Western
Long métrage américain
Réalisé par Delmer Daves
Scénarisé par Halsted Welles d’après une nouvelle de Elmore Leonard
Avec Van Heflin, Glenn Ford, Felicia Farr, Henry Jones, Richard Jaeckel…
Titre original : 3:10 to Yuma
Année de production : 1957
There is a lonely train,
Called the 3: 10 to Yuma.
The pounding of the wheels,
Is more like a mournful sigh.
There’s a legend and there’s a rumour.
When you take the 3: 10 to Yuma,
You can see the ghosts,
Of outlaws go riding by, (riding by)
In the sky (in the sky),
'Way up high.
Dans la deuxième moitié des années 50, la plupart des westerns étaient tournés en couleurs. Pour sa cinquième incursion dans ce genre très populaire, le réalisateur Delmer Daves a opté pour le N&B, son chef-opérateur Charles Lawton Jr (L’Homme de l’Arizona) ayant utilisé différents filtres pour conférer aux magnifiques paysages naturels un aspect désespérément sec qui insiste bien sur la vague de chaleur et la terrible sécheresse qui frappe la région. Inspiré par une nouvelle de Elmore Leonard, 3h10 pour Yuma a pour coeur l’affrontement psychologique entre deux personnages très différents.
Dan Evans est un fermier qui peine à joindre les deux bouts à cause des difficiles conditions climatiques. Et les choses ne s’arrangent pas quand son troupeau est détourné par un gang qui s’en sert pour ralentir l’avancée d’une diligence. En compagnie de ses deux fils, Dan assiste au loin au meurtre du conducteur et même s’il sait bien qu’il ne pouvait rien faire, il est pris de remords. Van Heflin avait déjà joué le même genre de rôle dans L’Homme des Vallées Perdues mais il ne se répète pas ici grâce à une écriture nuancée qui ne résume pas le parcours de Dan à une fierté excessive.
Le propriétaire terrien avait été proposé à Glenn Ford (Gilda, Graine de Violence…) mais ce dernier a insisté pour incarner le bandit de grand chemin Ben Wade. Le chef de gang se montre méthodique et froid dès sa première apparition mais il est plus que cela car il se révèle aussi manipulateur qu’enjôleur…et même sympathique par moments, à sa manière particulière. Glenn Ford le joue avec une certaine retenue, ce qui est judicieux car il n’a pas besoin d’en faire trop pour appuyer sur le côté un peu plus pervers de Wade.
Très confiant (au point de s’éloigner un temps de son équipe pour séduire une serveuse esseulée…scène de séduction qui ne manque pas de sensualité pour l’époque, en privilégiant les gros plans), Ben Wade commet une erreur et se fait arrêter. Il n’est pas inquiet pour autant car il sait que ses hommes ne le laisseront pas tomber (son second est campé par le solide Richard Jaeckel, vu notamment dans Les Douze Salopards). Parce qu’il a besoin de l’argent de la prime, Dan se porte volontaire pour conduire Ben Wade vers la ville voisine…et d’y attendre le train de 3h10 pour le pénitencier de Yuma…
Chaque western de Delmer Daves avait son identité propre. Ainsi La Flèche Brisée, sorti en 1950, était le premier western pro-indien. Avec 3h10 pour Yuma, il a injecté des éléments de thriller à un récit maîtrisé qui démarre dans des grands espaces superbement filmés avant d’être confiné à l’espace réduit d’une chambre pour la plus grande partie de son dernier acte qui tourne autour d’un duel presque psychanalytique, où les mots peuvent bousculer et faire très mal. La tension est palpable, rapprochant les deux protagonistes, qui ont appris à se respecter malgré leurs caractères diamétralement opposés, tout en préparant à l’étonnant final aux allures de fable symbolique.
3h10 pour Yuma a eu droit en 2007 à un très bon remake réalisé par James Mangold et dans lequel Russell Crowe et Christian Bale ont repris respectivement les rôles de Ben Wade et Dan Evans.
When the 3: 10 to Yuma whistles its sad refrain.
Take that train
Take that train.