VIENS DANS MON COMIC STRIP

Faudrait que je retrouve mes Génération Séries qui sont encore dans mes archives parce que Christophe Petit proposait une série d’entretien avec des doubleur vraiment passionnante.

Notamment une qui expliquait que jusque dans les années 80 il y a avait, dans le cycle de création du doublage, le poste d’adaptateur qui se situait entre le traducteur et le directeur de plateau et dont le job consistait à reprendre le boulot de traduction pour le finaliser d’un point de vue technique mais aussi pour rendre un texte plus travaillé.

Puis sur tout cela sauta dans les années 80

Juste une précision (qui n’a pas grande importance dans le cadre de la discussion) sur cet exemple précis : il semble que Leone était très limité en anglais, de son propre aveu, et « subissait » plus qu’il ne la supervisait la version anglaise (sachant que le tournage, c’était un peu la Tour de Babel avec chaque acteur ou presque qui parle sa langue d’origine). Par contre, francophone, il suivait de près et soignait particulièrement la version française, que personnellement je trouve supérieure à l’autre.

D’ailleurs, anecdote vraiment marrante, pour « Le Bon… », Leone a fait écouter à Eastwood son doubleur français sur les deux premiers volets de la trilogie des dollars, et lui a demandé de s’inspirer de son élocution un peu traînante et nonchalante…

C’est un premier point qu’effectivement il faudrait clarifier, autrement que par le ressenti d’untel ou d’untel.

Tu parles ici de l’exigence du spectateur ?
Il me semble qu’il reste des spectateurs exigeants.

En outre il y a plusieurs sortes de sous-titrages en provenance des « fansubs », et certains sont particulièrement bien faits.

Mettre l’ensemble du « fansub » dans le même sac c’est me semble-t-il méconnaître ce qui se fait dans ce domaine.

Cependant, il est clair que le « fast-sub » ne peut pas prétendre à un niveau quelconque de qualité de par la nature même de ce qu’il est.

Outre le fait qu’on parle ici d’amateurs et de professionnels, donc d’un côté des gens qui font ça pour leur « plaisir » et d’autres pour un salaire, je ne vois pas en quoi le travail des professionnels peut-être touché par celui des amateurs ?

Je n’en ai pas trouvé, pour ma part. Il est vrai que je réduis pas mal ma consommation de séries ces derniers temps, et que, dans la mesure du possible, j’essaie de regarder les épisodes en VO sans sous-titres. Mais parfois, il n’y a que des fastsubs voire fansubs disponibles, et je n’ai JAMAIS trouvé de boulot satisfaisants.

Ça doit quand même bien dégoûter les professionnels de voir un boulot d’une qualité aussi médiocre (trahissant la méconnaissance de l’orthographe et de la grammaire française, une connaissance approximative de la langue anglaise et une absence de conscience professionnelle).

Mais tout cela nous éloigne quand même pas mal de Gerry Conway et Doug Moench.

Jim

D’une manière général, le travail des pro est touché par celui des amateurs, puisque les amateurs forcent les pro à réduire le temps entre la parution de la VO et le moment ou la VOST doit sortir. Pour concurrencer le piratage des séries (globalement c’est les séries qui sont au coeur de cette guerre des délais) qui sont traduites par des fans dans des délais improbables (avec souvent, la qualité qu’on connait), on voit de plus en plus de programmes en simulcast. Ca a forcement un impact sur les délais et les conditions de travail.

Oups, pardon Jim, j’en ai rajouté une louche, et c’est vrai que ce n’est pas le sujet.

Ca, c’est indéniable, mais ça n’est pas à mon avis la conclusion naturelle de ça :

ou ça :

Pour moi, le boulot d’un traducteur n’est surement pas d’essayer d’améliorer l’oeuvre originale. D’un point de vue de responsable éditorial, ça peut se comprendre dans une certaine mesure. Si le produit de départ peut être amélioré, pourquoi ne pas le faire ? Ca fera un meilleur bouquin qui se vendra peut-être mieux. Cela dit, si le scénariste écrit à la truelle, on peut se demander pourquoi vouloir faire traduire ces œuvres, mais bon… En tout cas, de mon point de vue de lecteur, j’attends que la traduction reste la plus fidèle possible au texte d’origine en ne prenant des libertés que lorsque la fidélité est préjudiciable. Bien entendu, le rapport entre fidélité au texte et liberté créative doit être équilibré. C’est juste une question de positionnement de curseur.

L’exemple que tu donnes sur Le Bon, la Brute et le Truand est très bon. Si tu traduis, « when you want to shoot, shoot, don’t talk » par « quand tu veux tirer, tire, parle pas », c’est un peu lourdingue parce que le rythme de la phrase anglaise passe mal en traduction littérale. « Quand on veut tirer, on raconte pas sa vie », ça passe beaucoup mieux, mais il n’y a pas de réécriture là-dedans. L’intention est exactement la même. Il n’y a pas de connotations particulière à « on raconte pas sa vie » qui viendrait moduler l’intention initiale de l’auteur. En revanche, j’ai déjà vu des traductions où la traduction littérale passait très bien ou aurait pu être améliorée en toute neutralité, et où le traducteur a pris une option très différentes pour des raisons qui n’appartiennent qu’à lui. Or, ce qui n’appartient qu’au traducteur, je … m’en … tape. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui n’appartient qu’au scénariste. Chacun sa place dans le processus.

Pour faire un parallèle avec les doublages de film ou de série, j’en suis arrivé à un point où j’ai vraiment du mal à regarder un truc en VF. Quand ça m’arrive, je passe un temps de plus en plus long à faire passer le malaise d’entendre une voix qui n’est pas celle de l’acteur. J’ai même été jusqu’à aller télécharger la seconde saisons de Real Humans en VOST, car la première saison vue m’a été à moitié gâchée par le doublage en français. Pourtant, je ne pite pas un mot de suédois, qui, par ailleurs, n’est pas la langue la plus mélodieuse de la planète. Alors, bien-sûr, doublage audio et traduction sont deux problèmes différents, mais ça relève d’une même forme d’exigence qui est d’avoir accès au matériel d’origine avec un maximum de nuances possibles, qui soient celles présentes dans le matériel d’origine.

J’ai l’impression que l’on parle de 2 choses distinctes à vrai dire. On en parle pas mal en manga, il y a les traducteurs purs et les adaptateurs, après tout dépend de ce que l’on attend et souhaite, il y a les puristes et ceux qui souhaitent l’oeuvre adaptée à notre culture et à nos us de langages.

C’est deux écoles (je suis plus partisan de la seconde) après tout est affaire du choix de l’éditeur qui, je suppose, choisis le traducteur selon ses compétences.

Concernant le comics, je sais pas trop si on peut parlé de scantrad vu que je ne sais pas si ça existe, en tout cas ça m’a l’air très mineur tout ça.

Pour en revenir, sur le batman de Conway, j’espère qu’Urban le rééditera du coup, mais c’est étrange que ce scénariste soit finalement bien moins connu sur Batman, comment on peut expliquer ça?

Le scantrad pour les comics existe mais c’est en effet quelque chose de plus confidentiel que le mange. Pour ce que j’en ai vu c’est assez affreux en plus

Tu veux dire que son run est moins connu que ceux de certains de ses collègues sur Batman, ou que sa prestation sur ce perso est moins connu que ce qu’il a fait par ailleurs ?
Si c’est la deuxième option, j’imagine que la qualité et le succès de ce qu’il a fait par ailleurs, et surtout chez Marvel, a un peu éclipsé ce travail-là. J’imagine que pour beaucoup de gens, quand on pense à Conway on pense Spider-Man. Et pas que pour la mort de Gwen : il y est revenu plusieurs fois et à chaque fois il a fait du grand boulot. J’adore ses « Spectacular… » avec Sal Buscema, que l’on retrouve dans le « Classic » de ce mois.
Et même chez DC, à mon avis c’est plutôt la Ligue de Justice qui est son travail le plus réputé. Je parle de popularité, hein, pas de qualité intrinsèque.

Jean-Claude Zylberstein disait dans une interview qu’il y a deux sortes de traducteurs de littérature, celui qui traduit la lettre et celui qui traduit l’esprit. Et il ajoutait que, pour avoir travaillé avec les deux types de traducteurs, il préfère les seconds, qui chercheront à restituer l’intention du romancier, quitte à trahir la forme du texte (et c’est marrant, parce que, pas plus tard qu’hier, je cherchait une référence dans l’Ender’s Game de Card, et je comparais un chapitre en VO et en VF : et si le traducteur - Daniel Lemoine - se montre assez fidèle, il change complètement la ponctuation sur plein de trucs, voire sur l’articulation des paragraphes… passionnant à regarder, d’ailleurs).
Je suis un peu de l’avis de Zylberstein : si restituer l’intention du scénariste nécessite de triturer des choses, triturons.
Mais c’est un choix et une optique personnels, hein.

J’espère bien : le peu de scanntrad pour manga que j’ai vu passer, c’est une catastrophe.

Personnellement, je hasarderais qu’en France, on connaît bien mieux les prestations des scénaristes chez Marvel que chez DC (pour des raisons en partie évoquées dans le papier : régularité des parutions, traductions dans l’ordre…). C’est facile de repérer ce qu’il a fait sur Amazing Spider-Man (dans Strange chez Lug), sur Fantastic Four (dans Nova chez Lug), mais c’est déjà un poil plus dur de s’y retrouver dans ses Mighty Thor (dans Thor pocket et dans Thor collection Flash Color chez Arédit…).
Je pense même que ces runs n’ont pas tellement marqué la critique de qualité (comprendre : Scarce dans les années 1980-1990). Peut-être parce que les fondations de la culture comics, on les construit tous dans les VF, y compris les kadors qui faisaient Scarce en 1989. Le numéro spécial Batman qui était sorti à l’époque évoquait Adams, Englehart/Rogers, Breyfogle, mais point de Conway ou de Moench. Peut-être parce qu’ils n’avaient pas vraiment repéré le truc ? Parce que ces épisodes n’avaient pas fait l’objet de rééditions (contrairement aux Adams ou aux Rogers) ? Pourtant, avec Colan dans l’équipe, je suis étonné, rétrospectivement, que cette période n’ait pas fait l’objet d’articles plus approfondis (mais bon, j’ai pas tout lu non plus, bien sûr…).
Le dernier argument, je crois, c’est que la période Conway + Moench (six sept ans, un peu plus…) est coincée entre deux prestations fortes : celle d’Englehart et Rogers, qui redéfinit un max de choses et lance plein de pistes, et celle de Miller et Mazzucchelli, qui électrise complètement l’univers de Gotham. En gros, coincée entre deux trucs qui projettent une ombre gigantesque.
Le tort, la petite faiblesse de la prestation de ces deux scénaristes, c’est peut-être d’avoir continué sur la lancée d’Englehart, non pas dans l’esprit (aller chercher des vieux vilains, mettre le héros en danger, créer de longues sagas à chapitres courts, rameuter des personnages secondaires…), mais plus dans la lettre (Conway reprend Rupert Thorne, Hugo Strange, Deadshot…). Et encore, c’est une critique un peu méchante et qui ne tient pas tellement la route, puisque Conway apporte plein de choses intéressantes avec Alfred et Julia, développe un triangle amoureux assez dynamique…
Donc non, vraiment, je ne m’explique pas qu’on connaisse aussi mal.
(et je suis bien content d’avoir eu un peu de place pour évoquer cette période).

Pour la traduction, je ne sais pas trop.
Ce qui est disponible aujourd’hui, c’est des albums consacrés à Don Newton et Gene Colan. C’est de l’excellente came, sans conteste, mais fatalement, ils sont obligés plus ou moins de publier des récits qui se tiennent tout seul. Donc des one-shots, ou des sagas au sein d’une même série (j’imagine que l’épisode en hommage à Eisner est dans le tome consacré à Newton, sans doute avec les épisodes consacrés à Julia et quelques autres…). Mais quand on rentre dans la période où Conway puis Moench écrivait les deux séries et faisaient courir les récits de l’une à l’autre, c’est pas possible de les inclure au sein de bouquins centrés sur un dessinateur.
Je ne connais pas précisément le sommaire des bouquins consacrés à Newton ou Colan. Mais ils me font de l’œil depuis longtemps.
En revanche, ce qui serait pas mal, c’est que DC fasse des bouquins qui reprennent les périodes in extenso (sur le modèle de l’Epic Collection de Marvel, par exemple), ce qui permettrait d’avoir la saga des vampires, par exemple, dans un format lisible. Le peu que j’en ai lu, c’est vraiment sympa.

Jim

Tout à fait d’accord avec ton point de vue.

Oui là aussi je suis d’accord.

Toujours d’accord avec toi.

C’est aussi, crois-je, son run le plus long.
Mais j’avoue que Conway, si je l’associe à DC, je pense à Firestorm et à Secret Society of Super-Villains, personnellement… Mais en fait, il a travaillé sur mille choses, chez eux.

Jim

[size=150]VIENS DANS MON COMIC STRIP : LA LEGENDE INCONNUE DE BATMAN[/size]

1-LegendeInconnueCoverVF

Bon hier j’ai voulu chercher dans mes Grant morrison présente quand je me suis aperçu que je les avais prêté… (comme quoi ça sert un gestionnaire de collection xP) Cela dit concernant ton article Jim, il me semble que GM connait parfaitement cet épisode puisqu’il s’en sert aisément avec Docteur Hurt mais je me rappelle moyennement les circonstance et comment il le met en exergue, mais j’avais trouvé ça épatant… Comme souvent sur le Batman de Momo…

Le parallèle autour du costume est évident, mais je n’ai pas souvenir que Morrison ait cité cet épisode nommément.
Je pense effectivement qu’il le connaît. Mais (re-)lire cette mini-série à la lumière du boulot de Morrison (soit avec quelques vingt-cinq trente ans d’écart), c’est intéressant : Len Wein est déjà sur précisément les mêmes thèmes (la dépression, le fantôme du père…) et la même structure (synthétiser le passé en le revisitant…).
Faudrait que je relise pour voir si Morrison fait expressément référence à la série de Wein. Mais je ne crois pas.

Jim

Ces albums devaient être très épais, du coup, s’ils avaient réussi à faire tenir les pubs sur les dos ! ~_____^
À moins que tu ne parles des quatrièmes de couv’, mais cette erreur est curieuse de ta part, Jim…

Tori.

Gnagnagna…

Disons, la fatigue, l’émotion, la nostalgie, les mains moites…

[size=50]Ouais, bon, ça va, je vais corriger, rhôôô là là…[/size]

Jim

C’était juste de la taquinerie de ma part, hein ! ~____^

Mais on reprend tellement les gens qui parlent de la tranche en désignant le dos…
Pourtant, c’est facile : il suffit de penser que si l’on pose un livre sur la tranche, il ne s’ouvre pas.

Tori.

Sur le dos il ne s’ouvre pas forcément hein :wink:

En lisant les deux premiers épisodes de Manapul et Buccelatto sur Detective Comics, je me faisais la réflexion suivante : beaucoup de menaces et d’intrigues actuelles proviennent des années 1980. Tony Daniel aime beaucoup Black Mask, par exemple (qui apparaît aussi dans les épisodes de John Layman). Là, c’est le Squid qui revient. David Finch aime bien Killer Croc. Bref, tout ça, c’est des trucs exploités par Conway ou Moench.
Période donc assez méconnue en France, mais là, apparemment, on a pas d’auteurs qui doivent avoir la quarantaine et qui ont lu ça quand ils étaient gamins. Et donc ça ressort dans leur version du personnage. C’est assez intéressant parce que ça contribue à donner un cachet un peu pulp aux histoires, tout en renouvelant quelque peu la galerie de personnages. Notamment, les vilains (soit nouveaux, soit vieux mais réinterprétés) ont soit cette approche polar / pulp (Ignatius Ogilvy ou Snakeskin, c’est ça…), soit cette dimension scientifico-jamesbondienne de l’époque (Mister Toxic, par exemple, c’est un peu dans la lignée de Docteur Phosphorus ou du troisième Clayface).
Moi, j’aime bien ce balancement entre mafieux et super-vilains, ça fait un combo sympa.

Jim