REALISATEUR & SCENARISTE
David Cronenberg
DISTRIBUTION
Oliver Reed, Samantha Eggar, Art Hindle, Cindy Hinds…
INFOS
Long métrage canadien
Genre : horreur
Titre original : The Brood
Année de production : 1979
Le Dr Hal Raglan (interprété par Oliver Reed), psychiatre de son état, expérimente sur ses patients une substance de son invention qu’il a appelé « psychoprotoplasme ». Cette nouvelle thérapie permet aux malades de son intititut d’extérioriser leurs problèmes sous la forme de manifestations physiques, une somatisation de leurs troubles mentaux.
Mais sur Nola Carveth (la britannique Samantha Eggar), qui est également en pleine procédure de divorce, les « psychoprotoplasmes » ont produit un effet inattendu, qui échappe totalement au Dr Raglan…
On ne s’attardera pas vraiment sur le fonctionnement de ces fameux « psychoprotoplasmes » tout au long de The Brood (je vais éviter le stupide titre français dans cette chronique). Et de toute façon, ce n’est pas le plus important dans cette histoire qui parle avant tout de la manifestation de la colère dans ses débordements les plus sauvages. Troisième film d’horreur de David Cronenberg après Frissons et Rage, The Brood est aussi l’une des oeuvres les plus personnelles de son auteur.
Comme son protagoniste masculin incarné par Art Hindle, David Cronenberg était également engagé dans un divorce particulièrement difficile à cette époque et sa femme était entrée dans une sorte de secte new age en emmenant leur fille. Cette situation a nourri son scénario, qu’il a comparé postérieurement à un Kramer contre Kramer horrifique, le long métrage avec Dustin Hoffman et Meryl Streep (que je n’ai jamais vu) sorti quelques mois après The Brood.
Charge contre certaines méthodes « alternatives », The Brood prend la forme d’un drame familial déchirant qui vire progressivement au film d’horreur intense et brutal. Cette « terreur intérieure », thème que Cronenberg n’a cessé d’explorer pendant une grande partie de sa carrière, provient ici de façon terriblement symbolique de ces tensions qui peuvent détruire une famille.
Des rancoeurs qui passent de génération en génération, se muant en explosion de rage qui trouve sa personnification en une véritable « portée » monstrueuse.
De visuels saisissants en scènes-chocs qui prennent aux tripes, The Brood monte en puissance de manière implacable jusqu’à un affrontement impeccablement orchestré et porté par une très intéressante transposition de l’état dans lequel se trouve Nola Carveth : le face-à-face avec son mari prend place dans le foyer, le « nid » qu’elle n’a pas quitté depuis le début du film…et le grenier au-dessus d’eux devient littéralement l’« espace mental » d’une femme torturée.
Une telle situation ne peut que laisser des traces…et le mal est fait, comme en témoigne le dernier plan, sur les accords tristes de la musique de Howard Shore…