DIEU QUI PUE, DIEU QUI PÈTE (Fabien Vehlmann / Frantz Duchazeau)

Discutez de Dieu qui pue, Dieu qui pète

Personnellement, j’aime beaucoup les histoires courtes. Tout tient souvent à la chute, bien entendu, mais aussi et surtout au rythme. Paradoxalement, même si la pagination est réduite, c’est souvent dans des récits courts qu’on dispose de la place qu’il faut pour raconter les choses. Et c’est un exercice dans lequel Fabien Vehlmann a démontré son expertise bien souvent.

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Compilation de contes africains (dont je ne saurais dire s’ils sont authentiques ou pas), Dieu qui pue dieu qui pète fait preuve d’un humour assez redoutable, teinté de cette mélancolie dont Vehlmann fait souvent preuve dans ses récits.

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Duchazeau déploie des trésors d’évocation : c’est quand même assez étonnant, sa capacité à dessiner autant en traçant si peu, à être aussi précis tout en restant brouillon à ce point.

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Les récits tournent souvent autour de considérations politiques : le pouvoir, la convoitise, la vie en communauté, le déracinement, le rapport de la culture et de la tradition à l’endroit où elles s’enracinent. La première histoire, qui montre la petite Fatou bien décidée à bâtir son propre royaume, n’est pas sans me rappeler Tarzan: A Tale of Mugambi, un récit de Darko Macan et Igor Kordey publié chez Dark Horse il y a des années, et évoquant l’effondrement des royaumes déchirés entre différentes convoitises.

Jim

J’ai fini ça ce matin, et je trouve qu’à force de vouloir mettre des albums dans des cases, les éditeurs se ratent des publics. C’est clairement estampillé jeune public et il suffit de lire cette partie de phrase de Monsieur Lainé :

Pour bien se rendre compte que les sujets évoqués sont clairement pour les adultes, sous des allures de contes pour enfants.
Chaque récit est vachement bien calibré, ce qui n’est vraiment une surprise, après avoir lu Green Manor et Les Cinq Conteurs de Bagdad. Vehlmann a vraiment du talent pour gérer ce type de récit, et arriver à poser le sujet tout en mettant de la contenance.
Je ne sais pas non plus si les histoires sont de vraies histoires africaines, mais elles fonctionnent plutôt bien et possèdent une ambiance et une atmosphère particulières, que je ne serais dire si elles sont africaines, mais en tout cas, pour l’Européen que je suis, elles semblent l’être. Elles sont aidées par un dessin de Duchazeau que j’ai trouvé plus « fignolé » que les Cinq Conteurs, mais qui garde quand même son style caractéristique, que je trouve assez épatant.

En tout cas, ça se lit plutôt bien, assez rapidement. les histoires sont agréables et tout public (ce qui fait que j’ai déjà refilé l’album à la grande, je verrai bien ce qu’elle me dira), avec des sortes de morales qui me semblent pouvoir être comprises à différents niveaux.

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