REALISATEUR
Paul Schrader
SCENARISTE
Alan Ormsby, d’après l’histoire de DeWitt Bodeen
DISTRIBUTION
Nastassja Kinski, John Heard, Malcolm McDowell, Annette O’Toole…
INFOS
Long métrage américain
Genre : thriller/horreur/érotique
Titre original : Cat People
Année de production : 1982
See these eyes so green
I can stare for a thousand years
Colder than the moon
It’s been so long
Quatrième long métrage de Paul Schrader (après Blue Collar en 1978, Hardcore en 1979 et American Gigolo en 1980), La Féline fait partie de ces remakes qui proposent, au-delà de la simple redite, une réinvention audacieuse de l’original (on peut trouver un autre exemple en 1982 avec The Thing, chef d’oeuvre de John Carpenter que je trouve supérieur à son modèle, La Chose d’un Autre Monde produit par Howard Hawks). L’original dont il est question ici, La Féline/Cat People de Jacques Tourneur, est sorti en 1942 et demeure un classique du genre, qui a établi la méthode du producteur Val Lewton, une horreur hors-champ qui joue sur la suggestion et l’imagination du spectateur.
Nastassja Kinski (Tess) est Irena Gallier, une jeune femme qui retrouve son frère aîné après la mort de leurs parents. Paul (magnétique Malcolm McDowell) vit à la Nouvelle-Orléans, un lieu différent du long métrage de Jacques Tourneur et qui est très bien choisi parce que cette ville participe pleinement à l’atmosphère de l’histoire racontée, par son architecture, par son côté cosmopolite qui a apporté un brassage de cultures. La Nouvelle-Orléans et par extension l’état de Louisiane sont souvent des personnages à part entière dans les films qui s’en servent comme toile de fond.
Dès leurs premières scènes ensemble, il y a comme un malaise qui se dégage du comportement de Paul envers sa soeur. Puis, Paul disparaît après l’attaque d’une prostituée par une panthère dans un hôtel de passe. L’animal est capturé et enfermé dans un zoo que visite Irena le lendemain. Irena se lie alors d’amitié avec Oliver, un zoologiste. Une amitié qui évolue en désir et qui réveille alors la malédiction familiale qui touche les Gallier…
La version de 1982 ajoute une dimension incestueuse en développant la nature transgressive des « Cat People ». Le frère et la soeur doivent coucher ensemble, ou alors la bête reprend le dessus. Ils se transforment en panthère en condamnant généralement leur amant (ou amante) d’un soir. Et ils doivent tuer à nouveau pour redevenir humain. Un climat trouble qui diffère de La Féline de Jacques Tourneur par la caractérisation de l’héroïne. À la frustration et la peur de l’Irena campée par Simone Simon succède l’ambiguïté de l’Irena de Nastassja Kinski. En apparence réservée, elle sait jouer de ses charmes mais sans s’y abandonner complètement. Son désir est en éveil et elle se libère de plus en plus jusqu’à la découverte de sa véritable nature…
Quarante ans ont passé depuis La Féline de Jacques Tourneur. Paul Shrader est donc plus démonstratif dans la violence et la nudité. Nastassja Kinsi est superbe, troublante et terriblement sensuelle, il émane de sa présence, de sa démarche…féline (le mot est juste) et de son regard brûlant une véritable puissance érotique. Paul Schrader le disait, il montre « plus de chair que de sang ». Et en effet, Nastassja Kinski et ses deux partenaires masculins principaux passent une grande partie de la deuxième moitié du film entièrement nus. Le gore est plus rare, mais les scènes-chocs sont très efficaces, le rouge sang accompagnant la représentation mythique de la malédiction des « Cat People », avec ses teintes ocres et les pulsations appuyées de la musique de Giorgio Moroder et David Bowie.
Bref, un remake réussi, fascinant et hypnotique. J’ai juste une petite réserve sur l’utilisation de deux ou trois éléments tirés du film de 1942. Paul Schrader livre ainsi sa reprise de la fameuse scène de la piscine, mais celle-ci fonctionne nettement moins bien qu’en noir et blanc, avec ce jeu sur les sons et les ombres dans lequel excellait Jacques Tourneur.
See these eyes so green
I can stare for a thousand years
Just be still with me
You wouldn’t believe what I’ve been through
You’ve been so long
Well it’s been so long
And I’ve been putting out fire with gasoline
Putting out fire with gasoline