CHASSE À L'HOMME (John Woo)

Action
Long métrage américain
Réalisé par John Woo
Scénarisé par Chuck Pfarrer
Avec Jean-Claude Van Damme, Yancy Butler, Lance Henriksen, Arnold Vosloo, Kasi Lemmons, Wilford Brimley…
Titre original : Hard Target
Année de production : 1993

Sorti à Hong-Kong en 1992, l’excellent À toute épreuve n’a pas connu un succès commercial aussi important que les précédents films de John Woo et les avis furent même plus positifs du côté de la critique occidentale. Le réalisateur a choisi ce moment pour finalement faire la transition vers l’Amérique, ce qui aurait pu arriver plus tôt dans sa carrière (il a notamment eu un projet avorté avec Oliver Stone à la production). Si de nombreuses personnalités ont exprimé leur envie de travailler avec John Woo, le studio Universal s’est tout de même montré nerveux, notammment parce que Woo ne maîtrisait pas encore la langue anglaise.

C’est pour cette raison que les responsables du studio ont demandé à Sam Raimi, producteur de Chasse à l’Homme avec son compère Robert Tapert sous leur bannière Renaissance Pictures, de superviser le tournage pour faciliter les choses…et prendre la place de Woo en cas d’échec. Ce qui n’est bien sûr jamais arrivé : grand fan de l’oeuvre de John Woo, Sam Raimi était surtout excité à l’idée de travailler avec lui, déclarant même « qu’un John Woo à 70% pouvait en remontrer à la plupart des réalisateurs de films d’action américains travaillant à 100% ».

John Woo s’est vu proposer plusieurs scripts, dont un certain Volte-Face qu’il refusa avant de changer d’avis trois ans plus tard et des histoires à base d’arts martiaux (ce qui ne le tentait plus, ayant déjà assez donné dans le genre à ses débuts dans les années 70). S’il a choisi Hard Target (Chasse à l’homme en version française) pour débuter aux U.S.A., c’est pour son intrigue simple et solide, avec un sous-texte intéressant : un Chasse du Comte Zaroff moderne qui voit des sans-abris traqués à mort dans les rues de la Nouvelle-Orléans par une bande de tueurs organisant des chasses à l’homme pour des richissimes hommes d’affaire.

John Woo voulait Kurt Russell pour le rôle principal, un héros solitaire qui aurait bien eu sa place dans un western (ou un film de samourai), mais ce dernier était trop occupé. Universal avait l’intention d’en faire un véhicule pour Jean-Claude Van Damme (dans la carrière des Muscles de Bruxelles, Chasse à l’homme se place entre Cavale sans issue et Timecop), Woo et le scénariste Chuck Pfarrer ont donc retravaillé les scènes d’action pour les adapter aux capacités athlétiques du belge et celles-ci ne manquent pas d’efficacité, aussi bien du côté des coups de tatanes caractéristiques de JCVD que pour le final mené sur un rythme haletant.

Pour son premier long métrage américain, John Woo n’a pas eu le contrôle (pour cela, il a attendu Volte-Face, son troisième…et meilleur…film américain), ce qui se ressent tout de même. Les visuels portent indéniablement sa marque (avec pas mal de plans emblématiques) mais il a du composer avec la censure pour que Chasse à l’homme reçoive la classification voulue par le studio. Le montage lui a également échappé, Van Damme se plaignant que l’accent ne soit pas suffisamment mis sur son personnage.

Dans l’ensemble…et malgré les faiblesses du métrage et les difficultés rencontrées…Chasse à l’homme reste une bonne série B d’action emmenée par une chouette distribution : la jolie Yancy Butler (Witchblade), le charismatique Lance Henriksen, le menaçant Arnold Vosloo (La Momie) et Wilford Brimley (The Thing) en sympathique vieille baderne.

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J’ignorais que Raimi était prévu « en embuscade » au cas où Woo se planterait ; cohérent !!
En ce qui concerne la maîtrise de l’anglais par Woo, il arrive à se dépatouiller pour donner des entretiens à peu près instructifs, mais il demeure très limité en anglais encore ces dernières années ; ça n’a pas l’air de l’avoir gêné plus que ça sur sa carrière américaine ceci dit, même si elle paraît beaucoup plus inégale que ses moments hong-kongais.

Je garde un excellent souvenir de « Chasse à l’homme », que j’ai d’ailleurs revu y’a pas si longtemps. Mais tu fais bien d’en souligner les faiblesses qui sont quand même assez visibles ; il ne faut pas s’attendre au même degré de maîtrise et de virtuosité que sur « A toute épreuve » ou « Une balle dans la tête », Woo n’a pas eu ce genre de latitudes ici.
Y’a quand même de forts beaux restes, y compris sur un climax que Woo envisageait beaucoup plus « ample » et opératique, et qui reste au final assez excitant quand même…

À noter que John Woo travaille actuellement sur un nouveau film américain (presque 20 ans après Paycheck), un film d’action sans dialogues intitulé Silent Night.

Très intéressant, ça !!!

C’est ce qu’on appelle faire volte-face.

Tori.