Horreur/science-fiction
Long métrage espagnol/italien/allemand
Réalisé par Tulio Demicheli
Scénarisé par Paul Naschy
Avec Michael Rennie, Karin Dor, Craig Hill, Paul Naschy…
Titre original : Los monstruos del terror
Année de production : 1970
Star de l’horreur ibérique, Paul Naschy a incarné toutes les figures classiques du genre, de Dracula à la créature de Frankenstein en passant par Dr Jekyll et Mr Hyde, Fu Manchu, la Momie et bien entendu le Loup-Garou, qui reste son rôle le plus célèbre. Il a en effet joué le lycanthrope Waldemar Daninsky dans une dizaine de longs métrages, des Vampires du Dr Dracula en 1968 à Tomb of the Werewolf en 2004. Daninsky est directement inspiré par Lawrence Talbot, le loup-garou tragique des classiques de la Universal immortalisé par Lon Chaney Jr. Paul Naschy était un passionné des films d’horreur américains des années 30 et 40 et son travail lui a valu le surnom de « Lon Chaney espagnol ».
Scénariste régulier de ses longs métrages, Paul Naschy aimait orchestrer des rencontres entre les grands monstres, dans la tradition de La Maison de Dracula et La Maison de Frankenstein. Dans Los monstruos del terror se côtoient donc le loup-garou Waldemar Daninsky, une momie, le vampire Janos de Mialhoff et la créature de Farancksalan (!), ersatz de Frankenstein au ridicule maquillage karloffien verdâtre. Car contrairement à ce que prétend le fantaisiste titre français, il n’y a pas de combat entre Dracula et Frankenstein, le suceur de sang et le monstre ne se croisant même pas (c’est Daninsky qui affronte Farancksalan).
Pour réunir tout ce « beau » monde, Paul Naschy a imaginé un prétexte joliment bancal qui partage quelques points communs avec le Plan 9 from Outer Space de Ed Wood. Les grands méchants sont des extraterrestres venus d’un monde mourant bien décidés à conquérir la Terre. Les aliens utilisent des corps humains comme hôtes et se lancent dans des expériences pour ressusciter les créatures afin de constituer leur armée. Comme ils ne sont pas nombreux (budget modeste oblige), ils hypnotisent de jolies jeunes femmes pour en faire leurs esclaves. Mais les êtres venus d’ailleurs se heurtent à l’aspect humain et Waldemar Daninsky va finir par échapper au contrôle et se rebeller…
Dans son tout dernier rôle (il est décédé l’année suivante), le britannique Michael Rennie (Klaatu dans Le Jour où la Terre s’arrêta de Robert Wise) semble un peu perdu au sein d’un scénario embrouillé (et qui ne manque pas de très grosses ellipses), croisement bien bis et bordélique entre science-fiction naïve, enquête policière laborieuse et horreur gothique. Mais s’il est pétri de défauts (dont l’interprétation, souvent très limitée), le long métrage de Tulio Demicheli se tient tout de même visuellement parlant, avec une photographie et des décors soignés.
Selon plusieurs sources, il semble que la production de Dracula contre Frankenstein fut assez compliquée. Le tournage a été entamé par Hugo Fregonese (Les Cavaliers Rouges), qui a claqué la porte lorsque l’argent s’est mis à manquer, avant d’être repris par Tulio Demicheli (Arriva, Sabata…), le seul nom crédité, et terminé par Antonio Isasi-Isasmendi (Les Hommes de Las Vegas). Les résultats au box-office furent décevants et c’est le succès de son film suivant (La Furie des Vampires en 1971) qui a véritablement fait de Paul Naschy une valeur sûre du cinéma horrifique espagnol.