Je suis très en retard.
L’interview de Pacome thiellement était tout bonnement exceptionnel. Et quel plaisir partagé par les auditeurs que celui de thiellement d’être ainsi interviewé.
La discussion est poussée et même si on ne l’a jamais lu, on suit très bien, et même peut être mieux encore que si nous l’avions lu, du moins si l’on en croit la surprise pour thiellement des liens qui lui sont renvoyés et qui, pour nous qui avons été introduit à sa lecture par photonik, nous semble être le cœur de son propos. Drôle de configuration.
J’ai trouvé cela très intéressant. Pacome semble être plus intéressé par la gnose que par le catholicisme et ce d’une façon assez innovante : il attribue à la gnose d’être une lecture populaire du sacré là où le catholicisme serait une sorte de lecture de maitre ou élitiste.
Je ne le suivrais pas sur cela mais c’est une piste intéressante tout de même.
J’en profite pour déplorer une fois encore le manque de référence au livre de denis derougemont l’amour et l’occident qui manque cruellement à de nombreux exégète de la fiction. Il y a une prédominance indu de la théorie anglo-saxonne sur ces sujets, accompagné d’une surestimation aberrante de Campbell. Pacome s’en tient avec bonheur éloigné mais en solitaire. L’analyse et le tracé historique de la gnose, du catharisme, des ménestrels, de la chanson de geste jusqu’au roman moderne que réalise denis derougemont est tout bonnement incontournable à quiconque s’intéresse à la fiction et ferait un compagnon de route pertinent pour Pacome. Se passer de ce livre pour aborder le récit, c’est comme aborder la physique quantique en se passant d’Einstein, aborder la politique en se passant de marx, parler comics en se passant de Kirby.
Plus intéressant encore je trouve, le repérage de Thiellement d’un lien entre l’effacement du carnaval et un certain type de fiction que, pour ma part, je dirais « à suivre ». C’est quelque chose de peu pointé, il me semble, que ce grand refroidissement qui touche la fiction au 19ème siècle, perceptible notamment dans le théâtre qui pour rester pertinent s’épure alors au 20ème siècle.
Refroidissement d’un feu qui brulait dans le carnaval ? Celui du semblant mise en scène par l’inversion des codes de la société ? le semblant comme feu carnavalesque qui grâce à l’inversion apparait justement comme semblant ?
Pourquoi pas ? Jolie trouvaille. Pour ma part j’attribue ce grand refroidissement à l’émergence du discours de Freud, qui entend quelque chose de l’hystérie et de sa mise en scène adressée au maitre, et qui dés lors aura besoin de moins d’éclat pour être entendu par un autre que la maitre et autrement.
Le feu du carnaval, lui, ne va t il pas alimenter un nouveau genre littéraire qui se crée à l’époque, celui de la littérature pour enfant ? Avec ses animaux qui parlent, ses rois nues, ses terribles dangers, la littérature jeunesse ne récupère t elle pas le mythe, où tout élément se dédouble, et la mise en scène carnavalesque, où le doublement est lui même mise en scène ? Puis de là, peu à peu, ce feu revient autrement dans la fiction d’aujourd’hui à mesure que ce qui était littérature jeunesse alimente la fiction populaire en se mariant à un « à suivre » qui lui vient d’autre part ?
Comme on peut le voir, cette émission m’a fait associer avec bonheur.
un grand merci