REALISATEUR
Ernest B. Schoedsack
SCENARISTE
Tom Kilpatrick
DISTRIBUTION
Albert Dekker, Thomas Coley, Janice Logan, Charles Halton…
INFOS
Long métrage américain
Genre : aventures/science-fiction
Titre original : Dr Cyclops
Année de production : 1940
Docteur Cyclope est une série B de science-fiction (pour être plus précis, elle mélange des éléments de science-fiction, d’aventures et d’horreur) assez inhabituelle pour son époque. Il s’agit du premier film du genre à avoir été tourné dans un flamboyant technicolor…et pour un film de studio, on ne retrouve aucun nom connu au générique. Il faut préciser que l’essentiel du budget est passé dans la couleur (plus chère que le noir et blanc d’usage) et dans la confection de trucages très élaborés.
Le Docteur Cyclope du titre, c’est le Dr Thorkel, surnommé ainsi à cause de sa très mauvaise vue. Le bonhomme se terre au coeur de la forêt amazonienne pour y mener dans le plus grand secret d’étranges expériences. Après s’être débarassé de Mendoza, son assistant qui menacait de le trahir, Thorkel invite trois spécialistes à le rejoindre : le Docteur Bulfinch, éminent biologiste, le Docteur Mary Mitchell et Bill Stockton, un minéralogiste. Thorkel profite de leurs connaissances avant de les obliger à partir.
Indigné par le fait d’être obligé de quitter les lieux sans en avoir appris plus sur les recherches de Thorkel, Bullfinch refuse. L’équipe apprend vite que Thorkel est tombé sur un important gisement de radium…et que grâce à un condensateur de rayons de son invention, il a découvert le secret de la miniaturisation.
Après avoir mené de nombreuses expérimentations sur des animaux, le Dr Thorkel est près à passer à l’étape suivante…et ce sont ses infortunés « invités » qui vont en faire les frais…
L’interprétation n’est donc pas le point fort de Docteur Cyclope. À part pour le rôle-titre, campé par un Albert Dekker (prolifique second couteau qui terminera sa carrière en participant à La Horde Sauvage de Sam Peckinpah) intense et habité, le reste de la distribution oscille entre le correct (Charles Halton en Dr Bulfinch) et le fade (Janice Logan). La caractérisation ne manque également pas de clichés et les motivations du savant fou mégalomane ne sont pas vraiment développées.
Ces quelques réserves s’effacent toutefois devant les brillantes idées de mise en scène, le rythme enlevé, les péripéties variées et l’excellente qualité des effets spéciaux. Toutes les techniques sont ici utilisés afin de projeter les héros dans le monde de l’infiniment petit et de les opposer aux divers dangers liés à leur nouvelle situation : écran divisé, rétro-projection, miniatures, accessoires de taille démesurée…et le résultat, justement reconnu aux Oscars la même année, est encore très convaincant et même assez impressionnant.
Docteur Cyclope a pavé la voie pour des séries B des années 50 comme La Révolte des Poupées de Bert I. Gordon et L’Homme qui rétrécit de Jack Arnold et demeure un modèle du genre, palpitant et très efficacement réalisé.
On retrouve aux commandes de Docteur Cyclope l’un des papas de King Kong, Ernest B. Schoedsack, à qui l’on doit également un autre classique des années 30, La Chasse du Comte Zaroff. La renommée de ces deux oeuvres légendaires a d’ailleurs un peu éclipsé ses autres réalisations. Docteur Cyclope fut son avant-dernière mise en scène. Ernest B. Schoedsack fut blessé pendant la Seconde Guerre Mondiale et sa vue s’en retrouva gravement atteinte. Il put tout de même réaliser Monsieur Joe en 1949, un autre récit de singe géant qui marqua sa réunion avec les équipes de King Kong, avant de se retirer des plateaux.
À noter pour conclure que les aspects très pulp du scénario de Docteur Cyclope firent du film un candidat idéal pour une adaptation en prose…et ce fut Henry Kuttner qui s’en chargea dans un numéro de Thrilling Wonder Stories.