EXISTENZ (David Cronenberg)

Science-fiction
Long métrage canadien/britannique/français
Ecrit et réalisé par David Cronenberg
Avec Jude Law, Jennifer Jason Leigh, Ian Holm, Don McKellar, Callum Keith Rennie, Christopher Eccleston…
Année de production : 1999

L’étude des rapports entre l’humain et la technologie fait partie des thèmes récurrents de l’oeuvre de David Cronenberg et même dans un long métrage qui n’a à priori rien à voir avec le reste de sa filmographie comme Fast Company, avec ses pilotes dont la vie ne tourne qu’autour des courses et qui semblent ne plus faire qu’un avec leurs voitures dans certaines scènes. eXistenZ, son dernier film de la décennie 90, imagine un futur où les jeux vidéos sont devenus des constructions organiques qui pénètrent littéralement les corps des joueurs pour leur faire découvrir un monde virtuel.

Le « pod » imaginé par la créatrice de jeu Allegra Geller (interprétée par Jennifer Jason Leigh) est encore une fois une belle illustration de l’aspect body horror cher au réalisateur et scénariste canadien. Cette console est vivante, réagit au toucher de manière troublante (et carrément sexuelle), peut tomber malade, être infectée ou infecter les utilisateurs qui se connectent en se branchant avec ce qui ressemble à un cordon ombilical. Si les résumés de eXistenZ parlent d’un futur proche, il n’y a en fait pas trace de technologies futuristes telles qu’on peut les imaginer à part ces machines mutantes et même les téléphones semblent construits dans le même moule.

L’histoire débute par une démonstration d’eXistenZ qui vire au cauchemar quand Allegra Geller est prise pour cible par un fanatique qui se réclame être un « réaliste », un groupe opposé à la technologisation de l’être humain. Allegra parvient à s’échapper avec l’aide de Ted Pikul (Jude Law), un commercial de la société Antenna Research qui s’apprête à commercialiser le jeu. Pendant leur fuite, Allegra et Ted se rapprochent et elle parvient à le convaincre de se faire implanter un bio-port (alors que le pauvre Ted a la phobie des opérations) afin de jouer ensemble à eXistenZ et vérifier que le jeu n’a pas souffert de l’attaque…

Si le rythme du premier acte est un peu hésitant, les personnages pittoresques sont au rendez-vous comme le pompiste campé par Willem Dafoe avec son caractéristique sourire de cinglé et Ian Holm en savant reclus à l’accent prononcé qui décortique un pod comme s’il autopsiait encore un facehugger dans Alien. Lorsque Allegra et Ted visitent enfin l’univers virtuel d’eXistenZ, David Cronenberg brouille habilement les pistes dans ce bon suspense labyrinthique où il est facile de se perdre tant les frontières entre les deux réalités sont floues, sensations exprimées par les doutes de Ted.

Cronenberg s’amuse avec les codes des jeux vidéos (comme le comportement des personnages non jouables et les actions à accomplir pour faire avancer le scénario) et signe un film aussi étrange qu’un brin décousu qui questionne la véracité de ce qui se déroule jusqu’à un ultime rebondissement et une savoureuse réplique finale qui n’est pas sans rappeler celle de Total Recall…ce qui n’est pas étonnant quand on sait que David Cronenberg avait un temps travaillé sur l’adaptation de Philip K. Dick.

1 « J'aime »

L’affiche allemande a un petit côté « lovecraftien », non?

Il faudrait que je le revois un de ces jours, mais il est vrai que la fin m’avait surptise.

ginevra

Au niveau du scénario, de ses enjeux et thématiques, ce film souffre souvent de le comparaison avec un autre Cronenberg fameux, ‹ Videodrome ›… et à juste titre, ce dernier etant plus puissant sur le plan visuel et globalement plus fou, plus vertigineux encore sur le plan thématique. Mais je conserve une affection particulière pour celui-ci, que j’avais découvert à sa sortie et qui m’avait emballé, comme beaucouo de monde à sa sortie d’ailleurs… je me souviens d’un essai assez delirant de Medhi Belhaj Kacem par exemple, qui prouvait que le film se prêtait parfaitement aux délires interprétatifs divers et variés !!