LA FORTERESSE NOIRE (Michael Mann)

REALISATEUR& SCENARISTE

Michael Mann, d’après le roman de F. Paul Wilson

DISTRIBUTION

Scott Glenn, Ian McKellen, Alberta Watson, Jürgen Prochnow, Gabriel Byrne…

INFOS

Long métrage américain
Genre : fantastique
Titre original : The Keep
Année de production : 1983

Seul film fantastique de la carrière de Michael Mann (Le Sixième Sens, Le Dernier des Mohicans, Heat…), qui l’a depuis renié, La Forteresse Noire est l’adaptation d’un roman de F. Paul Wilson, The Keep (traduit dans un premier temps sous le titre Le Donjon lors de sa première publication française). The Keep suit une section de soldats allemands qui réveille une force maléfique prisonnière depuis des siècles dans une forteresse apparemment abandonnée dans les montagnes roumaines. Je n’ai pas lu le roman, mais d’après les informations disponibles sur la toile, la nature de la menace diffère entre les deux versions.

Si j’ai bien compris, le Radu Molasar (tel est le nom de la créature qui hante la Forteresse Noire) du roman serait l’initiateur du mythe vampirique. Rien à voir donc avec le golem bodybuildé (imaginé par Enki Bilal et interprété par Michael Carter, alias Bib Fortuna dans Le Retour du Jedi) du long métrage de Michael Mann, si ce n’est qu’ils représentent tous les deux l’incarnation du mal absolu.

Avec La Forteresse Noire, Michael Mann avait pour but de réaliser un « conte de fées pour adultes », un cauchemar expressionniste et stylisé. Sur la forme, et malgré des aspects indéniablement datés, le résultat est souvent fascinant…il est aussi souvent incompréhensible…

La Forteresse Noire fait partie de ces films « maudits », des productions qui se sont heurtées à de nombreux problèmes (un tournage qui s’éternise, le mauvais temps qui s’invite et qui complique les scènes en extérieur, la mort du spécialiste des effets spéciaux, un studio qui refuse de débloquer plus de fonds quand l’argent se met à manquer…) et aux fameux « désaccords créatifs » entre le metteur en scène et ses producteurs.
Après plusieurs mois, Michael Mann a rendu un premier montage de 3h30, qu’il a ensuite réduit à un peu plus de deux heures. Suite à des projections-test catastrophiques, la Paramount a récupéré le métrage pour le charcuter et le réduire à 90 minutes.

Dans ce montage chaotique, des scènes complètes ont ainsi disparues, occasionnant des erreurs de continuité et des trous scénaristiques qui rendent la narration complètement confuse. Le personnage de Glaecken, incarné par Scott Glenn, fait partie de ceux qui en ont le plus souffert : il apparaît comme un cheveu sur la soupe, tombe amoureux de l’héroïne féminine sans que cela soit vraiment crédible, le couple enchaînant sur une scène de sexe so eighties , et son combat contre Molasar manque d’ampleur. Glaecken et Molasar sont les deux faces d’une même pièce…la lumière contre l’ombre…ce qui aurait mérité d’être plus développé…

Mais aussi inégal et brouillon soit-il, et malgré une musique (de Tangerine Dream) et certains trucages qui ont mal résisté à l’épreuve du temps, La Forteresse Noire est traversé d’étonnantes fulgurances. Le travail sur les ombres et lumières dans cet imposant décor est fascinant, faisant de cet enchaînement de péripéties décousues un cauchemar visuellement envoûtant.
Les scènes-chocs sont plutôt efficaces, comme lorsque Molasar absorbe l’énergie vitale de ses proies jusqu’à ce qu’elles explosent littéralement. L’interprétation est également très intéressante…et ce sont les excellents Jürgen Prochnow et Gabriel Byrne qui tirent surtout leur épingle du jeu.

Dégoûté par l’expérience, Michael Mann est ensuite parti sur le petit écran pour produire la série Deux Flics à Miami. Il aura fallu attendre trois ans pour qu’il réalise un autre long métrage, Le Sixième Sens en 1986. Le romancier F. Paul Wilson n’a quant à lui pas du tout apprécié la transposition cinématographique de son oeuvre…il a même écrit une bande dessinée en 2011 (avec Matthew Dow Smith aux dessins) pour donner sa propre version de ce qu’aurait du être le film, selon ses propres termes.

Je crois que j’ai tenu … 15 minutes !

Grand fan du genre, Francesco Francavilla choisit chaque année un thème horrifique pour son Inktober . Le sujet du mois : les films d’horreur des années 80.

LA FORTERESSE NOIRE

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