ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (Norman Z. McLeod)

Fantastique
Long métrage américain
Réalisé par Norman Z. McLeod
Scénarisé par Joseph L. Mankiewicz et William Cameron Menzies, d’après l’oeuvre de Lewis Carroll
Avec Charlotte Henry, Richard Arlen, Roscoe Oates, W.C. Fields, Cary Grant, Gary Cooper, Raymond Hatton…
Titre original : Alice in Wonderland
Année de production : 1933

Les aventures fantastiques de la petite Alice, l’héroïne créée par le britannique Lewis Carroll en 1865, ont été adaptées au cinéma dès l’ère du muet avec deux courts en 1903 et 1910 et un premier moyen métrage en 1915. La série des Alice Comedies, hybride d’animation et de prises de vues réelles imaginée par Walt Disney, est parfois rattachée à la liste de ces adaptations de par le nom de la petite fille et le titre du premier épisode (Alice’s Wonderland) mais le lien est vraiment ténu et ne va pas plus loin que le simple clin d’oeil. Au début des années 30, le centenaire de la naissance de Lewis Carroll a donné lieu à plusieurs célébrations, des références dans différents longs métrages et cartoons, des pièces de théâtre et le développement de nouveaux films.

Le tout premier Alice au Pays des Merveilles du parlant est une production indépendante à petit budget sortie en 1931 et réalisée par un certain Bud Pollard, metteur en scène canadien à la courte carrière. Après ce film passé un peu inaperçu, la Paramount fut le premier grand studio à proposer sa propre version. La réalisation a été confiée à Norman Z. McLeod, auréolé des succès de Monnaie de Singe et Plumes de Cheval avec les Marx Brothers, et le scénario à Joseph L. Mankiewicz (qui fut longtemps scénariste avant de passer derrière la caméra à partir de 1946) et William Cameron Menzies, directeur artistique de talent (Le Voleur de Bagdad, Autant en emporte le vent…) qui s’est également occupé des décors de ce étrange voyage dans le monde au delà du miroir.

La Paramount a mis quasiment tous ses acteurs sous contrat au générique d’Alice au Pays des Merveilles, des prolifiques seconds rôles quasiment oubliés de nos jours aux nouvelles têtes qui deviendront de grandes stars. Mais comme ils sont quasiment tous méconnaissables sous leurs costumes et épais maquillages, le générique début doit être l’un des plus longs de cette période afin de faire défiler le trombinoscope. Ce qui était bien utile car il faut être habitué aux véritables voix des comédiens pour reconnaître le comique W.C. Fields en Humpty-Dumpty, Gary Cooper en chevalier blanc maladroit et surtout le séducteur Cary Grant en simili-tortue !

L’histoire mélange des éléments des Aventures d’Alice au Pays des Merveilles et De L’Autre Côté du Miroir. Le film débute en effet sur la vision d’une Alice (premier rôle en tête d’affiche de Charlotte Henry, vue notamment dans Huckleberry Finn et Charlie Chan à l’opéra) en train de s’ennuyer car elle ne peut pas sortir à cause du mauvais temps. Elle s’endort alors dans son fauteuil et rêve qu’elle passe de l’autre côté du miroir du salon…première étape de la découverte d’un univers extraordinaire dans une suite de séquences un peu décousues qui piochent dans les deux romans pour nourrir les rebondissements de l’errance onirique d’Alice.

L’ensemble est inégal, Norman Z. McLeod et ses auteurs peinant parfois à restituer la folie et le non-sens qui caractérisent le Pays des Merveilles. Si les décors sont soignés et donnent souvent l’impression d’ouvrir un livre animé, les maquillages ne sont pas toujours convaincants, certains personnages étant même très chargés (et donc assez laids…le Chat du Cheshire faire encore une fois un peu pitié) de ce point de vue. Mais même si cette version n’a pour moi pas le charme de celles de 1949 et 1951, elle réserve tout de même quelques scènes joliment fantaisistes (comme la traversée du miroir et la rencontre avec les pièces d’échec vivantes) et un très réussi segment cartoonesque signé par le studio Harman-Ising pour illustrer le poème du Morse et du Charpentier.

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Ah, Alice au Pays des Merveilles, un classique ! :smile:

J’ai vu quelques versions, mais celle-ci de 1933 semble bien spéciale avec tout ce beau monde au générique. C’est marrant de voir des acteurs connus dans des rôles si différents. C’est vrai que le Pays des Merveilles peut être difficile à rendre à l’écran, mais ça reste toujours un voyage sympa. Ce mix des deux romans doit apporter une belle variété d’aventures.

En tout cas, merci pour le partage des images, ça donne un bon aperçu !

Je l’avais vu il y a longtemps. Il ne m’a pas laissé beaucoup de souvenirs, peut-être à cause des maquillages outranciers que tu évoques.
Aurais-tu une photo du chat car je ne me souviens pas de lui?
En revanche je me rappelle de W.C. Fields en Humpty-Dumpty.

J’avais préféré le film de Lou Bunin que j’ai vu lui aussi. Feras-tu une chronique sur ce film?

Tu m’as donné envie de relire le livre que j’ai dans une traduction d’Anne-Marie Ramet (parue en 1948 aux éditions Hazan) qui a, selon moi, l’avantage de respecter au plus près les mots-valises de Lewis Carroll et, donc, de s’accorder aux dessins de Tenniel (dessins qui ont nettement inspiré Tim Burton pour son film).

ginevra

Alors que les dessins de Carroll sont bien moches, eux… J’ai une édition avec ses dessins et c’est là qu’on voit que confier les illustrations à Tenniel était une très bonne idée !

Je ne suis même pas certain d’avoir encore un édition en français, tiens, tant je trouve qu’on y perd énormément (rien que des trucs comme « curiouser and curiouser » sont compliqués à traduire, alors les mots-valises ou les jeux de mots…).

Tori.

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Déjà fait…^^

Oups, j’avais zappé… Merci.

ginevra