LE CLUB DES MONSTRES (Roy Ward Baker)

Comédie/Horreur
Long métrage britannique
Réalisé par Roy Ward Baker
Scénarisé par Edward et Valerie Abraham, d’après des histoires de R. Chetwynd-Hayes
Avec Vincent Price, John Carradine, Britt Ekland, Donald Pleasence, Stuart Whitman…
Titre original : The Monster Club
Année de production : 1981

Très actif dans les années 60/70, Milton Subotsky était le co-fondateur de Amicus Productions, l’un des principaux studios britanniques spécialisés dans le fantastique. Amicus était surtout connu pour ses films à sketchs comme Tales from the Crypt et Le Caveau de la Terreur et pour des adaptations d’Edgar Rice Burroughs comme Le Sixième Continent et Centre Terre : Septième Continent. Après la fermeture d’Amicus à la fin des années 70, Subotsky va essayer de rebondir en ouvrant une nouvelle structure mais dans un contexte difficile pour le cinéma de genre britannique (au même moment, la Hammer tentait une percée à la télévision avec la série La Maison de tous les cauchemars), quasiment tous ses projets sont tombés à l’eau.

Les seules productions de l’éphémère Sword & Sorcery (nommée ainsi parce que Subotsky voulait dans un premier temps porter à l’écran les écrits de Robert E. Howard) furent donc Dominique : Les Yeux de l’épouvante en 1979 et Le Club des Monstres en 1981. Et pour ce dernier, Milton Subotsky a repris une ultime fois un format qu’il connaissait très bien, à savoir l’anthologie cinématographique composée de trois histoires reliées par un fil rouge.

Fil rouge qui met en scène deux vétérans de l’horreur (il aurait pu y en voir d’autres mais Peter Cushing et Christopher Lee ont décliné l’offre de Milton Subotsky) : pour la première fois de sa carrière, Vincent Price jouait un vampire et John Carradine incarne quant à lui une version fictionnelle de R. Chetwynd Hayes, l’écrivain britannique dont le film s’inspire. Un soir, Hayes est mordu par le vampire Erasmus qui, en grand gentleman, le remercie pour cette petite « donation » (il avait faim et il n’a pas pris assez de sang au romancier pour le transformer en vampire). Erasmus décide alors d’emmener Hayes au « Club des Monstres » où il va lui raconter trois histoires à propos de ses congénères surnaturels, suceurs de sang, Shadmock et autres goules.

Dès le début de la discussion entre Erasmus et Hayes, l’ambiance est posée…et elle est très légère. Le « Club des Monstres » ressemble à une boîte de nuit aux couleurs criardes dans laquelle les créatures de la nuit se trémoussent sur des musiques entraînantes. Les trois chansons sont d’ailleurs filmées en intégralité et intercalées entre chaque segment et interventions des deux têtes d’affiches. Le budget modeste du film se voit notamment dans la ringardissime allure générale des monstres car on ne peut pas vraiment parler d’effets spéciaux de maquillage, les figurants étant affublés de masques achetés au magasin du coin pour fêter Halloween.

Comme souvent, les trois histoires sont inégales, entre le classicisme de la première (et son triste protagoniste) et de la dernière (je garde tout de même une préférence pour ce troisième segment, avec son personnage de réalisateur joué par Stuart Whitman piégé dans un village peuplé de goules) et un récit central qui tourne rapidement au pastiche vampirique (ce bon vieux Donald Pleasence y campe un chasseur de vampires pas vraiment efficace). Le ton donné à l’ensemble n’est pas toujours convaincant mais le mélange de genres fait du Club des Monstres une curiosité aussi maladroite que sympathique, avec une note finale qui apporte un regard un brin désabusé sur une époque révolue.

Le Club des Monstres marqua la dernière réalisation pour le cinéma de Roy Ward Baker, bon artisan souvent employé par Amicus et la Hammer (on lui doit notamment Dr Jekyll & Sister Hyde, Le Caveau de la Terreur et La Légende des Sept Vampires d’Or). Ils’est ensuite installé sur le petit écran pendant dix ans avant de prendre sa retraite, signant plusieurs épisodes de séries ainsi qu’un téléfilm sur un Sherlock Holmes vieillissant avec Peter Cushing dans le rôle-titre.

67b8f4e667773532078f8a9dbe85e929

1 « J'aime »

L’histoire du village maudit dans la troisième partie est racontée sous la forme d’illustrations signées John Bolton. En voici quelques unes :

fam-22

fam-21

John Bolton a également dessiné l’adaptation en BD du film (avec l’aide de David Lloyd) :

mIlTyJVq_0206211742071gpadd

NAnXZxbN_0206211726321gpadd

pDolvSjQ_2508201914461sbpi

La généalogie des monstres (voir première photo de l’article), toujours par John Bolton :

Voilà qui résume bien ce film.

Tori.