REALISATEUR
John Carpenter
SCENARISTE
Bill Lancaster, d’après la nouvelle de John W. Campbell Jr
DISTRIBUTION
Kurt Russell, Wilford Brimley, Keith David, Richard Dysart…
INFOS
Long métrage américain
Genre : science-fiction/horreur
Année de production : 1982
Au sein de la filmographie de John Carpenter, il y a une sorte de trilogie non-officielle qui a été appelée la « Trilogie de l’Apocalypse » compte-tenu des thématiques que les films partagent. Des histoires qui tournent autour de l’apparition d’une horreur cosmique, d’entités inconnues de l’homme qui menacent autant de prendre sa vie que le profond sens de son identité. Comme disait Big John dans une interview, The Thing, Prince des Ténèbres et L’Antre de la Folie parlent de la fin du monde tel que nous le connaissons, chacun à sa manière bien particulière.
The Thing traite de paranoïa, de la lente érosion de la confiance dans une petite communauté qui n’était d’ailleurs pas si soudée que cela. L’apocalypse peut commencer dans un endroit reculé, loin de toute civilisation. La vie en société n’est plus la même quand on ne sait plus si les personnes que l’on côtoient depuis de nombreuses années sont toujours les mêmes…ou si elles ont été remplacées par quelque chose de plus sinistre. Carpenter examine un microcosme qui se délite lentement mais sûrement…
La nouvelle Who goes there ? de John W. Campbell Jr avait déjà été adapté en 1951 par Howard Hawks et Christian Niby sous le titre La Chose d’un Autre Monde. Un projet de nouvelle adaptation/remake circulait depuis le milieu des années 70 et John Carpenter avait même été approché mais il n’était alors pas connu. La Universal a donc choisi Tobe Hooper mais comme le studio ne partageait pas la vision du réalisateur de Massacre à la Tronçonneuse, la collaboration s’est arrêtée. C’est le succès du Alien de Ridley Scott qui a relancé le projet et John Carpenter a finalement été engagé suite au carton d’Halloween.
Carpenter était d’abord un peu réticent, en tant que grand fan de Hawks et du film original (mais pas vraiment de son monstre). C’est en revenant à la nouvelle de Campbell (que je n’ai pas lue, je le précise) qu’il a décidé de se lancer dans son premier film de studio, en travaillant sur le scénario avec l’acteur/scénariste Bill Lancaster (La Chouette Equipe).
The Thing, c’est le genre de film qui supporte aisément de nombreux visionnages (je le revois d’ailleurs assez régulièrement, genre une fois tous les deux ans) : le suspense est palpable, l’ambiance est anxiogène, l’interprétation est solide (que de très bons acteurs, de vraies « tronches ») et dès que l’horreur survient, Carpenter et ses équipes nous clouent à notre fauteuil (tout a été dit sur les démentiels effets spéciaux de ce dingue de Rob Bottin dans la redoutable efficacité de la représentation d’une créature innommable et sans véritable forme) jusqu’à une mémorable fin ambiguë.
The Thing est un classique de la science-fiction horrifique, la définition même d’un film-culte. Car à sa sortie dans un été 1982 surchargé (Conan le Barbare, Poltergeist, Mad Max 2, Star Trek 2, Blade Runner, Tron, E.T., Megaforce…quelle année !), le long métrage de John Carpenter a été massacré par la critique (quand on relit certains avis de l’époque, c’est hallucinant de voir à quel point même les "spécialistes du genre " sont passés à côté) et boudé par le public. Ce sont les sorties en VHS puis les diffusions TV qui ont permis à The Thing d’être redécouvert (même s’il y a eu un remontage du studio désavoué par Big John pour la première diffusion télé aux Etats-Unis).
Quant à Carpenter, cet échec a mis un sérieux frein à plusieurs de ses projets (la Universal a cassé son contrat avec lui suite à ce flop) et pour se relancer, il a ensuite accepté deux commandes, Christine (d’apès Stephen King) et Starman.