Pas vraiment, en effet.
PUNISHER (Vol.6) #18 : BELFAST
La fin d’année n’était pas si terminée que cela pour la série, car le 18ème numéro sort également en décembre 2002, avec la particularité d’être, jusqu’à présent, peut être le plus politique depuis que l’auteur officie sur le personnage. Et de situer son action en Europe, en Irlande du Nord plus précisément.
Un sauvage et violent règlement de compte sur un trafiquant de drogue à New York a amené Frank Castle jusqu’à Belfast. L’un de ses anciens compagnons du Vietnam, actuellement au MI6, le rencarde sur la situation politique du pays, mais aussi sur l’instabilité sécuritaire de la ville. Il lui donne le nom d’un indic local qui lui fournira une arme, et surtout, lui permettra de commencer à dérouler le fil jusqu’au responsable du meurtre. Et c’est évidemment ce qui arriva, mais pas sans mal (et dégâts) pour l’ensemble des personnes qui l’informeront, car peu vont s’en sortir.
Le meurtrier est un pro-Irlande, mais la drogue intéressait aussi un loyaliste, et le Punisher va donc se retrouver entre les deux camps, mais va rapidement prendre l’ascendant sur les deux hommes, avec une scène finale dont Garth Ennis à le secret.
En première lecture, j’avoue que cet épisode m’a un peu surpris, car je me demandais bien ce que le Punisher venait y faire. Et puis une relecture, ainsi qu’un peu de recherches, m’ont apporté des éclaircissements.
J’avais un peu oublié, mais les années 80-90 (et encore plus avant, mais « j’t’aispasné ») étaient en partie rythmés par le conflit avec l’IRA (j’ai souvenir d’informations régulères à la radio). Et puis, fin des années 90, le processus de désarmement était enclenché, mais quelques réminiscences de guérillas urbaines subsistaient, jusqu’au tout début des années 2000 (époque de cet épisode). Même si d’extérieur, cela paraissait plus calme, les organisations se finançaient par des trafics, des rackets, … et c’est bien cela qu’évoque ici Garth Ennis. Mais le scénariste nord-Irlandais nous en dit plus, car, si de ma fenêtre, c’est l’IRA qui générait ces exactions (pour les raisons que l’on sait), du côté des Loyalistes et consorts, c’était guère mieux. On reconnait d’ailleurs sa précision militaire, puisqu’il évoque avec netteté tout un tas de factions distinctes, avec leurs subtilités politiques.
Il évoque également la vie à Belfast, avec, par exemple, une rue pour chaque camp. Et puis la fin de l’échange avec l’espion du MI6 est très éloquente sur ce que pense Ennis des Anglais, même si lui, semble vraiment prôner une paix urbaine (car même le Punisher est déjà fatigué par cette ville, qui est comme lui, en permanence en guerre). On sent l’auteur marqué, lassé par cette situation, et il évoque à plusieurs reprises une jeunesse violente, malgré eux. Même si le Punisher se la joue bourrin et sans concession (d’ailleurs, je ne suis pas sûr d’avoir compris pourquoi il avait tué l’indic qui était rangé des voitures depuis des dizaines d’années), l’épisode a finalement plus de subtilités qu’on pourrait le croire.
L’épisode est dessiné par Steve Dillon, qui s’encre encore une fois lui-même. Qualité aussi égale que pour l’épisode précédent, il dépeint vraiment la ville comme une zone de guerre, en mettant assez de détails en arrière-plan pour montrer tout le bazar que le met le Punisher dans balade nocturne irlandaise.
J’aime bien aussi l’expressivité un peu basique (il n’y a pas tant de variétés que cela, quand on fait la somme des visages qu’il dessine), qu’il donne aux personnages. Je trouve que ça renforce les scènes. Et puis toujours cette facilité de lecture, très fluide.
PS : je ne suis pas sûr qu’Ennis ait beaucoup écrit sur ce sujet, à l’époque (sa première histoire en parle, me semble-t-il). Ni même aujourd’hui.
Voilà, je savais que mon appeau allait fonctionner.
Le co flit irlandais rransparait dans ces hellblazer avec Kit et son ex.
Ah merci. Ils étaient dans le dur, à cette époque, en plus.
Peyer.
J’ai un bon souvenir de cette guerre des taxis.
Jim
Merci. J’ai corrigé.
C’est grotesque, en fait.
Ce qui me paraît fou, c’est que ce conflit me paraît resolu.
La guerre des taxis ?
Comme je suis tête en l’air, j’ai oublié de parler d’un truc. Donc, il est admis pour Ennis (et Dillon) que le Punisher ne vieillit pas ou peu (ou alors, il se teint les cheveux). En effet, son comparse qui était avec lui au Vietnam a bien vieilli, ses cheveux sont blancs et gris, et il a une allure de quelqu’un qui a vécu. Certes, le Punisher s’entretient physiquement, mais le décalage est assez rigolo.
MARVEL KNIGHTS DOUBLE SHOT #1 : RACINES
Je ne pouvais pas finir l’année 2002 sans (ré)évoquer* une petite douceur concoctée par Garth Ennis, accompagné de Joe Quesada au crayon. Alors, l’histoire est assez simple : Don Signore est chez le dentiste pour se faire soigner de caries, et le Punisher débarque. Evidemment, les gardes du corps ne font pas un pli, et le Don, dans une position assez fâcheuse, n’a pas la possibilité de se défendre et se voit donc obligé de répondre aux questions de Castle, qui se fait un plaisir de le torturer pour chacune d’elles, avant de fini par le tuer.
Ces onze pages sont mémorables de part le point de vue choisi par Ennis et Quesada. C’est comme si une caméra avait été installée sur la luette et on voit donc toute la cavité buccale du Don, caries incluses, et évidemment, le Punisher qui lui parle, puisqu’il a la bouche ouverte.
Evidemment, le scénario veut que l’on voit les dents partir les unes après les autres, à l’aide d’outils bien connus du dentiste (et le Punisher sait bien les utiliser). Et le tout est agrémenté par le quasi monologue du justicier, pervers et sadique en diable.
On reconnait bien le style de Quesada de l’époque, et pour agrémenter le tout, il choisit de ne jamais montrer les yeux du Punisher, sauf à la toute fin. On pourrait regretter qu’il lui laisse la bouche fermer en permanence, mais c’est peut être pour ajouter cette sensation « d’amusement » que peut ressentir le personnage. En tout cas, le côté réaliste de la cavité est bien rendu et l’effet est garanti !
*Jim et Artie en parle déjà ici.
Le Punisher fait un détour (et le regrette sans doute) dans Terror #6, par Jorge Zaffino :
Jim
Aussi. Mais surtout le conflit nord-irlandais.
Fred Steinmetz, faut que tu ressortes ton méme.
Moi, j’ai celui-là :
Tori.
Brad Walker :