REALISATEUR
Roy Ward Baker
SCENARISTE
Milton Subotsky, d’après les histoires écrites par Al Feldstein et William Gaines dans Tales from the Crypt et Shock Suspenstories
DISTRIBUTION
Tom Baker, Terry-Thomas, Daniel Massey, Anna Massey, Curd Jürgens, Denholm Elliott…
INFOS
Long métrage britannique/américain
Titre original : The Vault of Horror
Genre : horreur
Année de production : 1973
Après le succès de Tales from the Crypt, la première adaptation cinématographique des célèbres histoires horrifiques publiées dans les années 50 dans les revues de l’éditeur Entertaining Comics, le studio Amicus a vite mis en chantier un deuxième film intitulé The Vault of Horror, d’après le titre d’un autre magazine de la gamme de comics autrefois chapeautée par William Gaines. Et pourtant, parmi les cinq histoires qui composent le métrage, aucune ne figurait au sommaire de The Vault of Horror (pour une simple question de droits, comme je l’ai expliqué dans mon billet sur le précédent film).
The Vault of Horror peut donc être considéré comme une véritable suite à Tales from the Crypt…et fut même retitré Tales from the Crypt 2 lors d’une ressortie aux U.S.A au début des années 80.
Le metteur en scène Freddie Francis étant à l’époque déjà engagé sur un autre tournage pour le studio, la réalisation de The Vault of Horror fut donc confiée à Roy Ward Baker, qui avait déjà réalisé une autre anthologie pour Amicus (Asylum), ainsi que Les Cicatrices de Dracula et Docteur Jekyll et Sister Hyde pour la Hammer, pour ne citer que quelques titres.
On retrouve du beau monde à la la distribution : l’excentrique Terry-Thomas (La Grande Vadrouille), l’allemand Curd Jürgens (La Bataille d’Angleterre, L’Espion qui m’aimait…), Dawn Adams (Un Roi à New-York), Denholm Elliott (futur Marcus Brody des aventures d’Indiana Jones) et le toujours réjouissant Tom Baker, juste avant qu’il n’embarque dans le Tardis pour sept saisons de la série Doctor Who.
Comme Tales from the Crypt et la plupart des films à sketches du studio Amicus, The Vault of Horror comprend 5 histoires et un fil rouge. Et comme Tales from the Crypt, le fil rouge n’est pas la partie la plus réussie, tout en remplissant tout de même correctement sa fonction qui est d’introduire les différents segments, sans recourir cette fois à la figure de l’hôte des comics (ce qui n’est pas plus mal, le Cryptkeeper du film de 1972 s’étant révélé relativement décevant).
Midnight Mess (Tales From the Crypt 35 - Al Feldstein / Joe Orlando) : Harold Rodgers a retrouvé la trace de sa soeur qu’il avait perdu de vue dans un étrange petit village…pas parce qu’il a envie de renouer leurs liens, mais plutôt pour la tuer afin de ne pas partager l’héritage de leur défunt père. Une fois son forfait accompli, il décide de s’attarder dans un restaurant local. Il ne s’attendait pas à se retrouver au menu…
Le surnaturel intervient un peu comme un cheveu sur la soupe dans cette histoire qui fonctionne dans un premier temps sur l’alchimie entre les deux acteurs principaux, frère et soeur à la ville. Le twist est prévisible, tout en demeurant assez amusant…un apéritif léger et sympathique pour débuter cette anthologie.
The Neat Job (Shock SuspenStories 1 - Bill Gaines & Al Feldstein / Jack Kamen) : Arthur Cratchit, maniaque compulsif de l’ordre et de la propreté, se remarie avec une femme plus jeune que lui, Eleanor, qui est loin d’être la déesse domestique de ses rêves. Et Eleanor va finir par ne plus supporter les désobligeantes réflexions d’Arthur sur le souk qu’elle met dans la maison…
Un segment extrêmement savoureux, qui repose en grande partie sur la dynamique du duo formé par Terry-Thomas et Glynis Johns. La mécanique comique est jubilatoire et le final est aussi brutal qu’irrésistible.
This Trick will kill you (Tales from the Crypt 33 - Al Feldstein / George Evans) : Sebastian est un magicien qui voyage avec sa femme en Inde, où il compte bien avec découvrir de nouveaux tours pour agrémenter son spectacle. Il en profite aussi pour ridiculiser des magiciens de rue. Un jour, il voit une jeune femme charmer une corde avec sa flute. Incapable de déceler le moindre trucage, il décide de voler la corde enchantée…
La partie la plus faible de cette anthologie. L’ensemble manque de mystère et les trucages ne sont pas une grande réussite, ce qui diminue l’impact des dernières minutes. Reste la bonne interprétation du couple Curd Jürgens/Dawn Adams.
Bargain in Death (Tales from the Crypt 28 - Al Feldstein / Jack Davis) : Avec l’aide de son ami Alex, l’écrivain Maitland feint son décès afin de monter une arnaque à l’assurance. Mais Alex décide de le trahir et de partir avec le magot, laissant Maitland suffoquer dans sa tombe. C’est sans compter deux étudiants en médecine sans le sou, qui ont désespérément besoin d’un cadavre à disséquer.
Le thème de l’enterré vivant, à déconseiller aux claustrophobes, fait tout de suite penser à Edgar Allan Poe; les rebondissements du scénario et l’enchaînement comique des séquences finales portent bien la patte de l’humour grinçant des EC Comics.
Drawn and quartered (Tales from the Crypt 26 - Al Feldstein / Jack Davis) : Un peintre sans le sou vivant à Haïti découvre qu’il a été dupé par trois personnalités du monde des arts qui se sont enrichi sur son dos. Comme l’action se passe à Haïti et qu’on est dans un comic EC, le peintre va voir un prêtre vaudou pour obtenir le pouvoir de se venger…
La durée des quatre premiers segments varie entre 10 et 15 mn. Cette dernière histoire est quant à elle deux fois plus longue, ce qui permet un meilleur développement de son intrigue sans perdre toutefois de son mordant. Barbu pour l’occasion, Tom Baker interprète diaboliquement bien un artiste ivre de vengeance et l’exécution de son plan machiavélique monte en puissance avec une grande précision, et beaucoup d’imagination dans l’orchestration des mises à mort, jusqu’à un final certes pas très original mais amené avec une grande efficacité.
En général, les critiques trouvent The Vault of Horror moins réussi que Tales from the Crypt, ce qui n’est pas mon cas. Je trouve pour ma part que les deux anthologies se valent, autant au niveau de leurs faiblesses (l’ensemble est irrégulier, ce qui est une constante de ce format, et quelques effets n’ont pas résisté à l’usure du temps) que de leurs qualités (du rythme, une interprétation de qualité et des adaptations globalement bien ficelées).
Ces deux longs métrages n’ont pas été suivis par un troisième volet. Il a ensuite fallu attendre 1989 pour que les EC Comics soient à nouveau adaptés, sur le petit écran cette fois-ci. La série Les Contes de la Crypte a été diffusée sur HBO pendant 7 saisons et a été déclinée à deux reprises au cinéma…mais ceci est une autre histoire…