REALISATEUR
Mark L. Lester
SCENARISTE
Stanley Mann, d’après le roman de Stephen King
DISTRIBUTION
Drew Barrymore, David Keith, Freddie Jones, Martin Sheen, George C. Scott, Heather Locklear…
INFOS
Long métrage américain
Genre : fantastique
Titre original : Firestarter
Année de production : 1984
À l’origine, Charlie (Firestarter en version originale) devait être réalisé par John Carpenter. Le réalisateur de Halloween et New York 1997 avait en effet choisi l’adaptation du roman de Stephen King comme nouveau projet après The Thing. Pendant la post-production de son chef d’oeuvre, Carpenter a commencé le développement de Charlie avec le co-scénariste de The Thing, Bill Lancaster (le fiston de la légende hollywoodienne Burt Lancaster). Mais l’échec critique et financier de The Thing a mis Big John dans une position difficile face à la Universal et suite aux coupes budgétaires imposées par le studio, ainsi qu’aux fameux « désaccords créatifs », le réalisateur a préféré quitter le navire pour accepter finalement le poste de metteur en scène d’une autre transposition cinématographique d’un livre de Stephen King, Christine.
Les difficultés rencontrées dans ces premières phases ont fait que la Universal s’est peu à peu retiré de la production du film, préférant un partenariat avec le mogul italien Dino de Laurentiis et se concentrant principalement sur la distribution. Entre 1983 et 1991, Dino de Laurentiis a produit 5 films et un téléfilm inspirés par l’oeuvre de King, avec des résultats très divers (Dead Zone, Charlie, Cat’s Eye, Peur Bleue, Maximum Overdrive, Vengeance Diabolique). Il a confié la direction de Charlie à Mark L. Lester, un réalisateur principalement connu pour Class 1984 et Commando avec Arnold Schwarzenegger).
Lester a toujours parlé de Charlie comme de l’une de ses expériences les plus difficiles, notamment à cause de la complexité des effets pyrotechniques. Son film n’a en tout cas pas fait une bonne impression auprès de Stephen King, pour qui Charlie est l’une des plus mauvaises adaptations d’un de ses bouquins. Si la pelloche de Mark L. Lester est inégale, je n’irai pour ma part pas aussi loin que le romancier à succès…
Dans l’ensemble assez fidèle au roman et à sa structure, Charlie commence in media res , ce qui favorise une immersion efficace dans l’histoire. Le spectateur fait connaissance avec les deux personnages principaux, Andrew Mc Gee (David Keith) et sa fille Charlie (Drew Barrymore), alors que le duo essaye d’échapper à leurs poursuivants. Les informations nécessaires sont données via des flashbacks bien intégrés au déroulement du récit : alors qu’ils étaient étudiants, Andy et Vicky Tomlinson ont participé à une expérience menée par une énigmatique organisation gouvernementale surnommée « La Boîte ». Ils ont ensuite développé des pouvoirs (Andy peut influencer les gens en implantant des suggestions dans leur esprit…une capacité qui n’est pas sans conséquences négatives sur sa santé), et quelques années plus tard, le couple découvre que le fruit de leur amour, la petite Charlie, est dotée du pouvoir de pyrokinésie.
La Boîte n’a jamais perdu de vue les McGee et ses responsables convoitent bien entendu la petite Charlie et l’utilisation (militaire) qu’ils pourraient faire de ses pouvoirs. À cause d’agents un peu trop zélés, Vicky meurt et depuis Andy et sa fille n’ont pas arrêté de courir. Ce premier acte est réussi : la relation père/fille est crédible, la tension est présente et bien entretenue par la réalisation de Mark L. Lester et le percutant assaut de la ferme, qui en est le point culminant, fait partie des meilleurs moments du film.
Le long métrage connaît ensuite quelques problèmes de rythme dans son deuxième acte, qui voit le père et la fille séparés lors de leur enlèvement par la Boîte. L’histoire perd de son intensité en mettant de côté ses aspects les plus paranoïaques et l’impact émotionnel du trauma des McGee. Mais il y a tout de même des éléments intéressants, comme dans les scènes où Charlie est manipulée par le tueur John Rainbird. Une étrange relation se noue entre les deux personnages, dont l’effet est tout de même pour moi un poil atténuée par le fait que je trouve Rainbird plus effrayant dans le roman. George C. Scott (Patton, Dr Folamour) était un immense acteur, mais il n’est pas ici totalement convaincant dans le rôle de cet exterminateur qui plus est d’origine cherokee sur papier.
L’autre antagoniste du film, le capitaine de la Boîte, est joué par Martin Sheen, qui était déjà au générique de Dead Zone l’année précédente. Son jeu est ici un peu plus contenu, le capitaine Hollister étant nettement modéré que ce cinglé de Greg Stillson.
Je reste partagé sur l’interprétation de Drew Barrymore. Elle est touchante dans les instants dramatiques. Mais avec sa bouille boudeuse, elle peine un peu à retranscrire la force qui s’empare d’elle quand elle fait la démonstration de ses pouvoirs. Le déchaînement final est tout de même impressionnant et conclut le métrage sur une note explosive.
Donc oui, Charlie est inégal, mais même s’il n’est pas complètement maîtrisé, le long métrage de Mark L. Lester ne manque pas d’intérêt. Mais pas du point de vue de la musique…la bande originale de Tangerine Dream (La Forteresse Noire) est très datée (ce qui est souvent le cas…mais pas tout le temps, je garde un bon souvenir de celle d’Aux Frontières de l’Aube par exemple).
Pour la petite histoire, le groupe allemand n’a même pas pris la peine de voir le film. Des morceaux ont été envoyés à Mark L. Lester qui n’a eu qu’à choisir ceux qu’ils voulaient pour l’illustration musicale de Charlie !