YOUNG ROMANCE (Joe Simon / Jack Kirby)

Il y a tout juste un an, nous nous préparions à lancer notre première campagne de financement participatif avec Kirby&Me. Grâce à l’ensemble des soutiens sur Ulule et aussi grâce à tout ceux qui ont partagé l’information, nous avons pu mener notre projet à bout.

Pour 2018, nous avons décidé d’offrir aux fans de Jack Kirby l’occasion de découvrir une des séries majeures de l’auteur et injustement indisponibles en France jusqu’alors. Ce titre est YOUNG ROMANCE.

Au lendemain de son retour aux USA après avoir participé à la seconde guerre mondiale, Jack Kirby retrouve son ami et collègue Joe Simon avec qui il va créer de nombreux titres et ce, dans des registres différents.

YOUNG ROMANCE va rencontrer un succès colossal dès ses débuts et même atteindre certains mois des chiffres de ventes colossaux (supérieur à 1 million d’exemplaires !). Les différentes histoires développées et dessinées par les deux compères (qui avaient déjà marqué les esprits auparavant en créant Captain America) bénéficient d’un style moderne et un ton bien plus adulte qu’escompté. Enchaînant inlassablement les parutions, d’autres artistes rejoindront le duo comme Don Heck ou même Steve Ditko.

Pour notre premier projet de l’année (oui, on en a d’autres !), nous avons choisi YOUNG ROMANCE et nous sommes basés sur les ouvrages publiés en 2012 et 2014 aux éditions Fantagraphics. L’éditeur américain a restoré une quarantaine d’histoires qu’il a réuni en deux albums. Komics Initiative a choisi de réunir ces deux ouvrages en une seule intégrale, avec les épisodes publiés dans leur ordre chronologique de publication et accompagnés d’un contenu éditorial inédit, et bien sûr avec une finition que l’on veut aussi irréprochable que sur Kirby&Me.

Nous travaillons actuellement à la préparation de la campagne Ulule, qui arrivera courant février, d’une bande annonce et nous vous divulguerons la couverture prochainement.

2018 sera t-elle l’année romantique ? À vous de nous le dire !

Bon, je suis curieux en fait …
Je regarderai ce qu’ils proposeront comme demandes de subvention !

de la romance… Non merci ^^

C’est de la romance telle qu’on l’a vue dans Daredevil, X-Men,…?

  • (pensée) Oh Scott, j’aimerai que tes yeux se posent sur moi.
  • (pensée) Oh Jean, pourquoi ne me regardes-tu pas, et tu n’as d’yeux que pour Warren? Je n’ai aucune chance face à lui.

(tu peux remplacer Scott et Jean par Matt et Karen)

Young Romance dévoile sa couverture française !
Comme nous vous l’avions annoncé dans une news précédente : en 2018, nous vous proposerons un inédit de Jack Kirby : YOUNG ROMANCE.

Les amoureux de version originale savent peut-être que deux ouvrages ont été publiés aux U.S.A. chez Fantagraphics, bénéficiant d’une restauration soignée de chacune des pages. Pour le prochain défi dans lequel nous nous lançons, nous avons décidé de vous offrir la version française de YOUNG ROMANCE et ce, en un seul album !

Nous nous basons sur l’excellent travail réalisé par Michael Gagné pour réaliser un album qui contiendra pas moins de 38 épisodes ! Plus d’informations dans les jours qui viennent mais sachez-le, la Saint-Valentin approche :slight_smile:

Les spécialistes de la vieillerie en VO, vous en pensez quoi de ces épisodes ?

Que j’aime beaucoup la couverture ! :sweat_smile:

… Mais je suppose que ce n’était pas le sens de ta question.

D’abord, graphiquement, on a un Kirby au sommet de la « première période » de son art. Rien que ça, déjà, c’est dommage de passer à côté. Et l’édition Gagné / Fantagraphics présente un très beau travail de restauration, donc si c’est bien ce qui est repris pour la VF, c’est du tout bon.

Ensuite, même si c’est un argument qui en soi ne déplacera pas les foules, mais on peut quand même le mentionner : c’est d’un intérêt historique indéniable. La production de Kirby hors super-héros a été très peu éditée en France (euphémisme), et demeure largement inconnue sur nos côtes. Or non seulement le « King » a tâté de quasiment tous les genres, mais avec les romance comics, aux côtés de son acolyte Joe Simon, il en a tout bonnement inventé un – et un qui a est devenu le genre-roi du medium pendant presque une décennie (Fred le signalait, on parle de ventes à un million d’exemplaires le numéro…).

Reste l’intérêt des histoires en elles-mêmes. Là, je vais tout de même devoir être un peu plus nuancé.

Pour préciser, je ne connais que le premier des deux volumes Fantagraphics – et il semble que le second se concentre sur les toutes premières années (1947-49), alors que le premier proposait un panorama plus large. Remettre le tout dans l’ordre chronologique (quitte à déséquilibrer le « best of »), donnera peut-être une impression différente.

La vraie bonne surprise, ce sont surtout les épisodes des premières années.

D’une part, contrairement à l’image qu’on associe communément à l’appellation « comics à l’eau de rose » (la traduction usuelle par chez nous de l’expression romance comics), Simon et Kirby n’hésitent pas à donner dans des sujets qui « grattent » (à défaut de ceux qui fâchent : rien d’aussi « tabou » que l’homosexualité ou les relations interraciales, évidemment, n’exagérons rien…). Loin des clichés Harlequin avec beau PDG débarquant sur son cheval devant une secrétaire énamourée, Simon et Kirby sont animés par une volonté de réalisme, et un intérêt marqué pour les forces à l’œuvre dans la société qui viennent compliquer les voies du cœur.

D’autre part, peut-être parce que, justement, le duo invente le genre après en avoir expérimenté bien d’autres, les premières histoires qu’ils produisent tirent une part non négligeable de leur variété (et de leur intérêt renouvelé) du fait que la composante romantique y est hybridée avec d’autres éléments, même s’ils sont vus par le filtre des relations sentimentales : histoire criminelle, récit de guerre (une histoire particulièrement marquante met aux prises un soldat américain et une ex-nazie dans l’Allemagne en reconstruction au sortir du second conflit mondial), western…

Malheureusement, et c’est le bémol que j’apporterai, ces deux qualités se sont perdues avec les années. Pour commencer, on peut voir le genre se standardiser : ce qu’il gagne en spécificité, il le perd (pour ainsi dire) en originalité ; l’hybridation disparaît, mais la répétition et la lassitude s’installent. Mais le coup de grâce vient avec l’instauration du Comics Code en 1954, qui bannit des sujets comme les relations avant le mariage, l’avortement, le divorce, et plus généralement toute trace de tension sexuelle (même selon les critères des années 50 en la matière…), au profit de la mise en avant de « la valeur du foyer et la sainteté du mariage ». Même si ce ne sont sans doute pas les pires exemples de la production qui en a résulté, les dernières histoires présentées m’ont vraiment semblé assommantes et sans intérêt – même le dessin de Kirby s’y trouve assagi de force…

Bon, mais là je parle des sept dernières histoires sur la presque quarantaine que comportera le volume VF, avec, comme dit plus haut, une emphase mise dans la sélection sur les premières années, les plus intéressantes. L’un dans l’autre, je pense que ce volume sera assez fortement recommandable (ne reste plus qu’à savoir à quel prix il sera proposé…).

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Ouais, bon, ça, tu n’avais pas besoin de me le dire, c’est quasi-implicite !:wink:

Mais pour le reste, merci de l’info (vais moins résister, d’un coup)

Campagne Ulule

Hum … faut rajouter les frais de cochon …

Bon, j’ai craqué …

Pour info :

Plus que 19 préventes a minima pour lancer le bouquin …

Et hop, minimum atteint ! Le bouquin se fera … cool !:grinning:

Alors : https://fr.ulule.com/young-romance/news/on-continue-les-efforts-et-on-debloque-des-illustr-170240/

Pour les prochains paliers : « des illustrations inédites rendant hommage à YOUNG ROMANCE par Toni Fejzula, Fernando Dagnino et Dalibor Talajic. »

Palier 125% passé !

Je réponds un peu tardivement à ça. D’autant que Tonton Hermès a dit plein de choses très claires.
Grosso modo, c’est le lancement du genre. Donc Simon & Kirby font de l’équilibrisme entre les clichés permettant d’installer le genre (afin d’attirer les lecteurs par des schémas connus) et la liberté liée au fait que, justement, ils sont les premiers (et donc pendant une brève période les seuls) à le faire. Quelque part, ils sont dans le « test des limites », ils tâtonnent, ce qui donne une formule assez riche.
Bien sûr, par la suite, et malgré la production pléthorique du tandem, Kirby n’aura pas le temps de tout faire et sera de moins en moins présent dans les sommaires. Dans le même temps, le genre va se consolider, et donc trouver ses mécanismes (autres que visuels). Du coup, à la longue, ça va devenir plus plat.
Mais les récits du tandem sont super.
Ils présentent des femmes fortes, qui savent ce qu’elles veulent (même si ce qu’elles veulent correspond parfois, voire souvent, à une vision conservatrice de l’époque). Elles pleurent mais elles se redressent, et en cela elles annoncent les héroïnes des romance comics publiés par St John (et souvent dessinés par Matt Baker) genre Teen-Age Romances ou True Love Pictorial. Ces productions représentent un sommet, à mon sens, d’une part parce que c’est très beau (Baker, quoi…), et d’autre part parce que les héroïnes sont intéressantes, elles n’écoutent personne, elles font leurs choix et en assument les conséquences. Les productions de St John, c’est le milieu des années 1950, donc ça vient largement après, mais c’est à mon sens l’héritier le plus méritant, qui reprend les forces de la vision de Simon & Kirby.
Quant à l’aspect graphique, Young Romance, c’est la période où Kirby était encré souvent par Simon, avec des hachures vigoureuses, ce genre de choses. Personnellement, j’aime beaucoup, ils sont tous les deux en pleine forme. Leurs personnages sont très beaux, les décors sont riches, les couvertures racontent à elles seules des histoires.
Un sacré morceau, je dirais.

Jim

PS : c’est marrant, les textes qu’ils ont mis dans les bulles, sur la cover. Je ne sais pas s’ils laisseront comme ça dans l’objet fini, mais c’est rigolo.

Merci Jim, ça me conforte dans mon choix !

Les deux préfaces de l’édition Fantagraphics rappellent cette information, qui est en filigrane dans les deux textes mais qui n’est pas creusée davantage, à savoir que l’un des principaux, et derniers, magazines de « romance » de l’époque, édité par Street & Smith (zut, j’ai oublié le titre, un truc genre True Confessions Magazine) s’est arrêté l’année du lancement de Youg Romance. Si l’on pousse un peu plus loin le raisonnement des deux préfaciers, sachant que les comics se sont développés grâce à un transfert de lectorat en provenance des pulps et autres parutions, on peut donc en conclure que Young Romance a profité du vide suite à la disparition du genre sur d’autres supports. Et cela donne une nouvelle perspective aux chiffres ahurissants (cinq cent mille exemplaires pour le premier numéro, un million pour certains numéros des mois suivants…), témoignant du fait que Simon & Kirby sont parvenus à toucher un autre public : ils visaient le public des filles, mais il semblerait qu’ils aient touché un public, féminin peut-être, mais venu d’un autre rayon du kiosque.

Jim

Parallèle et hypothèse intéressants, merci Jim !

Je crois qu’il faudrait que je lise Love on the Racks: A History of American Romance Comics, le bouquin de Michelle Nolan, qui semble aller plus en profondeur dans l’histoire du genre. Bon, c’est pas comme si j’avais le temps, mais ça m’intéresse.

Je viens aussi de découvrir que l’excellent Romance Without Tears, compilation de récits de St. John orchestrée par John Benson, a une suite, ou plus exactement un « companion book », regroupant des entretiens, des biographies : Confessions, Romances, Secrets, and Temptations: Archer St. John and the St. John Romance Comics. Va falloir que je me renseigne.

Ah, que de choses à lire.

Jim