REALISATEUR
Budd Boetticher
SCENARISTE
Burt Kennedy, d’après une nouvelle d’Elmore Leonard
DISTRIBUTION
Randolph Scott, Maureen O’Sullivan, Richard Boone, Arthur Hunnicutt, Henry Silva…
INFOS
Long métrage américain
Genre : western
Titre original : The Tall T
Année de production : 1957
Deuxième collaboration entre l’acteur Randolph Scott, le réalisateur Budd Boetticher et le scénariste Burt Kennedy après l’excellent Sept hommes à abattre, L’Homme de l’Arizona (The Tall T en version originale) ne commence pas directement dans l’action comme d’autres entrées du Cycle Ranown. Le scénario prend d’abord quelques minutes pour présenter les protagonistes, sur un ton plutôt léger. Randolph Scott joue Pat Brennan, un brave éleveur qui tient une ferme avec ses modestes moyens. Parce qu’il a besoin d’une vache, il retourne voir son ancien patron en espérant pouvoir en acheter une.
Pat Brennan se présente dans un premier temps comme un personnage plus lumineux que la plupart des autres rôles de Randolph Scott. Ses discussions avec l’employé du relais, le fils de celui-ci et son vieil ami Rintoon joué par Arthur Hunnicutt (La Captive aux Yeux Clairs) sont décontractées et permettent de bien cerner le caractère du bonhomme. Avec un sourire presque enfantin, Brennan se laisse embarquer dans un pari un peu stupide et perd son cheval. Mais cela n’entame pourtant pas sa bonne humeur et il repart chez lui à pied…
Heureusement pour lui, Pat ne fera pas tout le chemin seul sous la chaleur du désert. Il est récupéré par une diligence conduite par son ami Ed Rintoon, une voiture particulière réservée par le couple Willard et Doretta Mims, la fille d’un riche propriétaire terrien. Pat se prépare à quitter ce beau monde au relais…et c’est là qu’après un quart d’heure, le ton du film change du tout au tout. Les voyageurs sont accueillis par une bande de malfrats qui ont tué les occupants du lieu et se préparaient à attaquer le convoi postal, prévu dans l’heure suivante. Rintoon est abattu, mais pour sauver sa peau Willard Mims décide de « vendre » sa femme en leur proposant d’extorquer une somme d’argent auprès de son beau-père…
Inspiré par une nouvelle d’Elmore Leonard (qui était ici adapté pour la première fois au cinéma), L’Homme de l’Arizona devient une sorte de « huis-clos à ciel ouvert »…comme souvent chez Boetticher, le nombre de protagonistes est réduit et ils s’affrontent ici dans une sorte de pièce de théâtre au décor minimaliste ou chacun semble avoir un rôle précis à jouer…à quelques détails près. Car le héros montre progressivement un autre visage que dans les premières minutes dans ce compte-à-rebours pour la survie (il faut dire qu’il a perdu trois de ses rares connaissances en peu de temps) et le portrait du méchant, très bien interprété par Richard Boone (L’Homme qui n’a pas d’étoile), est nuancé.
Dans le rôle féminin, on retrouve Maureen O’Sullivan, la Jane des Tarzan de Johnny Weissmuller, qui campe un personnage qui peut paraître ingrat de prime abord (Doretta est constamment critiquée sur son physique et l’actrice a du aussi faire face à ces remarques après avoir été jugée trop vieille pour le rôle à seulement 45 ans) mais dont l’attitude désespérée finit par toucher. Skip Homeier (qui jouait le frère de Randolph Scott dans Dix Hommes à abattre) et l’inquiétant Henry Silva (dans un de ses premiers longs métrages) complètent cette distribution de qualité.
Ce suspense tendu et maîtrisé étonne par sa noirceur ainsi que par la violence sèche de son final, pas si courante dans un western américain des fifties. Une mécanique parfaitement huilée par un « petit » maître du genre alors dans la meilleure période de sa carrière…