Ah oui … tu m’as pris au sens figuré, au 1er degré en fait (enfin, le tien). Tu ne te souviens pas de ce que j’ai pris à l’apéro ?
Oui, je suis un poète, je prends les choses au figuré.
Mais j’ai aussi pensé au sens propre (ou sale…) et je ne pense pas que j’ai été affecté par tes soucis familio-gastriques. J’ai souvent la barbouille moi-même, mais je soupçonne que je me gave un peu trop de raisin !
Donc désolé, tu n’es pas responsable.
Jim
Ah ouf.
Parce que j’ai presque été traité de terroriste à la maison quand on est rentré.
En tout cas, la galette normande de Bretagne a bien été digérée pour ma part !
(pour revenir à la vraie chiantitude qui occupe ces quelques derniers messages, je comprends ce que tu veux dire, sans l’avoir vécu, évidemment. J’ai sincèrement de la peine pour les auteurs/dessinateurs qui sont devant leur table et qui attendent des heures. Mais je ne peux m’arrêter partout …
Donc, je te taquine, mais je te comprends très bien)
Oui, rien de fâcheux.
Pareil.
Et la glace, c’était pas de la plaisanterie.
Je suis allé faire un tour, regarder quelques coins sympas. Le libraire n’a pas compris quand j’ai décliné l’invitation à la fiesta du soir : je n’avais rien à fêter.
Jim
Même pas le fait que ce soit enfin fini ?
Tori.
Même pas : je suis parti avant la fin.
Mais le deuxième jour, j’ai pas mal papoté avec mon voisin, qui se tournait moins les pouces que moi, mais qui a connu quelques longs quarts d’heure de solitude, aussi.
Jim
Je l’ai lu… mieux vaut tard que jamais.
Et j’en suis bien content !
J’ai appris beaucoup de choses, ici, et d’autres m’ont été confirmées, ce qui est tout autant agréable. Je trouve que le sujet est un peu « difficile », dans le sens où les biographies croisées de deux figures finalement obscures, pour le grand public, du monde des comics ne sont pas forcément les thèmes les plus porteurs.
Mais Jean-Marc s’en sort très bien, en rajoutant notamment du dynamisme dans l’évocation d’événements qui, finalement, restent très quotidiens.
J’apprécie en effet la narration par chapitres, autant temporels que thématiques.
Certes, le fait que jamais Fredric et William se croisent, bien qu’ils se tournent littéralement autour dans leurs univers personnels, cela nuit un peu à l’ensemble. Dans le sens où, instinctivement, « j’attendais » une rencontre, un contact entre ces deux hommes qui ont marqué les comics, mais se révèlent finalement « opposés ».
Je n’avais en effet jamais tilté que Fredric et William représentaient bien deux approches des comics, en partant du domaine psychiatrique. Le parallèle est intéressant, aussi parce que leurs vies semblent aussi opposées. William, en chef d’une famille atypique, sur laquelle la BD s’appesantit peu, en tout cas n’explique pas énormément, mais montre beaucoup. Fredric en plus austère, presque une approche monacale de son rôle.
L’idée ainsi de dresser ce parallèle est pertinente, et éclaire bien la période. La division en chapitres apporte beaucoup, oui, et l’ensemble se lit très bien, se dévore même.
J’ai particulièrement été marqué par le chapitre sur Albert Fish, serial-killer terrifiant qui marque Wertham. Le segment est juste parfait, dans sa forme et son fond.
Les autres chapitres sont aussi bons, bien que je trouve, mais c’est léger, que le dernier est un peu « rapide », enfin l’accumulation d’événements fait un peu trop listing. Mais le final est beau et bien vu, une belle conclusion optimiste.
Maintenant, je trouve aussi que ça « parle » beaucoup à ceux qui connaissent. Je vais le faire lire à Madame, qui aime les comics mais ne s’est pas forcément autant intéressée que moi. Je trouve qu’il manque, peut-être, quelques clés de lecture, notamment sur le Comics Code, les EC Comics, etc., et grosso-modo la période de « gloire » de Wertham concernant les comics.
Ca ne m’a pas gêné moi, mais peut-être que ces segments peuvent être manquants pour des plus novices.
Graphiquement, Thierry Olivier livre des planches solides… mais qui ne m’ont pas forcément emballées.
Attention, c’est bien fait, c’est propre, c’est léché, c’est pro’, c’est bien. Mais ce n’est pas forcément mon goût, notamment parce que je trouve les visages un peu « flippants » (les yeux, notamment), et l’ensemble est parfois figé.
Mais encore une fois, c’est bien fait, juste que ce n’est pas comme j’aime.
En conclusion, je ressors très content de la lecture. L’ensemble est intéressant, fluide. Ca manque peut-être de quelques clés, et j’avoue que certaines transitions peuvent être rapides.
Mais quel travail de recherches, et quelles bonnes idées de lier Fredric et William. Le parallèle est bon, vraiment, et l’organisation du scénario pour acter leurs différences, leurs aspects opposés, tout ça est fin et prenant.
C’est un bel ouvrage, en plus, avec des bonus sympa’ (j’ai pouffé sur ta blague, @Jim_Laine !) et une belle édition.
En soi, j’ai eu l’impression de lire une oeuvre hybride, un peu proche au fond de quelques programmes qui allient reportage documentaire historique, et reconstitution avec des acteurs. Et moi, j’aime bien ces programmes, alors c’est positif pour moi.
Merci d’avoir fait cette belle BD, j’y ai appris des choses, et j’ai été bien marqué par le chapitre sur le serial-killer. D’ailleurs, je reviens sur le graphisme : la pleine page sur le cauchemar de Wertham est superbe et terrible, une véritable oeuvre d’art bluffante.
Bref, c’était top !
Cool.
Y a plein de biopics qui ne sont pas « grand public », qui concernent des personnages historiques très particuliers. C’est peut-être lié à l’exercice.
Ça permet aussi de « tricher » un peu, de faire des bonds vers les périodes les plus intéressantes. De montrer clairement que l’on fait une sélection.
Comme je le dis dans les bonus, c’est une idée qui a jailli. Il a fallu ensuite un peu creuser pour voir si l’on pouvait en faire quelque chose.
J’en parle dans l’émission Tumatxa, un peu. Pour résumer, on s’est aperçus, hélas un peu tard, que le planning qu’on avait été faux, et que la fabrication attendait les planches plus tôt que prévu. Cela a conduit à revoir un peu la disposition du chapitre. Mais au final, je trouve que la partie sur les auditions sénatoriales fonctionne un peu à la manière d’un rouleau compresseur, le destin que l’on n’arrête pas. C’est un exercice de style un peu contraint par les impératifs dans les coulisses, mais je suis content du résultat.
C’est là qu’interviennent les bonus.
On a pensé, un temps, développer d’autres personnages, et puis on a pensé qu’on pouvait perdre les lecteurs, donc on a préféré se concentrer sur les deux zozos.
C’est typiquement ce que Thierry aime faire. J’imagine que c’est sa planche préférée.
Re-cool !
Jim
Oui, je vois. C’est vrai que les auditions sont brutes et directes, mais j’admets que j’aurais peut-être préféré quelques panels expliquant comment et pourquoi elles en sont venues à être organisées. Mais je pinaille.
Oui, d’autant que la famille de William existe et a un rôle, aussi.
Si on avait eu le temps qu’on pensait avoir, ça aurait sans doute abouti à des planches plus « gaufrier », mais je ne pense pas qu’on eût mis beaucoup plus d’infos. J’aurais sans doute insisté sur la concurrente de Wertham, qui était une ennemie personnelle (et son témoignage dissimule de vieilles rivalités professionnelles). Mais en substance, ça n’aurait pas changé grand-chose. Plus sur la forme que sur le fond.
Ouais, je ne voulais pas entrer dans les détails (d’autant que sa petite famille, je m’y perdais un peu, avec tous ces mômes qui ont pour prénom les noms de famille des autres…), mais je tenais à montrer que ses mesquines manipulations ont conduit à construire quelque chose, une maison bruissante de mouvement… Comme tu le dis, c’est montré plus qu’expliqué.
Jim
Oui, pour le coup, je n’ai pas capté que c’était une ennemie personnelle de Wertham, mais « une voix » au coeur de la discussion, des débats.
J’admets que je n’ai pas interprété ses manipulations, ou même quand il impose Olive à sa femme, ou encore quand il impose la vie commune, comme mesquines.
Je les ai vues comme l’envie d’un homme, certes de contrôler tous et toutes, mais aussi une forme d’envie de fonctionnement en dehors de la norme. Plus premier degré positif que mesquineries.
Et j’aime beaucoup.
Ce n’est pas non plus essentiel. Ça aurait peut-être été intéressant de montrer que Wertham était aussi guidé par des considérations politiques, mais « peut-être » seulement. Était-ce vraiment essentiel ?
L’impératif de tenir les délais a mené à réduire à l’essentiel.
Jim
En tout cas, ça rend bien malgré ça.
Deux petites photos signées Alain Breton, prises au festival Bloody Fleury, à Fleury-sur-Orne, fin février dernier.
Un petit merci en passant à Jérôme et Anne, pour l’accueil et l’organisation, et à Alain pour les clichés.
Jim
Il y a quelques jours, je reparcourai les pages d’intro d’une édition de Black Boy, le roman à fond biographique de Richard Wright. Et le texte expliquait que l’écrivain est allé vivre, à un moment, en France, rencontrant Sartre et la rédaction des Temps Modernes.
Elle est donc là, l’explication de la traduction d’une partie de Seduction of the Innocent en français.
Jim
Merci pour l’info!
J’ai « Black Boy » dans cette édition également.
L’ayant lu il y a une bonne dizaine d’années, je n’avais pas retenu son passage en France et son lien avec Sartre et la revue « Les Temps Modernes »
J’ai peut être loupé un truc dans la BD, mais je ne fais pas le lien Wright et Fredric!
Ce passage m’avait étonné lors de ma première lecture, changeant entre autres éléments ma perception de Wertham.
Merci pour ce rappel (une relecture ne me ferait pas de mal)