AU-DELÀ DU RÉEL (Saisons 1-2)

Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur, n’essayez donc pas de régler l’image. Nous avons le contrôle total de l’émission : contrôle du balayage horizontal, contrôle du balayage vertical. Nous pouvons aussi bien vous donner une image floue qu’une image pure comme le cristal. Pour l’heure qui vient, asseyez-vous tranquillement. Nous contrôlerons tout ce que vous allez voir et entendre. Vous allez participer à une grande aventure et faire l’expérience du mystère avec « Au-delà du réel ».

The Galaxy Being / Ne quittez pas l’écoute
Saison 1, épisode 1
Ecrit et réalisé par Leslie Stevens
Avec Cliff Robertson, Jacqueline Scott, Lee Phillips…
Première diffusion : 16 septembre 1963

Le premier épisode de Au-delà du réel a été écrit et réalisé par Leslie Stevens (notamment connu pour l’étrange film d’horreur en esperanto Incubus), le créateur de cette série anthologique. Et dès ce pilote, Leslie Stevens établissait déjà le ton avec un mélange de science-fiction et d’horreur et un premier « monstre de la semaine ». Le scénariste et son producteur Joseph Stefano (le scénariste de Psychose) appelaient cet élément de l’histoire un « bear » (ours en V.F.), présent dans presque toute la première saison et un peu moins dans la deuxième.

Dans Ne quittez pas l’écoute, Cliff Robertson (le futur Oncle Ben des Spider-Man de Sam Raimi) incarne Alan Maxwell, l’ingénieur d’une station de radio dont les recherches l’amènent à entrer en contact avec un être d’une autre galaxie. Leslie Stevens s’était inspiré du projet Ozma, un véritable programme de recherche d’intelligence extraterrestre (ou SETI) dont le but était d’envoyer des signaux vers d’autres systèmes planétaires en utilisant les ondes radios.

Cette discussion entre le terrien et l’être d’Andromède se passe bien dans un premier temps. Mais contraint de participer à une soirée, Alan Maxwell doit laisser la station de radio à un présentateur remplaçant. Celui-ci augmente la portée du signal pour que son émission soit entendue dans tout le pays, amenant par inadvertance l’extra-terrestre sur Terre…mais l’alien ne peut contrôler sa forme électromagnétique en trois dimensions qui émet des radiations, brûlant ceux qui ont le malheur de croiser sa route…

Comme pas mal de récits de science-fiction (notamment à l’époque), Ne quittez pas l’écoute fonctionne comme ce que les américains appellent a cautionary tale, une histoire de mise en garde, le sujet étant ici la peur et la violence des humains envers ce qu’ils ne comprennent pas. En effet, le savant et le soi-disant envahisseur ne sont pas des méchants et c’est le représentant d’une autre galaxie qui va donner une leçon aux autorités à la gâchette facile. Si les déambulations de ce « Galaxy Being » finissent par être un brin répétitives dans la deuxième moitié de l’épisode, le suspense est bon, les effets photographiques sont aussi simples qu’efficaces et le final est bien tendu.

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Comme La Quatrième Dimension, la série Au Delà du Réel a également eu droit à sa déclinaison en comic-book. 18 numéros parus chez Dell entre 1964 et 1969 (les deux derniers contenant des rééditions).
D’après les infos du site mycomicshop, les scénaristes étaient Paul S. Newman et Joe Gill et le dessinateur Jack Sparling.

Quelques couvertures :






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The Hundred Days of the Dragon / Les 100 Jours du Dragon
Saison 1, épisode 2
Réalisé par Byron Haskin
Scénarisé par Allan Balter et Robert Mintz
Avec Sidney Blackmer, Phillip Pine, Joan Camden…
Première diffusion : 23 septembre 1963

Premier des six épisodes de Au-Delà du Réel réalisés par Byron Haskin (La Guerre des Mondes, La Conquête de l’Espace…), Les Cent Jours du Dragon fait partie des quelques épisodes de la série qui ne mettent pas en scène de « monstre de la semaine ». On est plutôt ici dans le registre du thriller paranoïaque avec une touche de science-fiction, une intrigue adaptée au climat de guerre froide qui détaille le plan d’un gouvernement asiatique pour prendre le contrôle des institutions américaines en remplaçant tous ses dirigeants par des sosies…à commencer par le Président des Etats-Unis…

Bien entendu, si la ressemblance est parfaite ce n’est pas le cas du comportement, ce qui va faire capoter ce plan longuement préparé. Un peu longuet, Les Cent Jours du Dragon ne fait pas vraiment partie des meilleurs épisodes d’Au-delà du Réel mais l’histoire réserve tout de même quelques scènes efficaces, par exemple lors des phases de remodelage des visages (moments marquants pour les spectateurs de l’époque) et un bon petit morceau de suspense dans la maison du vice-président, prochaine cible des conspirateurs.

Pas beaucoup de têtes connues dans ce deuxième épisode, principalement des prolifiques seconds rôles (comme James Hong, toujours actif de nos jours à l’âge de 96 ans). Dans le rôle du président remplacé, Sidney Blackmer n’échappe pas au comique involontaire lorsqu’il plisse les yeux et fait une sorte de bouche en cul-de-poule quand sa véritable personnalité orientale refait surface dans les moments de stress…

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Tu regardes ça sur quelle plate-forme ? Tu donnes envie de se replonger dedans.

Je regarde ça ici.

C’est aussi chez Archive.org qu’il y a Le Prisonnier en VOST et en VF.

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Je connaissais pas ce site merci

Merci Doc ! :slight_smile:

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Merci Marko. :slight_smile:

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The Architects of Fear / Les Architectes de la Peur
Saison 1, épisode 3
Réalisé par Byron Haskin
Scénarisé par Meyer Dolinski
Avec Robert Culp, Leonard Stone, Geraldine Brooks…
Première diffusion : 30 septembre 1963

Le comic-book Watchmen de Alan Moore et Dave Gibbons a été supervisée par deux responsables éditoriaux, Len Wein pour les sept premiers épisodes et Barbara Randall pour les cinq suivants. Si Len Wein a préféré partir, c’est parce qu’il s’était rendu compte que le final préparé par Alan Moore présentait des points communs avec Les Architectes de la Peur, le troisième épisode d’Au-Delà du Réel. Moore le savait aussi mais il a tenu à garder sa fin alors que Wein le poussait à réfléchir à quelque chose de plus original. Len Wein a alors laissé sa place et Moore a ajouté un clin d’oeil à Au-delà du Réel dans le dernier chapitre de Watchmen.

Face aux dangers représentés par une possible escalade du conflit entre les différents blocs rivaux pendant la Guerre Froide, un groupe de scientifiques a l’idée de créer de toutes pièces une menace extraterrestre afin d’unir les peuples contre un ennemi commun. Et pour cela, l’un de leurs membres est tiré au sort pour subir une douloureuse expérience, son corps étant remodelé pour ressembler à celui d’un alien…

L’histoire décrit dans un premier temps le lent processus et la perte progressive de l’humanité d’un homme (incarné par Robert Culp, qui sera aussi au générique de deux autres épisodes de Au-delà du Réel) tiraillé entre ses convictions et l’amour pour sa femme qu’il ne reverra plus. Allen Leighton va même péter les plombs dans une confrontation intense avant une ultime scène tragique et émouvante lorsqu’il aura franchi le point de non-retour.

S’il a maintenant un côté assez craignos monster, l’apparence du faux extraterrestre a eu son petit effet sur les jeunes téléspectateurs des années 60. J’ai même lu que lors de la toute première diffusion, la chaîne ABC avait eu peur des réactions et par un effet visuel avait obscurci le visage du monstre à chacune de ses apparitions, censurant ainsi la dernière partie (ce qui n’a pas été réitéré par la suite).

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The Man with the Power / L’homme qui détenait la puissance
Saison 1, épisode 4
Réalisé par Lazlo Benedek
Scénarisé par Jerome Ross
Avec Donald Pleasence, Priscilla Morrill, Edward Platt…
Première diffusion : 7 octobre 1963

Harold Finlay est un modeste professeur d’université qui rêve de grandeur. Inventeur à ses heures, il a créé un implant cérébral, devenant son propre cobaye car son invention lui a été greffée dans le cerveau après une opération. Il est capable de contrôler les forces de l’électromagnétisme, ce qui sera utile aux astronautes du programme spatial. Mais d’importants (et destructeurs) effets secondaires commencent à apparaître…

L’excellent Donald Pleasence est parfait dans le rôle de cet homme simple, un peu trop docile, qui a du mal à s’imposer face à son employeur et qui est dénigré par son épouse. L’implant répond aux désirs irrépressibles de son subconscient et dès que quelqu’un s’oppose à lui l’aspect violent refoulé de la personnalité de Finlay se matérialise sous la forme d’un dangereux nuage d’énergie (un effet qui reste efficace malgré les transparences visibles).

Le scénario est bien construit, le suspense monte en puissance jusqu’au final dramatique qui scelle le sort d’un homme tourmenté, réceptacle d’un pouvoir qu’il était incapable contrôler. Ce très bon épisode est le premier Au-delà du Réel (sur trois) réalisé par Lazlo Benedek, un metteur en scène d’origine hongroise principalement connu pour avoir signé L’Equipée Sauvage avec Marlon Brando.

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The Sixth Finger / Le Sixième Doigt
Saison 1, épisode 5
Réalisé par James Goldstone
Scénarisé par Ellis St Joseph
Avec David McCallum, Edward Mulhare, Jill Haworth…
Première diffusion : 14 octobre 1963

Comme je l’avais souligné dans l’un des premiers messages de ce sujet, le cinquième épisode d’Au-delà du réel fait partie des souvenirs marquants de mes visionnages de jeunesse…et il est classé parmi les meilleurs épisodes de la série, ce qui est mérité autant par l’atmosphère du récit que par la qualité de l’interprétation et par le mémorable maquillage en plusieurs phases illustrant la mutation subie par le personnage principal.

Reclus dans un petit village minier du pays de Galles, un savant (Edward Mulhare, vingt ans avant K2000) découvre un procédé qui lui permet de contrôler la vitesse de l’évolution humaine. Le professeur se sent toujours coupable d’avoir participé à la construction de la bombe atomique pendant la guerre et il espère que sa nouvelle invention profitera cette fois à la race humaine qu’il veut faire accéder à un niveau supérieur. Mais son cobaye va prendre le contrôle de l’expérience…

David McCallum (Des Agents très spéciaux) est très bon dans le rôle d’un mineur mécontent qui aspire à la grandeur, une décision qui va se retourner contre lui. Il devient même au fur et à mesure plutôt inquiétant dans l’expression de son dédain de l’humanité jusqu’à ce que son destin se retrouve entre les mains de sa seule amie qui lui reste fidèle malgré tout. Une fin assez amère…

À noter que tout le discours autour de la théorie de l’évolution a du subir des petites réécritures, quelques lignes de dialogues annulées et/ou modifiées sur demande du censeur de la chaîne ABC histoire de ne pas froisser les spectateurs plus religieux.

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The man who was never born / L’homme qui n’est jamais né
Saison 1, épisode 6
Réalisé par Leonard Horn
Scénarisé par Anthony Lawrence
Avec Martin Landau, Shirley Knight, John Considine…
Première diffusion : 28 octobre 1963

Après être passé à travers une faille temporelle, un astronaute de l’année 1963 atterrit sur la Terre de l’an 2148. Il découvre un monde désolé et un seul survivant, Andro, un mutant aussi grotesque que cultivé. Le dernier homme lui apprend que l’humanité a été anéantie par un virus développé par un savant du nom de Bertram Cabot Jr. L’astronaute a alors l’idée de retraverser le passage en amenant avec lui Andro, afin que ce dernier mette l’humanité en garde. Mais le pilote meurt, laissant le mutant mener seul sa mission…

Remonter le temps pour sauver l’humanité d’une catastrophe…l’un des thèmes classiques du fantastique, aussi bien à l’écrit qu’à l’écran. Le scénariste Anthony Lawrence en a ici livré sa propre version en imaginant un récit qui s’inspire de La Belle et la Bête de Jean Cocteau, un de ses films préférés. Grâce au pouvoir de suggestion d’Andro, qui lui permet de modifier ses traits (et de prendre ceux de Martin Landau), Andro s’invite dans le cercle fermé des futurs parents de Bertram Cabot Jr et bouleverse leur existence…

La photographie plus « cotonneuse » (qui souligne à chaque fois la transformation) des scènes entre Andro et la femme dont il va tomber amoureux donne à ces passages un aspect presque irréel, très « conte romantique »…avant un dernier acte tendu, qui amène plus de noirceur et une fin malheureuse même si le but recherché est accompli…

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