PUNISHER (Vol.7) #37-42 : L’HOMME DE PIERRE
A l’issue de l’attaque, commanditée par des généraux des Etats-Unis, du Punisher dans une base russe, le Général Zakharov, qui la dirigeait et qui avait compris que les Américains étaient dans le coup, a été mis au placard (enfin, dans un frigo) pour avoir un peu trop enquêté sur ces évènements… ce qui dérangeaient fortement le Kremlin qui souhaitait surtout faire l’autruche. Mais le Général, ex-criminel de guerre soviétique, ne comptait pas laisser cela de côté, et à force de renseignement, chope Rawlins (devenu borgne après la débâcle Cavella), qui finit par lui dire que l’homme qui a entraîné sa disgrâce est le Punisher. Les deux hommes se trouvent donc un point commun de vengeance, même si Rawlins est presque considéré comme un prisonnier non attaché, et ce dernier prévoit d’enlever son ex-femme, l’ex-agent Kathryn O’Brien afin d’attirer Castle. Sauf que celle-ci est partie dans une croisade contre ses 6 anciens violeurs afghans (dix ans plus tôt)… et finit par se faire attraper par le S.A.S., au nez et à la barbe des Russes, car certains des 3 derniers encore en vie étaient sous protection britannique.
Entre temps, le Punisher apprend de la bouche d’un mafieux russe à New-York que son amante d’une mission est recherchée par Zakharov… qu’il voit à la télé, en Afghanistan, théâtre des exactions passés du Général, du temps où il était soviétique.
Castle arrive à retrouver O’Brien, par le biais de Yorkie, qui allait la tuer sur ordre des Américains. Il la rejoint en Afghanistan, et c’est là que commence un jeu de chat et de souris dans les montagnes afghanes, où le Punisher se laisse attraper pour éviter des victimes innocentes, mais arrive à s’échapper tout en provoquant indirectement la libération de Rawlins, qui laisse un Zakharov brisé dans le désert.
Le Punisher, qui a vu O’Brien se faire tuer « bêtement » par une mine, retrouve le général, et l’achève, tout en ayant eu des informations sur la nouvelle identité de Rawlins.
De retour en ville grâce à Yorkie, Castle exauce deux vœux d’O’Brien : il tue ses derniers violeurs encore vivants, ainsi que Rawlins qu’il trucide dans les toilettes de l’aéroport de Kaboul.
Cet arc, publié entre la fin de l’année 2006 et le début de l’année 2007 (d’après les couvertures), montre bien qu’Ennis sait faire durer ses personnages, et les exploiter jusqu’à la moelle. Outre le fait qu’il fasse à nouveau voyager Castle, histoire d’alterner entre New York, les autres Etats américains et le reste du monde, l’auteur fait le ménage dans ses créations et ferment des boucles, qui ont duré quelques arcs. Un enchevêtrement d’épisodes et de relations assez intéressant dans ce petit monde de barbouzes, et assez difficile à résumer (j’espère que vous avez compris)
Au-delà de tout cela, on voit la confirmation de l’opportunisme sans foi ni loi de Rawlins, de l’abnégation d’O’Brien (et pour qui, le Punisher finissait par avoir un petit faible… une des rares fois où il avoue une telle chose) et de l’absence de tout aspect politique chez le général Zakharov, prêt à renverser la table du Kremlin et du Bureau ovale pour que justice soit faite et la vérité soit dite. Indirectement, outre sa monstruosité barbare envers les civiles afghans, les deux derniers ont véritablement des points communs avec le Punisher.
Et Ennis a vraiment pris le temps de travailler les protagonistes, car même Yorkie, qu’on ne reverra sûrement pas dans son costume militaire, a fait part de ses états d’âme sur sa mission dans ce pays. Cela permet à Ennis d’exprimer sa réflexion sur le développement des guerres par les occidentaux dans cette région, que ce soit avant ou après le 11 septembre. La critique de la politique des Etats-Unis, comme celle du Royaume-Uni sont clairement évoqués à travers Yorkie. Mais pour autant, les actes de guerre de toutes sortes, pour des populations innocentes.
Comme souvent avec Ennis, il n’y a pas d’innocent dans son histoire (même Yorkie qui ne fait que suivre les ordres) et les portraits qu’il décrit ne sont pas reluisants, et peut être même réalistes (même dans l’horreur présentée).
Léandro Fernandez reprend du service, sans encreur cette fois-ci. On retrouve toujours aussi bien son niveau de détail, que ce soit dans les décors (qu’il a dû étudier, car ça ressemble quand même à ce qu’on peut voir « à la télé ») ou dans les armes et hélicoptères utilisés. Sa narration est limpide, malgré les allers-retours qu’a pu faire Ennis dans les 1ers épisodes, et sa construction des pages privilégie surtout des bandes. Les explosions, actes de cruautés, sont bien présentés, et on sent bien que les auteurs ont soigneusement choisi ce qu’il allait montrer ou suggérer … avec ou sans sang.
Une saga intéressante parce qu’elle reprend plein d’éléments utilisés par Ennis, mis de côté par moment, et le tout, avec une logique préparée en amont.
Sans parler de l’avis d’Ennis sur cette guerre post-11 septembre.