DÉCISION À SUNDOWN (Budd Boetticher)

REALISATEUR

Budd Boetticher

SCENARISTE

Charles Lang Jr, d’après une histoire de Vernon L. Fluharty

DISTRIBUTION

Randolph Scott, John Carroll, Karen Steele, Valerie French, Noah Beery Jr…

INFOS

Long métrage américain
Genre : western
Titre original : Decision at Sundown
Année de production : 1957

Premier des deux westerns de Budd Boetticher et Randolph Scott écrits par Charles Lang Jr, Décision à Sundown (également connu sous son titre belge Le Vengeur agit au crépuscule) n’est pas la plus appréciée des entrées du cycle Ranown (il se dit même que le réalisateur lui-même n’était pas convaincu par le résultat). Pour ma part, je mets en effet les films scénarisés par Burt Kennedy au dessus du lot, mais ceux de Charles Lang Jr sont aussi très intéressants, chacun dans un style différent. Décision à Sundown est une nouvelle variation sur le thème de la vengeance et elle évite le déjà-vu en proposant une étude de caractère très nuancée.

Randolph Scott est Bart Allison, un homme qui arrive dans la petite ville de Sundown en compagnie de son ami Sam (joué par cette bonne bouille de Noah Beery Jr, prolifique second rôle du grand et du petit écran) avec une seule idée en tête : abattre un certain Tate Kimbrough. Bart ne se présente pas d’emblée sous un jour très sympathique, ses manières sont rudes et il met sans hésitation la vie de son pote en danger en annonçant son ultimatum directement au mariage de Kimbrough…

Trois ans plus tôt, alors que Allison était à l’armée, sa femme s’est suicidée après avoir été séduite puis abandonnée par Kimbrough. Pour Bart, cela ne fait aucun doute : Tate Kimbrough est responsable du décès de son épouse. Mais le brave Sam en sait plus…et toute vérité n’est pas forcément bonne à entendre. C’est l’un des thèmes du récit. Ce conflit va conduire les habitants de Sundown sur le chemin d’une véritable prise de conscience. Quelques années plus tôt, ils ont laissé Kimbrough prendre le contrôle de la ville et les actions de Allison vont réveiller quelque chose en eux.

Et tout cela sans manichéisme. Le personnage principal n’est pas si héroïque que cela et celui qui est montré comme le méchant n’est en fait pas si antipathique et ce malgré ses défauts évidents. Dans Décision à Sundown, il y a plus de protagonistes que dans les scripts de Burt Kennedy, des figures récurrentes (le médecin, le juge, le prêtre, le barbier, le barman…) toutes très bien caractérisées, chacun ayant son moment fort, son dialogue marquant dans ce suspense impeccable.

On est ici loin des grands espaces de Sept Hommes à abattre ou de La Chevauchée de la Vengeance, ce qui n’empêche pas les qualités habituelles de la mise en scène de Budd Boetticher de se déployer. L’environnement est plus urbain (à part la scène d’ouverture, la caméra ne quitte jamais la ville de Sundown), l’unité de temps est resserrée (une seule journée), la gestion de l’espace est maîtrisée (alors que l’action prend place dans un nombre limité de lieux) et les gunfights sont bien tendus.

Un western étonnant, ce Décision à Sundown…par son propos, son ambiguïté et surtout par cette fin, amère et empreinte d’une grande tristesse, qui permet à Randolph Scott de montrer avec talent une autre facette de son jeu.

2 « J'aime »