LA CHEVAUCHÉE DE LA VENGEANCE (Budd Boetticher)

REALISATEUR

Budd Boetticher

SCENARISTE

Burt Kennedy

DISTRIBUTION

Randolph Scott, Karen Steele, Pernell Roberts, James Coburn, Lee Van Cleef…

INFOS

Long métrage américain
Genre : western
Titre original : Ride Lonesome
Année de production : 1959

Entre 1956 et 1960, le réalisateur Budd Boetticher et l’acteur Randolph Scott ont tourné ensemble 7 westerns, rassemblés sous l’appellation « cycle Ranown » (même si Ranown Pictures, la boîte de Randolph Scott et Harry Joe Brown, ne les a pas tous produits). Ce sont des westerns de série B, par leurs petits budgets, par leur production resserrée (environ deux semaines de tournage seulement pour chaque film), par leur durée (qui ne dépasse pas les 70/75 mn pour pouvoir être présentés en double programme). Mais ce sont des séries B qui n’ont rien à envier aux longs métrages de studio de John Ford ou John Sturges.

Il y a un mot qui revient souvent dans les critiques sur les westerns de Budd Boetticher et que j’ai également employé dans mes billets sur 7 hommes à abattre et Comanche Station…et c’est l’épure. Je me répète donc : les films de Boetticher sont épurés et c’est notamment cette concision qui fait partie de leur force. La Chevauchée de la Vengeance (Ride Lonesome en version originale) commence en pleine action, une situation déjà vue d’innombrables fois dans le genre dont il est question ici : Ben Brigade, un chasseur de primes, poursuit et rattrape Billy John, un jeune meurtrier. Le criminel se laisse embarquer parce qu’il sait que son grand frère Frank suivra leurs traces et le sortira de ce mauvais pas…

La caractérisation se fait naturellement, sans avoir besoin de consacrer de longues minutes à l’exposition. Et ce qui est aussi intéressant, c’est qu’il ne faut pas se fier à la première impression. Sur le chemin qui mène à Santa Cruz, Ben et son prisonnier s’arrêtent à un relais postal et rencontrent la belle Carrie, qui tient le lieu en l’absence de son mari (dont on apprendra vite qu’il a été tué par des indiens), ainsi que Boone et Whit, deux hors-la-loi. Ces vieilles connaissances de Ben convoitent aussi Billy John, car la prime pour sa capture est accompagnée d’une promesse d’amnistie pour ceux qui le remettront à la justice…

Cette équipe galope donc vers la prochaine ville, les indiens Mescaleros et Frank et sa bande sur leurs traces. Budd Boetticher démontrait ici une nouvelle fois sa parfaite gestion de l’espace et des décors dans un très beau Cinémascope. Le travail sur la profondeur de champ et les cadrages fait mouche à chaque fois, comme ce travelling qui suit une discussion entre Ben et Boone, révélant progressivement à l’arrière-plan une menace au sommet d’une dune, un moment de calme avant l’attaque. Et ce n’est qu’une scène redoutable d’efficacité parmi d’autres…

Entre deux séquences d’action, les protagonistes se dévoilent. Randolph Scott est impérial, avec un laconisme idéal pour le rôle jusqu’à la douloureuse révélation du véritable but de sa mission. Karen Steele sert avec justesse le parcours de cette femme forte. Pernell Roberts (Bonanza) et James Coburn (dans son premier rôle au cinéma) forment un duo d’amis attachants (et foncièrement pas si mauvais que ça). James Best (futur shérif Rosco dans Shérif fais-moi peur) est très bon en jeune pistolero qui n’a pas vraiment conscience de ses actes. Et si on le voit finalement assez peu, Lee Van Cleef compose un solide méchant.

La Chevauchée de la Vengeance fait partie des quatre Boetticher/Scott écrits par Burt Kennedy. Il y a des points communs entre chaque film, des variations sur le thème classique de la vengeance tout en évitant le piège de la redite, notamment grâce à l’excellent travail sur les personnages qui mène à un réjouissant final. Et à l’un des plus beaux derniers plans de l’histoire du western…

1 « J'aime »