SEPT HOMMES À ABATTRE (Budd Boetticher)

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REALISATEUR

Budd Boetticher

SCENARISTE

Burt Kennedy

DISTRIBUTION

Randolph Scott, Gail Russell, Lee Marvin, Walter Reed…

INFOS

Long métrage américain
Genre : western
Titre original : Seven men from now
Année de production : 1956

Parmi les grandes collaborations du western, il y en a une qui a longtemps été éclipsée par d’autres avant d’être redécouverte (peut-être parce que les critiques de l’époque n’y voyaient que de « simples séries B »…à part André Bazin en France), celle qui a réuni le réalisateur Budd Boetticher et l’acteur Randolph Scott. Le premier avait du mal à accepter les contraintes du système des studios et enchaînait au début des années 50 les westerns de série et les boulots de commande à la télévision. Randolph Scott était l’un des comédiens les plus associés au western puisque plus de la moitié de ses 100 longs métrages appartiennent au genre. Les deux hommes ont tourné sept films ensemble entre 1956 et 1960, le premier étant l’excellent Sept hommes à abattre.

Premier scénario de Burt Kennedy, autre nom lié au western aussi bien en tant que scénariste que réalisateur, Sept hommes à abattre a été distribué par la Warner et produit en indépendant par Batjac Productions, la société co-fondée par John Wayne. Le Duke aurait pu jouer le rôle principal, mais il était occupé par le tournage de La Prisonnière du Désert, chef-d’oeuvre de John Ford. Il a donc choisi le réalisateur Budd Boetticher et a lui-même suggéré Randolph Scott en tête d’affiche.

Il y a un thème qui revient régulièrement dans les westerns de Boetticher et Scott, celui de l’homme en quête de vengeance, mais à chaque fois avec des variations. Car les protagonistes de leurs histoires ne se réduisent pas à de simples archétypes. S’il a l’air impassible et fort (sans confiner au machisme), l’ancien shérif Ben Stride est torturé par les mauvaises décisions qu’il a prises sous le coup de la fierté et qui ont causé indirectement la mort de sa femme, prise dans le feu croisé pendant un vol à la Wells Fargo où elle travaillait. Stride poursuit depuis inlassablement les tueurs et sa route lui fera croiser celle d’un couple de pionniers…

Ces détails importants sont révélés progressivement, au fil de rebondissements subtilement dosés. Le scénario de Burt Kennedy est très bien construit, aussi simple dans son déroulement et sa linéarité que redoutablement efficace dans sa concision (75 minutes et pas une de trop), ce qui est annoncé dès la tension de l’impeccable scène d’ouverture. La mise en scène de Budd Boetticher est limpide, les plans sont très beaux et les gunfights dynamiques.

Si Sept Hommes à abattre se caractérise notamment par une certaine épure, cette économie n’empêche pas les personnages d’être très bien caractérisés, riches sans passer obligatoirement par une abondance de dialogues, mais souvent par leur langage corporel, la tristesse d’un regard ou l’intensité d’un face-à-face.

La prestance naturelle de Randolph Scott sert bien son rôle, le magnétisme de Lee Marvin fait de lui un superbe « vilain ambigu » et la discrète Gail Russell, qui joua avec John Wayne dans les années 40 et dont la carrière et la vie furent fauchées bien trop tôt à cause de son alcoolisme, livre une touchante composition en femme marquée par la fatigue d’une vie qui n’a pas pris le tournant qu’elle avait espérée. Mais comme le montre le final, peut-être n’est-il pas trop tard…

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