TUMATXA : L'ÉMISSION !

Génial, merci beaucoup !!

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EPISODE 22 : Les Zombies de la Maison du Temps

Cette semaine dans « Tumatxa! » : des vampires ! des zombies !! des satanistes zinzins !!! Eh bien, nous voilà dans de beaux draps… Formule classique pour cette 22ème emission de la saison.
Cinéma (avec la sortie salles d’un inédit de choix), littérature (avec le livre soi-disant mineur d’un auteur majeur), BD (avec le retour d’un tandem de stakhanovistes) : tel est le menu de la semaine.

Pour le cinéma, alors qu’il n’avait jamais bénéficié d’une sortie salles jusqu’à présent, voilà qui ressurgit le premier long-métrage du réalisateur mexicain Guillermo Del Toro, « Cronos » (1993), initialement révélé au monde via le Festival de Cannes. Dans cette relecture fort originale du thème vampirique, Del Toro fait (déjà) feu de tout bois sur le plan thématique, avec un beau corpus de références qui vont des classiques horrifiques de la Universal ou de la Hammer à « l’horreur corporelle » d’un David Cronenberg, en passant par quelques références bien senties à l’occultisme (hermétisme, alchimie…). Sur le plan de la mise en scène, c’est un tantinet moins puissant que ce que le cinéaste surdoué proposera par la suite, mais thématiquement c’est déjà absolument passionnant. Et puis y’a déjà des rouages et autres engrenages, des insectes… et cette bonne vieille ganache de Ron Perlman !!!

Pour la littérature, faisons majestueusement fi de l’actualité et revenons en 1994 pour évoquer le travail de Bret Easton Ellis, avec « Zombies » (titre VF un peu pourrave de « The Informers »), drôle d’objet littéraire à mi-chemin entre le recueil de nouvelles et le roman. Ce livre a la réputation d’être un objet un peu mineur dans le corpus de l’américain, coincé entre deux magnum opus gargantuesques (« American Psycho » et « Glamorama » en l’occurrence) ; de fait, « Zombies » a quand même un peu été conçu pour faire patienter les lecteurs comme l’éditeur d’Ellis. Il n’empêche : nous avons là affaire à un pur distillat de l’art ellisien, qui vaut bien mieux que sa réputation peu flatteuse, et aussi que son adaptation cinématographique paraît-il un brin piteuse, bien que co-écrite par Ellis en personne. Pour les amateurs du travail du bonhomme, c’est un immanquable, nous semble-t-il.

Pour la BD, revenons sur le travail du tandem constitué par ces bons vieux Ed Brubaker et Sean Phillips (avec le renfort désormais incontournable du fiston de Sean, Jacob Phillips, à la colorisation), avec leur dernière sortie « La Maison des Impies », qui paraît chez Delcourt en VF, après une sortie en VO sous le pavillon Image Comics. Le duo fait un pas de côté par rapport à ses ambiances polardeuses habituelles (comme ils le font depuis quelques temps déjà en vérité) en nous pondant un thriller horrifique de première bourre, qui va chercher son inspiration dans le phénomène socio-culturel bien réel de la « Satanic Panic » américaine des années 80. Natalie Burns est une sorte de détective privé qui va récupérer des jeunes endoctrinés par des sectes, mais elle est aussi une membre des « Six de Satan », un groupe de gamins impliqués dans une sombre affaire de rituels satanistes. Bien qu’elle n’en ait nullement envie, elle va devoir replonger dans son passé… Un récit étonnant, à la conclusion bien plus subtile qu’il n’y paraît, si on a tout bien compris.

Le tout se savoure avec une bonne rasade de sang humain et de la bonne zique, pour faire bonne mesure : James Kirby alias The Caretaker nous entraîne dans ses ambiances de « ballroom » hantée avec « A Stairway To The Stars », le morceau conclusif et éponyme de son deuxième album ; les californiens de Deafheaven reviennent avec un incroyable album, « Lonely People With Power », dont est issu l’époustouflant « Winona » ; Lungfish sortait en 1998 l’album « Artificial Horizon » dont est extrait l’élégiaque « Pray For The Living » ; enfin, les post-métalleux anglais de Telepathy viennent de sortir un album pour le moins velu avec le gargantuesque « Transmissions », comme en atteste l’épique « End Transmission »…!!

« Power bastard, pathetic master
I’m reliving Saturn eating
His flesh is everything of mine »

EPISODE 22 !!!

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Mon billet sur Cronos :

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Ah, en lisant ton billet, je me rends compte que je n’ai pas relevé le fait que si Ron Perlman, dès ce premier Del Toro, devient un incontournable de sa filmo à venir, c’est tout aussi vrai de Federico Luppi. L’un plutôt pour le versant hollywoodien, l’autre pour le versant hispanophone…

Et voilà: 2025.04.02 - (2:38) The Caretaker, (31:15) Guillermo Del Toro, « Cronos », (1:16:50) Deafheaven, (1:35:05) Bret Easton Ellis, « Zombies », (2:19:38) Lungfish, (2:25:31) Ed Brubaker, Sean Phillips, « La Maison des Impies », (2:53:50) Telepathy

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Merci !! ^^

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Je t’en prie. Tu veux que je poste l’épisode de cette semaine, aussi ?

Oui, je veux bien ! Toujours pas pris le temps de régler tout ça… merci

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Fait

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Merci encore…
Bon, c’est bon : a priori j’ai récupéré sur l’ensemble de mes appareils l’accès à mon compte Facebook. Encore toute ma gratitude pour avoir assurer « l’intérim » !! :wink:

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EPISODE 23 : A la conquête des vagues de l’âme nocturne !!

Avant-dernière épisode de « Tumatxa! » avant la pause pascale… la semaine prochaine, pour la dernière avant la dite pause, émission un brin spéciale puisque nous aurons un invité, mais chut !! J’en dis déjà trop. En attendant, cette semaine, programme classique, certes, mais fort roboratif, si vous voulez mon avis.

Cinéma (double dose), littérature (grosse claque), et BD (un album magnifique et poignant), le tout en musique qui groove bien : tel est le sommaire du soir.

Pour le cinéma, en attendant de découvrir son prochain long-métrage, le très excitant (sur le papier) « Hurry Up Tomorrow », faisons donc un point sur le corpus du très doué Trey Edward Shults, en l’occurrence son deuxième film « It Comes At Night » (2017) et le troisième, « Waves » (2019). Le premier est aussi sombre et pessimiste que le second n’est lumineux et gorgé d’espoir… Dans « It Comes At Night », sorte de post-apo mâtiné de drame familial, une mystérieuse pandémie (tiens, tiens) semble avoir décimé la planète. Une famille tente de survivre dans une baraque perdue au milieu de la forêt ; des étrangers pointent le bout de leur nez : doivent-ils les accueillir ? Suspense ! « It Comes At Night » n’est pas à proprement parler un film d’horreur, mais c’est un des films les plus tendus qu’il vous sera donné de voir. « Waves », quant à lui, est une sorte de mélo lacrimal, dans le meilleur sens du terme (je l’avoue toute honte bue : j’ai pleuré à la fin) relativement classique dans sa dramaturgie… mais quelle réalisation ! Le film est un tourbillon sensitif à la puissance peu commune, tout en poursuivant le questionnement de Shults sur ce qui demeure son grand thème : la cellule familiale, et ceux qui pèsent trop dessus. Sacré cinéaste.

Pour la littérature, quelle joie de retrouver au programme la londonienne Nina Allan, dont nous avions déjà évoqué le travail, surtout pour une perle comme « Conquest », son dernier effort en VF. Frank est un jeune homme génial mais un brin paumé, qui aime Bach, David Bowie, Tarkoski et la science-fiction… et aussi les sites conspirationnistes qui spéculent sur une guerre entre la planète Terre et de mystérieux extraterrestres, dont nos gouvernants savent tout bien sûr. Lorsqu’il disparaît, sa compagne Rachel engage une détective privée atypique, Robin, elle aussi fondu de Bach… Résumé comme ça, « Conquest » peut sembler relativement conventionnel. Que nenni : festival thématique passionnant et structure ultra-sophistiquée (et originale) sont au menu de ce livre à nul autre pareil. Un très très grand roman, qui revitalise à lui tout seul la foi dans cette forme narrative si souvent déclarée cliniquement morte : Nina Allan prouve qu’il n’en est rien.

Pour la BD, évoquons un brin à la bourre une sortie 404 Graphic, dont l’excellence de la ligne éditoriale n’est plus à prouver (encore bravo à Nicolas Beaujouan et ses équipes), j’ai nommé le beau et déchirant « Âme augmentée » de l’américain Ezra Claytan Daniels, qui écrit et dessine. Hank et Molly sont un couple en recherche d’immortalité, ou à tout le moins d’une nouvelle jeunesse. A cette fin ils vont accepter de servir de cobaye dans une expérience pour le moins singulière, où rien ne va se passer comme prévu, ni pour eux ni pour les scientifiques à l’oeuvre. Sorte de récit de SF mâtiné de body horror cronenbergo-lynchienne, « Âme augmentée » (« Upgrade Soul » en VO, traduite par Philippe Touboul) est avant une histoire d’amour, déchirante au possible.

Le tout est avantageusement mis en musique : le trio rap/noise clipping. vient d’accoucher de « Dead Channel Sky », album d’inspiration cyberpunk à fond les ballons, dont on écoute « Run It » ; le projet italien Cosmic Putrefaction ne fait pas du zouk mais du death metal, comme son nom l’indique, et comme en atteste « I Should Greet The Inexorable Darkness », issu de son dernier album « Emerald Fires Atop The Farewell Mountains » ; le morceau « Cygnet Committee » de David Bowie, extrait de son deuxième album « Space Oddity » (1969), est le morceau préféré des personnages du « Conquest » de Nina Allan, et on l’écoute pour la peine ; enfin, cela fait déjà 40 ans que l’humanité a la chance de pouvoir s’envoyer « The Skull », le deuxième album du mythique combo doom metal US Trouble, et pour fêter ça on termine l’émission avec l’épique « The Wish »…!!

« I am trying to find my way
Through fields of hope
The only flame that burns inside
Is my mortal death »

EPISODE 23 !!

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Oui, je t’en prie. Bravo pour ton combat contre l’hydre numérique :sweat_smile:

Et voilà pour le chapitrage:

2025.04.09 - (2:38) clipping., (25:42) Trey Edward Shults, « It Comes At Night », (1:03:20) « Waves », (1:20:26) Cosmic Putrefaction, (1:31:59) Nina Allan, « Conquest », (2:12:53) David Bowie, (2:27:02) Ezra Claytan Daniels, « Âme Augmentée », (2:57:15) Trouble

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Merci !! ^^

J’ai l’impression d’avoir tordu le bras à Mark Zuckerberg en personne. J’en suis pas peu fier.

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@vinch64 tu as lu le Nina Allan ? Je sais que tu en es lecteur, je crois bien que c’est sur ton conseil éclairé que j’avais lu « Complications »…
Franchement, j’ai été bluffé par « Conquest », c’est impressionnant.

Évidemment que je l’ai lu, je l’avais déjà dans les mains le jour de sa sortie. Je suis un gros fan boy! :grin:
Et surtout après le ventre mou (de mon avis, beaucoup ne sont pas d’accord) La Course et
La Fracture, je trouve que la qualité des romans de Nina Allan est remontée en flèche avec un gros pic qualitatif sur ce Conquest. Un excellent souvenir de lecture! C’est marrant, j’étais sûr d’en avoir parlé sur le forum mais après vérification, non…
En tout cas, je suis impatient d’écouter ta chronique!

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J’ai tellement adoré.

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EPISODE 24 : La révélation de la naissance du chevalier mortuaire !!

Dernière émission avant la pause pascale… et programme de haut vol pour l’occasion, pour un épisode long comme un jour sans pain !! Mais quand c’est bon, c’est bon, comme on dit. Un invité de prestige, c’est toujours une joie, par exemple. Cinéma, BD , littérature, le tout en musique (avec un invité donc) : c’est la fête, et vous n’en saviez rien.

Pour entamer cette émission en beauté, j’ai l’immense plaisir d’accueillir l’Amplifier Worshiper en personne, l’incomparable Shiran Kaidine, à la faveur de la sortie du fantastique premier LP du groupe de death metal bordelais Mortuaire. Nous évoquerons l’album bien sûr, mais bien d’autres choses, des travaux de Philippe Druillet à la nature particulière des textes de « Monde Vide » (car tel est le nom de la bête), en passant par la nature visuelle de la conception sonore de la musique de Shiran… et nous aurons évidemment l’occasion de revenir aussi sur les nombreux projets présents, passés et futurs qu’il a pu mener ou mène encore (Monarch, Faucheuse, Year Of No Light, Gasmask Terrör…), et ceux de ses acolytes au sien de Mortuaire. Entretien passionnant de mon point de vue, du vôtre aussi (garanti sur facture), avec un musicien qui est l’incarnation d’un metal à la fois aventureux, défricheur et respectueux des racines dans lesquelles son spectre sonore va puiser.

Que Shiran soit à nouveau ici remercié pour sa générosité et sa disponibilité !!!

Pour le cinéma, on se replonge avec gourmandise dans le corpus du coréen Yeon Sang-Ho, auteur d’un joli corpus entre films d’animation et métrages en prises de vue réelles. Le bougre est de retour avec « Révélations », visible depuis peu sur Netflix, un thriller hitchcocko-langien de très belle tenue, qui met en scène un trio de personnages (un pasteur, une flic et un criminel) bien perturbés chacun à leur manière, et pris dans les filets d’une intrigue retorse en diable où les coïncidences bien pratiques de ce type de ce script ne sont peut-être pas aussi gratuites qu’on pourrait le pense. Thriller faussement mystique et authentiquement malin, « Révélations » est aussi une nouvelle démonstration du talent de metteur en scène de Yeon Sang-Ho.

Pour la BD, énorme (littéralement) madeleine de Proust en ce qui me concerne avec la sortie du premier Omnibus consacré à la mythique série Marvel « Rom », signée Bill Mantlo (scénario) et Sal Buscema (dessin) !!! Ce titre avait jadis fait partie du sommaire de la célèbre revue Strange, aux éditions Lug, mais dans une version bien charcutée/remontée, avant d’être finalement éjecté du dit sommaire pour cause de violence traumatisante pour les bambins que nous étions. Rom le Chevalier de l’espace était initialement un jouet produit par Parker Brothers, avant que Bill Mantlo ne développe tout un univers autour du personnage (de la ville fictive de Clairton à ses adversaires diaboliques, les Spectres Noirs), et de connecter très fortement le personnage au reste de l’univers Marvel. Le titre, du fait de sa genèse singulière, était indisponible depuis des décennies ; l’imbroglio juridique étant aujourd’hui dénoué, jetons-nous comme des morts de faim sur ce comic book mythique, même si c’est (à notre avis tout subjectif) dans le prochain volume que les meilleurs épisodes de « Rom, Spaceknight » seront publiés.

Pour la littérature, du classique au menu cette semaine avec une édition très intéressante (chez Tendance Négative) d’une nouvelle signée Nathaniel Hawthorne (« La Lettre écarlate », entre autres), j’ai nommé « La marque de naissance ». Aylmer est un scientifique de génie qui épouse Georgiana, belle comme le jour… mais affligée d’une tache de naissance presque invisible sur la joue. Cette « imperfection » obsède son époux jusqu’au délire, jusqu’au tragique… Sorte de conte moral allégorique dans la grande tradition du corpus de Hawthorne, et doté des mêmes inflexions féministes, ce texte est ici réédité dans un écrin à la hauteur de son vertigineux sous-texte, même si nous aurons quelques petites réserves sur certains des choix effectués.

Le tout est bien entendu soigneusement truffé d’excellente zique, et pas qu’un peu : Mortuaire nous gratifie de deux morceaux, « La Nuit », issu de l’EP inaugural, et « Octogone De Fer », tuerie qui conclue son LP « Monde Vide » ; les italiens de Messa sont de retour avec l’excellent « The Spin », et on écoute pour la peine l’introductif « Void Meridian » ; le canadien Tim Hecker et son electro-ambient sont aussi de la partie avec « Sunset Key Melt », extrait de son dernier album « Shards » ; enfin, on finit en beauté avec un retour vers la glorieuse époque du prog-rock psychédélique des allemands d’Eloy, et le massif « The Apocalypse », pièce de résistance de leur album de 1979 « Silent Cries And Mighty Echoes »…!!!

« The counterfeit master of the world
Will call for his empire
He’s the demon of illusion, sorrow
Darkness, mourning, and appearance »

EPISODE 24 !!!

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Wow 4h24… :rofl:
Chouette programme encore une fois! Très sympa « La marque de naissance ». Je l’avais lu rapidement après « La lettre écarlate » qui m’avait mis une bonne claque.
Petite question en passant : tu en penses quoi du dernier Imperial Triumphant?
Bizarrement, il y a pleins de trucs qui m’agacent comme une certaine facilité dans certaines compositions (reprise d’Haendel et repiquage du final du "I want you (she’s so heavy)"texte en italique des Beatles sur le dernier morceau) alors que l’album est super court. Malgré cela, j’y retourne souvent… Pas sûr que je l’écoute longtemps (et que je le réécoute à terme)…

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Je viens de me rendre compte compte qu’il y a une erreur de montage… ^^ Le titre d’Eloy y est deux fois, en lieu et place du générique de début. J’ai signalé l’erreur, ça va être corrigé rapidement je l’espère. Du coup ça fait grimper artificiellement la durée de l’émission… elle ne fait en fait « que » 4 h 10. :wink:

« La marque de naissance » est un beau texte, oui, et l’entreprise éditoriale de Tendance Négative intéressante… jusqu’à un certain point, que j’explicite dans ma chronique.

Pas encore écouté le dernier Imperial Triumphant, je le ferai certainement durant ces vacances, et le mettrai certainement au menu de l’émission, comme les précédents en leur temps. Je dois dire cependant que si c’est un groupe qui m’intéresse, je n’y reviens pas aussi souvent que ça, par rapport à des groupes un peu apparentés qui me fascinent nettement plus. Je pense à Krallice, dont je réexplore en ce moment un pan de la discographie, et que je trouve être un groupe proprement passionnant.

…et c’est bon, la petite erreur de montage est corrigée. :slight_smile:

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