Horreur
Long métrage canadien/britannique
Réalisé par Denis Héroux
Scénarisé par Michel Parry
Avec Peter Cushing, Ray Milland, Susan Penhaligon, Donald Pleasence, Samantha Eggar…
Titre original : The Uncanny
Année de production : 1977
L’américain Milton Subotsky est principalement connu des amateurs de séries B pour la création du studio britannique Amicus, qui fut l’un des principaux concurrents de la Hammer dans les années 60 et 70. Si Amicus a aussi donné dans la science-fiction et dans la grande aventure pleine de monstres caoutchouteux inspirée par Edgar Rice Burroughs, sa spécialité était l’anthologie horrifique, des films à sketches qui réunissaient les stars du genre et qui ont notamment proposé les premières adaptations à l’écran des EC Comics (Tales from the Crypt, Le Caveau de la Terreur…).
Après la fin de la Amicus, Milton Subotsky a tenté de développer différents projets mais peu ont abouti et il a du revenir par deux fois à la formule qu’il connaissait bien, avec moins de succès que par le passé même si The Uncanny (bizarrement titré Brrr… en France et au Québec…alors qu’il n’y a pas vraiment de frissons d’angoisse au rendez-vous…il y a eu aussi un La Nuit des Mille Chats en vidéo) et Le Club des Monstres ne sont pas inintéressants malgré leurs faiblesses…
Brrr… fait partie de ce sous-genre de l’horreur mettant en scène des attaques d’animaux maléfiques et ici les grands méchants sont des chats…des matous qui complotent dans l’ombre pour dominer l’humanité ! Ailurophobe paranoïaque, l’écrivain Wilbur Crane connait la vérité et il compte bien la dévoiler dans son nouveau livre qu’il présente par une nuit sombre (mais pas orageuse) à son éditeur. Sceptique (il faut dire qu’il a un chat blanc qu’il adore), ce dernier accepte tout de même d’écouter les preuves de Wilbur. En fil rouge, on retrouve donc ces deux bonhommes incarnés par Peter Cushing et Ray Milland, deux vétérans qui affichent toujours une belle présence dans des scènes à l’ambiance soignée, avec une préférence pour la dernière, assez saugrenue (des chats manipulateurs et organisés contres les hommes ? Tsss…ils ne sont même pas capables de se lever sur leurs petites pattes, de se bouger l’cul et d’aller acheter leur kwiskas) mais bien dans le ton de l’ensemble.
La première histoire racontée se déroule dans le Londres de 1912. Miss Malkin, une vieille femme riche, décide de réécrire son testament et de léguer la totalité de sa fortune à ses chats bien-aimés plutôt qu’à son bon-à-rien de neveu. Sa servante, amante du playboy moustachu, vole une copie du document dans la mallette de l’avocat mais elle est surprise lorsqu’elle tente de détruire l’original caché dans le coffre. Paniquée, elle tue Miss Malkin. C’est alors qu’elle est piégée par les chats qui veulent venger la mort de leur maîtresse. Le début est percutant, bien saignant mais la suite se traîne un petit peu trop avant une bonne scène finale…
Le deuxième segment est également inégal. En 1975, au Québec, une orpheline est recueillie par sa tante qui ne voit pas d’un bon oeil la présence du seul ami de la fillette, le chat Wellington (Monseigneur en V.F. !). Lucy subit la jalousie et le harcèlement de sa cousine, qui force ses parents à se débarrasser de Monseigneur. Là encore, ce récit manque de mordant dans une première moitié à l’interprétation passable qui ne prépare pas vraiment à un dernier acte délirant. Les effets spéciaux sont certes rudimentaires mais l’idée a l’air de sortir tout droit d’un EC Comic et la chute est particulièrement cruelle.
Le dernier sketch est le meilleur. Dans les années 30, un acteur de films d’horreur campé par Donald Pleasence tue sa femme sur un plateau de tournage, fait passer le crime pour un accident et complote pour la faire remplacer par sa maîtresse. De retour chez lui, il découvre que la chatte de sa femme, qu’il a toujours détestée (il l’appelle va-t’en !) a donné naissance à des chatons qu’il s’empresse de noyer. La vengeance de la maman chat sera terrible ! Pleasence est savoureux dans cette histoire qui joue avec efficacité sur l’humour noir et dont l’excellent final illustre littéralement l’expression « donner sa langue au chat ».