ALIEN, LE HUITIÈME PASSAGER (Ridley Scott)

Science-fiction/horreur
Long métrage américain/britannique
Réalisé par Ridley Scott
Scénarisé par Dan O’Bannon et Ronald Shusett (et la participation non créditée de David Giler et Walter Hill)
Avec Tom Skerritt, Sigourney Weaver, Veronica Cartwright, Harry Dean Stanton, John Hurt, Ian Holm, Yaphet Kotto…
Titre original : Alien
Année de production : 1979

Dans la première moitié des années 70, Dan O’Bannon a collaboré avec son camarade John Carpenter sur leur projet de fin d’études de cinéma, un court-métrage appelé Dark Star qui est ensuite devenu un long métrage grâce au modeste financement apporté par le producteur Jack H. Harris. Par certains aspects, Dark Star peut être vu comme un prototype d’Alien avec son histoire de vaisseau à l’équipage réduit attaqué par un extraterrestre. Sauf que dans le premier film de John Carpenter, l’aspect zéro budget a fait que l’accent a été mis sur la comédie, la créature ressemblant à une gros ballon de plage avec des griffes en caoutchouc. Pour ce qui allait devenir Alien, le 8ème Passager, Dan O’Bannon voulait écrire un vrai film d’horreur.

Dan O’Bannon a d’abord écrit un premier traitement de 29 pages intitulé Memory qui contenait ce qui allait devenir la scène d’ouverture d’Alien : des astronautes sortent d’hibernation pour découvrir que leur voyage de retour a été interrompu parce que l’ordinateur de bord a reçu un signal venant d’une mystérieuse planète. Ils partent enquêter mais le vaisseau subit des avaries à cause d’un atterrissage difficile. À ce moment précis, Dan O’Bannon ne savait pas encore à quoi l’alien qui les attendait allait ressembler. Il a ensuite mis son script dans un tiroir le temps d’aller travailler sur le Dune avorté de Alejandro Jodorowsky (qui lui a notamment permis de rencontrer le suisse H.R. Giger) avant de le reprendre et d’écrire un scénario complet avec l’aide de Ronald Shusett.

En interview, Dan O’Bannon n’a jamais renié les multiples influences d’Alien, le 8ème passager, qu’elles viennent des classiques de la série B (La Chose d’un Autre Monde pour l’équipe poursuivie par un monstre dans un environnement claustrophobique, Planète Interdite pour l’atterrissage sur une planète où ils n’auraient jamais du se rendre…La Planète des Vampires de Mario Bava partage aussi des points communs évidents avec Alien mais il se dit que O’Bannon et Ridley Scott ne l’avaient jamais vu), de la littérature de S.F. (par des histoires de Clifford D. Simak et Philip José Farmer) ainsi que des EC Comics (voir l’extrait de Weird Science #8 ci-dessous).

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Le scénario qui n’était pas encore finalisé est passé par plusieurs studios et alors qu’ils s’apprêtaient à signer avec Roger Corman, O’Bannon et Shusett ont reçu une meilleure offre de Gordon Carroll, David Giler et Walter Hill, associés pour fonder Brandywine, une nouvelle société de production liée à la 20th Century Fox. Giler et Hill ont d’abord tenu à retravailler le scénario, ce qui n’a pas vraiment amélioré les relations avec O’Bannon et Shusett pendant toute la production. Et pourtant, Giler et Hill ont amené des éléments très intéressants puisque toute la sous-intrigue avec l’androïde Ash vient de leurs apports. La Fox voulait que Walter Hill réalise mais ce dernier développait également le western Le Gang des Frères James et il n’était pas vraiment à l’aise avec un tournage à effets spéciaux. Impressionnés par Duellistes, les producteurs ont alors contacté le britannique Ridley Scott, qui s’est empressé d’accepter l’offre de ce qu’il allait décrire comme le « Massacre à la tronçonneuse de la science-fiction ».

Si Star Wars a été le déclencheur d’une nouvelle vague de films de science-fiction à la fin des années 70, l’approche d’Alien est bien entendu complètement différente. La distribution est réduite et les protagonistes sont ce qu’on peut appeler des « prolos de l’espace », des travailleurs dont le vaisseau Nostromo transporte 20 millions de tonnes de minerais vers la Terre. Les acteurs choisis ne sont pas des jeunes premiers, ils avaient alors quasiment tous dépassé la quarantaine (de belles trognes de cinéma, Harry Dean Stanton étant le plus vieux avec ses 53 balais) et sont encore plus convaincants en employés (sacrifiables) dont la préoccupation principale est de savoir s’ils allaient bien recevoir l’intégralité de leur paye (la dynamique entre Yaphet Kotto et Harry Dean Stanton, alias Parker et Brett, est savoureuse).

Les deux membres d’équipages féminins sont les plus jeunes. Veronica Cartwright a avoué ne pas avoir vraiment aimé les faiblesses émotionnelles de Lambert, personnage qui est du point de vue des auteurs la personnification des peurs ressenties par le public. Elle se fait aisément voler la vedette par Sigourney Weaver, alors inconnue. « Benjamine » de l’équipe, Ripley se fait souvent asticoter par Parker et Brett et elle doit s’imposer dans un monde en grande partie masculin. Ses échanges tendus avec l’androïde Ash (impeccable Ian Holm) sont l’un des points forts du récit et elle prend de plus en plus d’importance tout au long d’une deuxième moitié de métrage tendue à l’extrême.

Ridley Scott prend son temps pour étoffer ces éléments et c’est exactement le rythme qu’il fallait à l’ensemble. Quand le capitaine Dallas et ses hommes découvrent que le signal qu’ils ont reçu vient d’un autre vaisseau qui s’est crashé, la mission bascule dans une horreur moite et étrange, exacerbée par les designs très organiques (et sexuels) de H.R. Giger. Kane, joué par John Hurt, est littéralement « violé » par une créature qui lui implante sa « graine » dans le corps, menant à un accouchement traumatisant et sanglant (scène qui fait partie à tout jamais de l’Histoire de la S.F.). La violence sera ensuite un peu plus suggérée, à part quelques plans furtifs, ce qui convient bien à ce suspense de couloirs où l’alien peut surgir à n’importe quel moment. Ce premier xénomorphe n’occupe pas un temps d’écran important, renforçant ainsi encore plus l’efficacité de ses apparitions.

Avec presque 185 millions de dollars de recettes pour un budget initial de 11 millions, Alien, Le 8ème Passager fut l’un des succès de l’année 1979…et pourtant malgré ces chiffres, l’inévitable suite n’est sortie que sept ans plus tard, en 1986. Mais ceci est une autre histoire…

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Quelle année quand même

Extrait de l’adaptation en comic-book par Archie Goodwin et Walt Simonson :

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Une des rares adaptation que j’aime. Dieu que c’est bon

Sinon j’ai enfin pu voir le film au cinéma en début d’année. Bon c’était le DC mais quelle beauté visuelle et sonore

Fichtre, aucun souvenir de celui-ci !
Excellente trouvaille !

Jim

Phantom City Creative :

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Gabz :

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Bryan Carey :

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Si je me rappelle bien (cela fait longtemps que je ne l’ai pas revu), elle a quand même un poste d’officier… Elle ne veut pas que le blessé soit ramené dans le vaisseau en respect des consignes, mais c’est l’androïde qui ouvre le sas, non?

ginevra

Oui elle est la 3ème dans la chaine de commandement après Dallas et Kane et c’est à ce titre qu’elle refuse l’ouverture du sas à ces dernier et qu’elle appuie sa fonction lors d’une discussion avec Hash.

Je crois pas qu’elle soit s’imposer dans un monde masculin. Les conflits avec Parker et Brett apparaissent plus comme de l’ordre de lutte de classe. En fait je pense que ca tient à l’idée de ne pas révéler qui sera la survivante.

Rapport homme femme, lutte des classes, en une scène de reveil les persos sont mieux posés que dans tout un film ou une serie entière aujourd’hui.

le film qui fait qu’on pardonne les 95% restant de la filmo de Ridley

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Oui, mais j’ai toujours eu l’impression (peut-être erronée) que l’autorité de Ripley est remise en question et qu’elle doit en faire plus pour s’imposer. Que Parker, avec son côté bourru, a un peu de mal à se faire commander par une femme plus jeune que lui (voir sa réaction quand il sait qu’il « va l’avoir dans les pattes » pour ainsi dire). Ash aussi ne l’écoute pas même si on sait qu’il a son propre agenda. Ce n’est que quand Kane puis Dallas disparaissent de l’équation (en réservant une surprise pour ceux qui ont vu le film la première fois puisque Tom Skerritt est placé en tête d’affiche) que Ripley peut s’affirmer dans l’action (et là Parker ne moufte plus)…

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Je dirais que ça rentre dans l’aspect lutte des classes : Ripley n’a pas de problème avec le haut de la hiérarchie, elle en a avec le bas de la hiérarchie.
C’est assez discrètement fait (et tellement mieux que dans les versions dérivées que Ridley Scott a imposées plus récemment), mais je crois bien que c’est présent.
Un film plus socialo que féministe, quoi.

Jim

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Paul Butcher :

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Avec blade runner tout de même

Et Duellistes.

Jim

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C’est dans les 5%