John Murdock se réveille dans la salle de bain d’un hôtel. Dans le pièce d’à côté il y a un cadavre. A-t-il commis ce crime ? Il ne le sait pas lui même car il ne se souvient de rien. Murdock part alors à la recherche de ses souvenirs dans Dark City, mais de mystérieux individus aux pouvoirs étranges et un policier tenace sont sur sa piste.
Mon Avis :
Imaginez un monde où les individus ne vivraient pas réellement leur vie, leurs souvenirs ne se révélant être que des illusions. Imaginez des agents non humains qui contrôleraient le bon fonctionnement de ce monde factice et seraient présent pour éliminer tout individu qui s’apercevrait de la supercherie.
Ce pitch ne vous fait il pas penser à un film ?
Si, c’est simple, on pense tout de suite à Matrix, le film hype de tout une tripotée de djeuns grâce à ses combats de Kung-fu mou (oui je pense que Matrix a inventé un nouvel art martial : le Kung-fu mou, un style de combat où on tape volontairement à côté et où on est raide comme un piquet) et ses discussions philosohico-chiantes et inutiles.
Mais, ce pitch est aussi celui de Dark City, film qui a eu hélas le malheur de sortir la même année que Matrix et est de ce fait passé totalement inaperçu alors qu’il est beaucoup plus intéressant .
Dark City, c’est d’abord un visuel sublime. La ville baigne dans une atmosphère noire à l’esthétisme proche des années 40. Chaque plan est une trouvaille visuelle aux éclairages magnifiques. On retrouve la beauté graphique que Proyas avait déjà développé sur The Crow, ce mixe entre gothisme et prohibition et une folie visuelle très proche de La Cité des Enfants Perdus de Caro et Jeunet (surtout dans le Monde des « Autres » et l’idée absolument géniale d’une ville totalement modulable). Bref un style autrement plus convaincant que celui froid et urbain de Matrix.
A ceci s’ajoute une atmosphère baignant dans le polar. Proyas a construit son film comme un puzzle où l’on découvre des éléments petit à petit, ceux-ci conduisant vers d’autres interrogations avant de finalement s’imbriquer entre eux. On suit les pérégrinations de Murdock avec intérêt, doutant comme lui de ses souvenirs et de son intégrité mentale.
Ici pas d’interrogations de philosophie de comptoir, Proyas place ses personnages dans le concret : ils ne font pas ça pour le bien de l’Humanité dans son ensemble mais pour des motivations qui leur sont propres : Murdock veut connaître la vérité sur son existence (est il un tueur ? Ses souvenirs sont ils les siens ?), sa femme veut le sauver car elle se sent coupable de ce qui lui arrive.....Aucun motif noble ou supérieur ne guide leurs actes, rendant ainsi les personnages profondément humains. D’ailleurs c’est peut être ici la différence fondamentale avec Matrix et son univers froid : ici les personnages sont profondément humains car ils sont faillibles (adultère, mensonges....).
Dark City sur un sujet proche de Matrix (ce que l’on croit être notre vie n’est qu’une illusion au profit d’une autre entité) tire un film totalement différent, un polar sombre à cheval entre Blade Runner et La Cité des Enfants Perdus.
Haletant, surprenant, fou, sombre, il est vraiment dommage que ce film n’ait pas connu un succès public, car les seuls reproches que l’on puisse lui faire sont principalement dus à la faiblesse de son budget : effets spéciaux parfois légers (notamment pour la télékinésie) et un affrontement final peut être dispensable.
Hélas pour lui, Matrix a raflé la mise.
Faudrait que je le revoie, pour ma part.
Mais je me méfie bougrement d’Alex Proyas : c’est du cinoche techniquement fort, mais très superficiel en somme. De belles images avec des idées de cadrage, des défis technique, tout ça… Mais à revoir, souvent, ça tient pas la route. I, Robot et Knowing sont des imbécilités incroyables, avec des scénarios stupides remplis de trous. Et The Crow, que j’ai porté aux nues et auquel je trouve encore des qualités par ci par là, ça vieillit super mal, y a de belles lenteurs (mais y a une magnifique course sur les toits sur fond de Joy Division, et c’est un film qui prend le temps de se conclure, qui n’est pas bouclé à la va-vite).
Du coup, je flippe à l’idée de revoir Dark City, dont j’ai un souvenir flou mais agréable (avec un casting que j’adore : Sewell, Connely, et les autres…), mais j’ai trop peur d’être déçu.
« Dark City » est mon Proyas préféré, ce qui ne signifie pas grand-chose, car s’il est un réalisateur très compétent, sa filmographie n’est pas à la hauteur de son talent (« I, Robot » aurait pu être un grand film, mais il n’en est rien…).
Proyas a râlé comme un putois et s’est battu comme un beau diable contre ses producteurs qui lui ont imposé un prologue en voix off du film, qui nique purement et simplement la « surprise » que réserve le scénario (et à l’époque, « Matrix » n’avait pas popularisé ce type d’histoire dickienne). Ou comment prendre les pectateurs pour des cons…
Deux remarques :
Jennifer Connelly est à tomber par terre dans ce film, et la scène où elle chante dans le cabaret (« stay with me, mak me sway… ») à se damner.
La B.O. signée Trevor Jones est IN-CRO-YABLE, et je ne saurais trop vous recommander l’écoute de ce score d’une puissance inouïe (écoutez le « main Theme » ou « Now You Have The Power »).
Moi , je l’ ai revu a plusieurs reprises et j’ aime toujours autant . Les casting est parfait . L’ image , la bande sonore , tout est nickel .
Je suis 100% d’ accord avec les remarques de Photonik .
The Crow . Que je l’ aime . Ce n’ est clairement pas le plus beau film qui existe , ni le meilleur , mais il me touche particulièrement . Il me renvoie a mon vécu personnel , donc forcément je ne pas être objectif . C’ est la même chose avec le comic book original de James O’Barr . Pourtant , graphiquement , ce n’ est pas ce qui se fait de mieux ( même si il y a une nette progression au fil des épisodes ) .
Elle est chouette cette scène sur les toits . Et la BO est parfaite . Avec de très bons morceaux . Je la réécoute souvent aussi .
Si vous pouvez lire les DVD/Blu ray zone 1, je ne saurais trop conseiller de mettre la main sur le director’s cut de se film.
Déjà le monologue d’introduction disparait et pas mal de fil narratif secondaire s’étoffe.
Oui, j’en ai entendu parler : on serait déjà beaucoup plus près de la vision d’origine de Proyas, apparemment.
Je ne pense pas par contre qu’on aura droit à une édition zone 2, le film ne me semble pas avoir l’« aura » culte nécessaire…
[quote=« Horus »]Si vous pouvez lire les DVD/Blu ray zone 1, je ne saurais trop conseiller de mettre la main sur le director’s cut de se film.
Déjà le monologue d’introduction disparait et pas mal de fil narratif secondaire s’étoffe.[/quote]
Il existe aussi lisible de par chez nous, distribué par Metropolitan.