus aussi importants et « canoniques », alors que l’on sent chez Leiber, même via les adaptations de Chaykin et Mignola, un côté un peu « tongue in cheek ». Un brin d’ironie, quoi. Rien d’irrespectueux à l’égard de ce type d’univers, pas du tout même (Leiber fait quand même partie de la première génération de fans des pulps et de l’héroic fantasy, sans même prendre en compte sa paternité dans le blaze « sword and sorcery »). Juste un petit recul, un côté « auto conscient » des tropes du genre…

Merci !!! :slight_smile:

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En train d’écouter l’épisode. Du coup, tu évoques vite fait, dans ta chronique sur Brady Corbet, la notion de cinéma sur l’architecture et l’existence d’un film sur le sujet, que tu n’as pas vu, par King Vidor. Alors, oui, effectivement, et on est sur un terrain éminemment piégé, en particulier aujourd’hui, compte-tenu de la politique américaine. Il s’agit d’un film qui s’appelle « Le Rebelle » (« The Fountainhead » en VO) et c’est une des rares adaptations filmiques d’un livre de Ayn Rand. J’imagine que tu le sais, mais on est basiquement sur les tables de la loi du libertarianisme à l’américaine, popularisée ces dernières années par des gens comme Elon Musk et Steve Bannon, en gros. De tête, il y a aussi une mini-série sur « Atlas Shrugged » (produite pendant la première présidence de Trump, tiens donc) et, bon, je ne l’ai toujours pas vu mais, d’après les échos que j’en ai, j’ai quand même un peu l’impression que le dernier Coppola, le fameux « Megalopolis », n’est pas loin d’être une adaptation déguisée (et très augmentée, à priori) de « The Fountainhead », justement (et, vu qu’on parle d’un cinéaste cinéphile comme Coppola, sans doute une référence au film de Vidor aussi, au passage). Du coup, c’est intéressant de placer un peu « The Brutalist », que je n’ai pas encore vu non plus, dans cette lignée-là. D’autant plus que, effectivement, c’est assez difficile de trouver des films sur l’architecture. La ligne Vidor-Coppola-Corbet me semble faire sens, à priori.

Ceci étant dit, ayant vu le film le Vidor, même sans tenir compte des positions politiques, philosophiques et sociales de Rand, qu’évidemment je goûte assez peu (pour dire le moins), je ne trouve pas « Le Rebelle » très intéressant dans sa peinture de la figure d’un architecte prométhéen, quasi-divin. Le film attend une fascination du spectateur qui ne vient juste jamais, à mon sens.

Si on veut des adaptations de Rand, pour malade que soit le film, à priori, « Megalopolis » me semble bien plus intéressant. Ou même, pourquoi pas, le concept album de Rush, « 2112 ». Ou la série de jeux vidéos (assez exceptionnelle, quand même) « Bioshock », mais on est sur de la parodie. Le film de Vidor me semble bien morne, comparé à tout ça.

Après, même les films de Vidor considérés comme des classiques (ses westerns, quoi, ou « La Foule ») ne m’ont jamais vraiment convaincu. En fait, les reproches stylistiques que je peux avoir pour « Le Rebelle » me semblent être présent, en général, dans sa filmographie: toujours dans une volonté lyrique, baroque, épique, mais sans la profondeur psychologique et thématique, d’u Welles auquel il a beaucoup été comparé, à raison. Un peu la définition cinématographique d’un pétard mouillé, pour moi, honnêtement.

Oui, après avoir écouté plus ou moins toute sa discographie, ces dernières semaines, je pense que ma préférence va aussi vers ce double album. Curieux d’entendre ton avis, donc.

Hé hé. Oui, ça compte. Ce jeu était la volonté de présenter au plus grand public un des univers de jdr principaux, Warhammer. Ca se passe dans le même monde. Et les mécaniques de jeu sont basiquement celles d’une partie de jdr classique, juste très simplifiées.

Et, vu que Warhammer et D&D sont basiquement les DC et Marvel du milieu du jdr, TSR a aussi sorti sa propre version du jeu, « Dragonstrike », dans un des univers de D&D, donc, mais qui, elle, venait avec sa VHS devenue depuis, sur Youtube, un classique de l’heroic-fantasy nanardesque.

Oui, et c’est pour ça que ça fait parfaitement sens que Ankh-Morpork soit ouvertement une variation sur Lankhmar. Pratchett lui-même peut être vu comme étant dans la même démarche, plus ouvertement parodique mais incluant et assumant les tropes pulps avec un intérêt certain. Une variation sardonique à la sandal and sorcery sérieuse comme une porte de prison d’un Howard, typiquement, avec Leiber qui fait un peu la jonction entre les deux. Et oui, dans la version par Chaykin et Mignola, cette distance me semble être ce qui fait tout le sel de l’histoire (ça et le coup de crayon de Mignola, évidemment).

Une trilogie de films sortis entre 2011 et 2014.

Les droits pour une série TV sont détenus par The Daily Wire, une société médiatique conservatrice co-fondée par un ancien de Breitbart, mais le projet est encore en développement…

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Ah , donc, avant la présidence de Trump, mais pendant l’avènement de l’Alt-Right (qui est une forme de libertarianisme, je pense qu’on peut le dire). Merci pour les précisions.

EPISODE 18 : Le crépuscule des gais résidents en feu !!!

A la fin de l’émission de « Tumatxa! » (votre émission radiophonique préférée, je vous le rappelle) cette semaine, je crois bien que je vous dis : à la semaine prochaine… C’est une erreur bien sûr : je serai en vacances. Et pour fêter ça, car je ne suis que générosité, gros gros sommaire pour l’émission du soir !!

Musique à gogo (avec un entretien à la clé), cinéma (exhumation d’un vieil incunable), littérature (du patrimonial haut de gamme), et BD (double rasade !!!) : tel est le formidable programme auquel vous êtes conviés.

Pour la musique, on attaque en beauté en accueillant pour une interview détendue du slibard mes camarades Quentin Aberne (guitare) et Sébastien Fanton (chant), architectes (aux côtés de Ben, Matt Degraded et Olivier Blanc) du dernier album de Carcolh, le sensationnel « Twilight Of The Mortals » !!! Produit par l’excellent Raph Henry (pour un résultat vraiment sensationnel, ça sonne et c’est rien de le dire), « Twilight Of The Mortals » fait suite au déjà trs impressionnant « The Life And Works Of Death », exécuté peu ou prou par la même équipe. On discute méthodes de travail, notamment en studio, travail sur les textes, visuel (sublime, et toujours signé J.r. Erèbe), et de manière générale… de DOOM, puisque c’est bien de ça qu’il s’agit. A vous maintenant d’accueillir comme il se doit ce brillant album, avant de croiser on l’espère Carcolh sur les scènes ici ou là…

Pour le cinéma, célébrons comme il se doit l’initiative des éditions Rimini, qui exhume devant nos yeux ébahis « Les Yeux de Feu » (1983), l’un des rares long-métrages de feu Avery Crounse, qui fut surtout connu pour son travail de photographe (et cela se ressent sur son premier film). « Eyes Of Fire » est un des fleurons d’un genre rare, la folk horror à l’américaine (à l’époque en tout cas, depuis les américains se sont rattrapés) ; le décorum américain pré-déclaration d’indépendance se prête pourtant à merveille aux thématiques-phare du genre, comme nous le verrons. Il faut savoir que le film existe sous deux versions différentes, la version longue « Crying Blue Sky », et la version courte « Eyes Of Fire », la plus célèbre et vue des deux. Comme nous sommes des complétistes, nous évoquerons les deux !!!

Pour la littérature, l’excellente collection L’Arbuste véhément (la collection d’ultra-poche de l’Arbre vengeur) nous gratifie d’une superbe réédition, « The Merry Men » (alias « Les Gais Lurons » pour les précédentes éditions VF) du grand Robert Louis Stevenson. Essentiellement connus pour les deux classiques absolus que sont « L’île au trésor » et « L’étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde », Stevenson signait avant même ces deux fleurons de son corpus ce premier chef-d’oeuvre, qui met en scène le décor furieux du littoral écossais. Sans verser dans le genre fantastique, cette novella écrite comme si c’était Dieu en personne qui se mettait à la prose (Borges et Henry James n’ont pas chanté les louanges de Stevenson pour rien) tutoie des sommets d’effroi à travers une ambiance à couper au couteau, entre furie des éléments et folie des hommes. Un must !!!

Pour la BD, c’est double dose aujourd’hui, avec deux auteurs fréquemment évoqués par nos soins. Nous revenons dans un premier temps sur le travail du canadien Jeff Lemire (associé ici comme souvent par le passé au dessinateur italien Andrea Sorrentino), en l’occurrence sur l’univers fictionnel du « Mythe de l’Ossuaire », dont nous avions déjà évoqué les deux premières entrées. Le tandem passe à la vitesse supérieure avec le dantesque (au sens premier du terme) « Les Résidents », récit horrifique qui met en scène 7 personnages qui descendent littéralement et métaphoriquement aux Enfers, dignement représentés par le crayon inspiré de Sorrentino. Ensuite, nous reviendrons sur le cas de James Tynion IV (auteur du génial « Department Of Truth », dont on attend la suite fébrilement), ici associé au dessinateur Joshua Hixson (connais pas), pour le très prenant « Le Déviant - un conte de Noël ». Le récit et en scène un seriel-killer terrifiant déguisé en Père Noël, condamné il y a 50 ans pour un double meurtre atroce. Problème : le condamné clame son innocence depuis des décennies, et le protagoniste principal du récit (avatar fictionnel du scénariste lui-même) mène l’enquête en le visitant… Et là, c’est le drame, comme on dit. Excellent entame pour ce thriller palpitant et riche sur le plan thématique.

Le tout est mis en musique et pas qu’un peu : « For Every Second… » et « Empty Thrones », respectivement morceaux d’ouverture et de clôture du « Twilight Of The Mortals » de Carcolh ouvre les hostilités ; les suisses de Future Faces viennent d’accoucher de l’excellent « Memoria », comme en atteste « Ask The Grime » qui ouvre l’album en question ; les chicagoans de FACS accouchent d’un sixième album, « Wish Defense », post-punk en diable, et « Talking Haunted » en est issu ; enfin, Ilyas Ahmed unit ses forces au duo Golden Retriever pour le projet Dreamboat, dont on écoute le sublime « Aftershock/Face To Face » pour la peine…!!!

« Love
This weapon is absolute
The safety of custom
And history
You can’t refuse »

EPISODE 18 !!!

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Je l’ai entendu dire au sujet du Coppola, effectivement. Et sur le papier, sans avoir encore vu le film moi-même, ça me semble faire sens.
Par contre, les rapprochements qui ont été faites entre le corpus de Rand et le film de Corbet ont quant à elles vite été battues en brèche, je crois… Ce n’est pas du tout l’objet du film, et Corbet est politiquement et philosophiquement à mille lieux de l’objectivisme randien, il me semble.

Le billet du Doc sur « les Yeux de feu » !!

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Héhéhé…j’avoue que j’ai pas mal de retard sur tes émissions mais je vais écouter en priorité ta chronique sur ce film…^^

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Dans un souci d’exhaustivité, j’ai vu les deux montages du film, dont du coup le fameux « Crying Blue Sky », la version longue, qui est en fait le montage originel du film avant que Crounse échaudé par une première projection publique ne tranche violemment dans le lard… un peu n’importe comment il faut bien le dire.
Les deux montages ont leurs qualités et leurs défauts : la version longue est plus cohérente notamment sur l’exposition, mais elle n’a pas la « pêche » un peu hallucinante de la version courte, un film il faut quand même bien le dire complètement azimuté.

Et voilà pour le chapitrage:

2025.02.19 - (1:45) Carcolh: morceau d’ouverture, “For Every Second…”, (14:27) Carcolh: entretien avec Quentin Aberne et Sébastien Fanton, (47:52) Carcolh: morceau de clôture, “Empty Thrones”, (59:59) Avery Crounse, « Les Yeux de Feu », (1:48:47) Future Faces, (1:59:37) Robert Louis Stevenson, « The Merry Men », (2:34:51) FACS, (2:44:30) Jeff Lemire, Andrea Sorrentino, « Le Mythe de l’Ossuaire: Les Résidents », (3:11:14) James Tynion IV, Joshua Hixson, « Le Déviant: Un Conte de Noël », (3:24:03) Dreamboat

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Oh, ben, « Les Yeux de Feu », il y a une vraie redécouverte de ce film dans le milieu folk horror depuis qu’il a été, il faut bien le dire, déterré pour le premier coffret anthologique « All the Haunts Be Ours », mis en place par la très estimable Kier-La Janisse, en même temps que son documentaire fleuve sur le sujet, « Woodlands Dark And Days Bewitched ». Elle avait fait, comme d’habitude, un travail assez exemplaire de sélection, incluant quelques classiques, comme « Penda’s Fen », « Viy » ou « A Field in England », mais allant également chercher des films qu’on n’attendait pas ici, voire même qui étaient quasi-impossibles à voir. « Eyes of Fire », donc, en tête. Lorsque ce coffret est sorti, ça a été un événement sur bien des plans, mais la découverte de ce film en particulier, qui n’avait pratiquement pas été édité avant ça, je crois, a peut-être été le plus grand choc pour la communauté. Il y a eu pas mal de monde pour parler de chef d’œuvre invisible. Je serais peut-être un peu plus mesuré, ça reste un film qui a des problèmes, dans ses deux versions, mais qui demeure néanmoins un objet de fascination. Ca me fait penser que je ne l’ai vu que 2 fois, une pour chaque version. Je devrais le relancer. C’est une œuvre qui gagne au revisionnage, je pense.

Et oui, pour le rapprochement, qui a effectivement été fait, avec « Twin Peaks: Fire Walk With Me », mouais, j’ai des grosses réserves, notamment sur des considérations pratiques: il me semble bien, qu’avant le coffret de Kier-La, c’était un film qui était quasiment considéré comme un lost media, ou pas loin. Après, peut-être que Lynch avait suffisamment de contacts pour en traquer une copie et qu’il l’avait effectivement vu mais, sans information plus conclusive, je trouve quand même ça assez douteux. C’est plus, à mon avis, le fait qu’on a tendance à accoler le terme lynchien à tout ce qui relève du surréalisme dans un cadre américain. Enfin, va savoir.

Ouais, je me suis mal exprimé. Sans avoir vu le film de Corbet, j’avais l’impression qu’il était dans un dialogue avec les films de Vidor et de Coppola, mais sans en épouser les théories objectivistes, voire même en s’y opposant, en fait. C’est un peu l’idée que je m’en suis fait en lisant des choses à leur sujet mais, bon, tant que je n’ai pas vu « Megalopolis » et « The Brutalist », je vais réserver mon jugement, évidemment.

Pour revenir à « La Mesias », je viens de finir la série.
J’ai trouvé les épisodes 5 et 6 assez extraordinaires. Je trouve le crescendo très intéressant jusque là.
En revanche, j’ai été très déçu par l’épisode 7, le dernier ,car je l’ai trouvé trop convenu et plutôt cliché (sans parler de la « révélation » du sens de l’extraterrestre).
Ça partait bien avec le « White rabbit » en intro et la thématique"Alice aux pays des merveilles " et puis patatras… Je me suis copieusement fait chier… :grin:
Dommage…

Et tiens, tu voulais le track listing du deuxième coffret « All the Haunts Be Ours ». Voilà: All The Haunts Be Ours: A Compendium Of Folk Horror Vol. 2 [13-Disc Bl – Severin Films

Bien sûr, y’a des choses surprenantes. Déjà, y’a un Mocky. Et pas n’importe lequel: pour moi, dans sa filmographie pléthorique, « Litan » est bel et bien son chef d’œuvre.

Aussi, c’était déjà un peu le cas pour le premier coffret et dans « Woodlands Dark and Days Bewitched », le documentaire, mais ça se confirme nettement dans ce deuxième, y’a un intérêt certain pour les pays généralement peu associés au genre folk horror, comme la Finlande (avec l’extraordinaire « Renne Blanc », que j’adore), l’Arabie Saoudite, la Pologne, la Corée, l’Argentine, le Pays Basque (tiens donc…), les Philippines, et, très représentée dans le coffret, l’Indonésie, qui a, effectivement, un intérêt certain pour ce genre mais bien mal distribué chez nous.

Et, quand même, quelques films britanniques et américains aussi, parce qu’il faut quand même pas déconner. Y compris le très fun « Psychomania », le film avec le plus gros earworm de l’histoire du genre. 10 ans que j’ai cette BO en tête et qu’elle veut pas partir.

Merci, comme d’hab’ !!

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