REALISATEUR
Erle C. Kenton
SCENARISTE
Edward T. Lowe Jr, d’après une histoire de Curt Siodmak
DISTRIBUTION
Boris Karloff, Lon Chaney Jr, J. Carrol Naish, John Carradine, Glenn Strange, George Zucco, Lionel Atwill…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : House of Frankenstein
Année de production : 1944
Après une décennie faste, marquée par des adaptations à succès de classiques de la littérature comme, entre autres, Dracula et Frankenstein en 1931, Double assassinat dans la Rue Morgue en 1932, L’Homme Invisible en 1933, La Fiancée de Frankenstein en 1935 et Le Corbeau en 1935 (même s’il y avait aussi des histoires originales comme La Momie en 1932), la Universal dut trouver de nouvelles idées afin de renouveler une formule un peu en perte de vitesse au début des années 40.
Parmi une flopée de suites (Son of Frankenstein, Ghost of Frankenstein, The Invisible Man returns, The Mummy’s Hand, The Mummy’s Tomb…), un nouveau « monstre classique » arriva en 1941 à se faire une place de choix aux côtés des autres grandes figures du genre : Le Loup-Garou interprété par Lon Chaney Jr, fils de Lon Chaney, l’illustre Homme aux 1000 visages qui fit les beaux jours de la Universal au temps du muet (Notre-Dame de Paris, Le Fantôme de l’Opéra…).
Pour l’inévitable suite, le scénariste du Loup-Garou, Curt Siodmak, proposa sur un pari une rencontre entre Frankenstein et le lycanthrope maudit. Il pensait qu’il n’allait pas être pris au sérieux…mais le producteur George Waggner valida l’idée. Sorti en 1943, Frankenstein rencontre le Loup-Garou est donc à la fois le deuxième film de la série du Loup Garou et le cinquième du monstre de Frankenstein qui ne devint plus qu’une silhouette privée d’esprit et de parole, loin de la créature fascinante immortalisée par Boris Karloff. Dans Frankenstein rencontre le Loup-Garou, le monstre ne totalise d’ailleurs que 6 à 7 minutes de présence à l’écran, pauvrement habité par un Bela Lugosi fatigué et ridicule (une énorme erreur de casting…et dire qu’il fut le premier choix de la Universal en 1931 avant que James Whale n’impose Boris Karloff).
Le bon accueil public réservé au film poussa la Universal à continuer sur ce modèle…mais avec un peu plus de monde au générique (et sans vraiment se soucier d’établir une continuité stricte entre chaque partie). Après avoir envisagé un temps d’y inclure la Momie, La Maison de Frankenstein réunit donc Le Loup-Garou, le monstre de Frankenstein, Dracula, un savant fou et un bossu (qui tombera amoureuse d’une gitane…référence inévitable à Victor Hugo).
Le Loup-Garou est à nouveau efficacement joué par Lon Chaney Jr, avec tout le pathos voulu par la terrible malédiction qui frappe le personnage.
Le monstre de Frankenstein (qui ne sert pas à grand chose et qui n’est tiré de son réveil que pour le final) est pour la première fois campé par le cascadeur Glenn Strange, au physique imposant mais dont le manque de charisme dessert totalement le rôle (et difficile d’être menaçant quand on ressemble à Herman Munster).
Bela Lugosi devait à nouveau être sollicité pour enfiler la cape de Dracula, mais une incompatibilité d’emploi du temps (puisqu’il jouait au même moment au théâtre) fit que le studio se tourna vers John Carradine (Les Raisons de la Colère), qui compose un comte Dracula élégant, hypnotique et séducteur…mais tout de même un peu sous-employé puisqu’il quitte la scène à peine le premier acte terminé…à noter qu’il ne rencontre même pas les deux autres monstres vedettes…
Le scénario fait la part belle au savant fou et à son assistant bossu, respectivement interprétés par Boris Karloff (pour sa dernière apparition dans un film d’horreur de la Universal) et J. Carol Naish (Capitaine Blood). Excellents, les deux hommes apportent beaucoup de force et de profondeur à leurs personnages. Le premier est le Dr Niemann, un scientifique déchu aussi enclin à retrouver les notes du Dr Frankenstein pour poursuivre ses expériences que de se venger de ceux qui l’ont jeté en prison (et c’est là qu’intervient Dracula dans la première moitié), et le second une figure tragique, qui a soif d’amour et de reconnaissance et qui espère que le maître qu’il a choisi de servir lui apportera un nouveau corps. Deux compositions de qualité pour une histoire aussi divertissante que décousue par moments.
Le budget consacré aux effets spéciaux est moins important que pour les entrées précédentes (les transitions entre les transformations se contentent du minimum syndical), mais l’atmosphère générale est toujours aussi bien ciselée et le réalisateur Erle C. Kenton (L’île du Dr Moreau) fignole des plans très accrocheurs, sublimés par un très beau noir et blanc.
Le rythme ne faiblit pas tout au long des 70 minutes de cette très sympathique petite série B…même si elle échoue tout de même à délivrer l’attendu affrontement au sommet entre les monstres classiques de la Universal.