AU-DELÀ DU RÉEL (Ken Russell)

V1

REALISATEUR

Ken Russell

SCENARISTE

Sidney Aaron, d’après le roman de Paddy Chayefsky

DISTRIBUTION

William Hurt, Blair Brown, Bob Balaban, Charles Haid…

INFOS

Long métrage américain
Genre : fantastique
Titre original : Altered States
Année de production : 1980

Edward Jessup (William Hurt dans son tout premier rôle au cinéma) est un spécialiste en psychopathologie qui étudie la schizophrénie. Avec l’aide de deux amis scientifiques, il commence à expérimenter sur la privation sensorielle en utilisant un caisson d’isolation (une idée inspirée à l’auteur Paddy Chayefsky par les expériences de John C. Lilly, médecin et neuroscientifique, figure de la contre-culture californienne des années 70 qui a fait la même chose sous l’influence de drogues comme la mescaline et le LSD). Jessup est alors assailli par des hallucinations qui portent bien la signature du britannique réalisateur Ken Russell (Les Diables, Tommy…) qui dirigeait là son premier long métrage américain (il a eu un peu de mal à retrouver un projet après l’échec de Valentino en 1977)…

Ces hallucinations et leur imagerie particulière ont un côté assez daté…et même parfois un brin ridicule…mais le film ne manque pas de trouvailles visuelles intéressantes, très marquées par la « patte » de Ken Russell. Lorsque Jessup et sa future femme Emily se rencontrent pour la première fois, c’est dans une lumière très intense, presque aveuglante. Et même la scène de sexe est éclairée comme si elle prenait place dans les entrailles de l’enfer…

Le récit connaît alors une ellipse de 7 ans. Edward et Emily, qui ont eu deux enfants (dont l’une est jouée par Drew Barrymore dans son premier film, deux ans avant E.T.), sont sur le point de divorcer. Jessup est toujours obsédé par ses recherches, son exploration de Dieu, du cerveau humain, de la place de l’homme dans l’univers. Et cela passe par un voyage au Mexique, un trip qui va lui permettre d’atteindre d’autres états altérés de conscience en utilisant des champignons hallucinogènes…et d’ailleurs Ken Russell a également admis qu’il a essayé des champignons en travaillant sur le film. Ce qui explique peut-être le tournant que prend la deuxième moitié du métrage…

Jessup devient persuadé que notre moi primal est enfoui dans les profondeurs de notre cerveau et qu’il est possible de l’atteindre avec la bonne association de « champignon magique » et de privation sensorielle. Le savant va tellement loin qu’il connaît une sorte de « régression » (on passe au body horror avec des effets de maquillage très convaincants par Dick Smith) avant de se transformer littéralement en homme des cavernes sautillant. Et là on vire carrément au remake de film de monstre des années 50…

Aussi inégal que fascinant par les concepts développés, Au-delà du Réel est un long métrage étonnant qui a connu une production difficile, l’oscarisé Paddy Chayefsky (Marty, Network…) s’étant mis à dos le premier réalisateur (Arthur Penn, qui a quitté le projet alors que le tournage allait commencer) avant de s’en prendre régulièrement à Ken Russell qui a du l’éloigner des plateaux. Chayefsky a alors demandé à ce que son nom soit retiré du générique (le scénariste Sidney Aaron, c’est lui) alors que selon le réalisateur et les acteurs, son script a été en grande partie respecté.

Même le final donc, qui propose une vision très spéciale de la réunion du couple après la dernière immersion dans le caisson. Une étrange expérience que cet Au-delà du réel (à ne pas confondre avec la vieille série TV)…fallait peut-être prendre quelques champis avant le visionnage…

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Film étrange, quand même. Je l’ai revu il y a quelques années, et il me laisse toujours aussi perplexe.

Jim

J’adore ce film, et j’ignorais pourtant que Arthur Penn avait un temps travaillé dessus ; étonnant !!
Même si le postulat « scientifique » du film paraît un peu tiré par les cheveux, le film aura tout de même une descendance assez pléthorique, du cinéma à la BD en passant par la musique (les groupes Neurosis et Godflesh ont cité le film de Russell comme source d’inspiration) ; je me souviens même d’un épisode de « Dr House » qui convoque le fameux caisson de privation sensorielle et cite par la même occasion, nommément, le film.

Dans les scènes les plus foutraques, Russell tente des trucs de montage assez fabuleux : j’ai cette image gravée dans la rétine d’un champignon atomique qui tient dans une main humaine, par la grâce d’un montage presque stroboscopique.

A défaut d’être un chef-d’oeuvre (trop inégal et « disharmonieux » pour ça), ce film est passionnant et constitue une authentique curiosité. Peut-être en effet que sa vision demande quelques, euh, adjuvants pour que le fête soit plus folle. :stuck_out_tongue_winking_eye:

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Sans parler de sa « récupération » dans la série Fringe.

Jim

Ah je savais pas ça, ou j’ai oublié… J’ai vu que la première saison de « Fringe ».

Diable : si tu as l’occasion, va plus loin !

Jim

Oui, je sais que c’est une série très chouette, et je ne me rappelle plus pourquoi je n’avais pas été à l’époque au-delà de la saison 1 que j’avais d’ailleurs trouvé très chouette. Une énième lacune à combler…

Carrément d’accord avec Jim sur Fringe, n’hésite pas. Je suis en train de me refaire l’intégrale et c’est une nouvelle fois un véritable plaisir (ça fera mon troisième visionnage de surcroit).

En intégrale, je ne crois pas avoir vu autant de fois. Et surtout pas d’un coup. J’ai suivi les saisons, ce qui a induit du temps entre chacune pour la première vision.

Jim

C’est ce que j’avais fait pour mon premier visionnage, au fur et à mesure de la diffusion en VOST … puis en VOST l’intégrale et je m’essaie à la VF que je ne trouve pas si mal pour le coup.

Petite remonté. Je viens de découvrir le film et j’ai une impression assez agréable d’avoir vu une œuvre qui a infusée ensuite dans pas mal de truc que j’aime (de La Mouche à Akira en passant par Batman RIP).

Ça flirte en effet méchamment avec le ridicule et les ellipse temporelle sont très abrupts mais le postulat de base, cette impression de se trouver face à la folie même tout en s’en trouvant fasciné, le jeu incroyable d’un Williamn Hurt en transe et toute l’approche sf/horreur scientifique est aussi passionnant que vertigineux

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