UN PEU DE PARIS (Sempé)

Discutez de Un peu de Paris

Je crois l’avoir dit ailleurs, mais j’ai longtemps eu du mal avec ce qu’on a appelé un temps « la nouvelle BD française ». Vaste fourre-tout dans lequel se retrouvaient, en ordre disparate, Sfar, Trondheim, Blain, Kerascoët… Et plein d’autres auteurs guère prisés des amateurs de dessin académique (c’est pas incohérent, d’ailleurs, puisque la démarche d’une partie d’entre eux consistait à lutter contre les rigidités formelles de la bande dessinée franco-belge des années 1990, rigidement accrochée au format de l’album classique, mais bon bref, c’est une autre question…).
Et puis un jour, j’ai vu que Sfar faisait des illustrations pleine page dans Paris-Match, une revue dont je lisais certaines rubriques gamin, chez le coiffeur. C’est dans ce magazine que j’ai découvert le boulot de Sempé (en même temps que celui de Jacques Faizant, dans un style bien différent). Et ça a fait tilt. Une partie (pas toute, hein…) de cette indéfinissable « nouvelle BD française » venait de Sempé. Sfar en faisait la démonstration, en construisant des images comparables, avant de grands décors majestueux mais fragiles où s’agitent, un peu perdus, des personnages minuscules. La parenté avec Sempé était évidente mais ne donnait pas l’impression d’un exercice de style forcé, d’un « à la manière de » qui roulerait des mécaniques. Au contraire, ça semblait naturel.
De fil en aiguille, j’ai perçu cette influence ailleurs. Dans certaines grandes cases de Blain, dans ses couvertures de Quai d’Orsay (les rapports de taille entre le petit bonhomme et les sièges du pouvoir où il trône), mais aussi dans son trait charbonneux, là où celui de Sempé semblait esquissé sur les nuages, mais tout aussi évocateur. Et depuis cette prise de conscience, l’idée ne me quitte pas. Le caractère esquissé de certains styles, la suggestion du graphite, les formes pas fermées, plein de choses m’évoquent Sempé.
Et je repense souvent à lui depuis lors, en me disant qu’il est, involontairement peut-être, ma clé d’entrée dans cette école BD qui n’a jamais été vraiment la mienne, et qui pourtant m’a procuré des lectures agréables, à l’occasion. C’est peut-être cette étincelle de Sempé que j’y retrouvais, en fin de compte…

Jim

On apprend de ces trucs.

Mais bon sang, mais c’est bien sûr.
Merci pour ce partage.

Héhéhéhé

Jim

Et pas Jean Effel ?

Et, d’ailleurs…


Tori.

Je ne suis pas si vieux !

Trêve de blague, je ne sais pas à quelle période il a officié dans Paris-Match, mais si j’ai croisé ses dessins, ça m’a moins marqué que Sempé ou Faizant. Sachant qu’il est mort en 1982, je dirais que mon exposition à son travail, si elle a eu lieu, a été trop courte.

Jim

J’ai découvert Faizant et Effel à peu près à la même période, moi (et Sempé plus tard).

Tori.

Moi, c’est début années 1980 (peut-être toute fin années 1970).

Jim