Fort de sa première grande aventure parmi les Justiciers, le scénariste Steve Englehart enchaîne aussitôt sur un autre récit au rythme trépidant. Et cette fois, on s’intéresse aux trois héros pour lesquels Hal Jordan s’inquiète à la fin de l’épisode précédent, à savoir Atom, Elongated Man et Aquaman.
Les trois héros sont en pleine mer. Tout semble aller pour le mieux, mais Atom, alias Ray Palmer, envisage de quitter son rôle de justicier costumé, à la grande surprise de ses équipiers. Là encore, Englehart s’appuie sur des événements de la continuité (ici, le fameux « âge de glace » qui a été au centre de Justice League of America #139, juste avant son arrivée) pour donner à son personnage des inquiétudes et une certaine profondeur.
C’est un des traits particuliers des épisodes d’Englehart : tout n’est pas rose dans l’équipe. Il y a des tensions, des jalousies, des orgueils blessés, des vies privées à reconquérir. Cela donne des dialogues assez intéressants (parfois un peu trop démonstratifs, cela dit), avec une dynamique de groupe innovantes. Cela permet aussi de mettre les différents membres tour à tour dans la lumière.
Mais alors qu’ils discutent, les trois héros assistent à la chute d’un vaisseau spatial, abattu par un poursuivant. Ils se précipitent au secours de l’appareil et découvre à l’intérieur une femme verte au langage étrange, qui parle d’elle-même à la troisième personne. Ce qui rappellera des souvenirs aux connaisseurs des travaux précédents du scénariste.
Cette femme, Willow, est poursuivie par un dénommé Construct, dont nous apprenons qu’il s’agit de la carapace abritant la conscience de tout ce qui est électronique. Sous la forme d’un robot géant, soi-disant omniscient (ce qui pose toujours des problèmes narratifs, mais bon…), il dirige une horde de robots plus petits qui traquent la jeune femme.
Cependant, Willow ne manque pas d’atout. Atom, à qui elle a demandé de l’accompagner dans sa mission (dont elle refuse de communiquer les tenants et les aboutissants), découvre qu’elle maîtrise à la perfection les arts martiaux. Voilà qui ne manquera pas de rappeler, là encore, quelques souvenirs aux lecteurs d’Avengers.
À Miami, Aquaman et Elongated Man affrontent un commando de robots à la solde du Construct, et détruisent l’appareil qui tue la population. C’est à ce moment que les autres héros, de retour de mission après les deux épisodes précédents, rentrent dans la danse. Et d’ailleurs, c’est en mettant en scène ces héros fatigués qu’Englehart fait bouger l’équipe, notamment autour du comportement parfois piquant de Wonder Woman. S’appuyant toujours sur les « Douze Travaux », il met en scène une Amazone qui refuse d’être considérée comme une demoiselle en détresse, ce qui fait réagir (et penser : les bulles de pensées sont fréquentes à cette époque) ses équipiers.
De leur côté, Willow et Atom arrivent enfin sur l’île où se trouve le but de la quête (ou du « pèlerinage », comme elle le dit elle-même) de la femme verte. Le mystère s’épaissit autour d’elle, Atom comprend qu’elle vient de la Terre mais s’interroge, et avant d’avoir des explications, le Construct se manifeste sous la forme d’une statue composée de minerai. Là encore, les dialogues d’Englehart ont une connotation un peu méta : le Construct dit à Willow : « Les noms changent, les corps changent… mais l’âme ne peut se dissimuler ! » Clin d’œil évident à cette combattante émeraude que le scénariste emporte avec lui d’éditeur en éditeur.
Le duel entre la vie et la mort, entre le biologique et le métallique, se poursuit, jusqu’au moment où Atom réduit sa taille à l’échelle atomique, pénètre dans la statue que le Construct anime à distance puis le fait exploser de l’intérieur.
L’action a redonné confiance à Atom qui renoue avec son rôle de justicier. Quant à Willow, elle dévoile quelques secrets de sa vie à son allié de circonstance : l’ancienne Terrienne a rencontré un être cosmique dont elle porte l’enfant, et incarne une promesse de vie pour la création tout entière, ce qui fait d’elle un ennemi des êtres artificiels et mécaniques.
À la lecture de cet épisode, on peut se demander quelles idées Englehart a récupérées de ses plans destinés à la série Avengers ? Willow est clairement une nouvelle incarnation de sa création Mantis, mais projetait-il de la faire revenir sur Terre ? Le duel Willow / Construct dissimule-t-il l’esquisse d’un combat opposant Mantis à Ultron, par exemple ? Avec Ant-Man au centre de l’affaire ?
Jim