LA MAISON PRÈS DU CIMETIÈRE (Lucio Fulci)

REALISATEUR

Lucio Fulci

SCENARISTES

Lucio Fulci, Giorgio Mariuzzo et Dardano Sacchetti

DISTRIBUTION

Catriona MacColl, Paolo Malco, Ania Pieroni, Giovanni Frezza…

INFOS

Long métrage italien
Genre : horreur
Titre original : Quella villa accanto al cimitero
Année de production : 1981

Lucio Fulci. Le Parrain du Gore. Le Poète du Macabre. Mais surtout l’un des rares réalisateurs italiens spécialisé dans le gore qui tâche capable d’imposer une signature reconnaissable à un genre dans lequel se sont engouffrés les pires tâcherons à partir de la seconde moitié des années 70, période qui commence à signer le glas du cinéma d’exploitation transalpin (à quelques exceptions près hein, je pense bien entendu à Dario Argento).
Comme ses congénères, Fulci est passé par tous les genres (il aura notamment signé beaucoup de comédies), souvent par nécessité, mais contrairement à eux ses meilleurs films d’horreur, réalisés sur une période 10 ans, restent des modèles du genre, traversés de fulgurences souvent brillantes.
Honnêtement, tout n’est pas du meilleur acabit dans une filmo qui commence à décliner à partir de 1982 à l’instar d’une production italienne qui perd de son charme et sombre régulièrement dans la vulgarité. Avant cela, en 1981, Fulci livre 3 longs métrages, Le Chat Noir, inspiré par Poe, et les deux derniers volets de sa trilogie non-officielle débutée avec Frayeurs, son chef d’oeuvre absolu L’Au-delà et La Maison du Cimetière, plus en demi-teinte celui-là.

Après le suicide de son mentor, le professeur Norman Boyle emménage avec sa femme et son fils dans une vieille bâtisse ayant appartenu au Dr Freudstein, un savant au passé trouble sur lequel enquêtait l’ami de Norman avant sa mort. Sombrant progressivement dans la folie et l’horreur, la famille découvre qu’une présence maléfique se cache dans le sous-sol de la maison.

La Maison près du cimetière est considéré par certains comme le dernier grand film de Fulci (avis que je ne partage pas, en ce qui me concerne, son dernier vrai grand film reste L’Au-delà). Puisant son inspiration dans les récents succès venant des Etats-Unis, le scénario emprunte l’imagerie de la maison hantée et le thème de la famille prise au piège avec les forces du mal à Amityville mais aussi le schéma familial à Shining. Point faible majeur du film, l’histoire est mal maîtrisée, emprunte des pistes avant de les abandonner en cours de route (l’étrange baby-sitter aux magnifiques yeux bleus…et il les aime, ses yeux qu’on retrouve régulièrement en gros plans…et sa supposée relation trouble avec le père…Fulci insiste lourdement là-dessus et n’en fait rien du tout) et passe beaucoup de temps à développer une enquête qui sera finalement traitée par dessus la jambe à l’occasion du dernier acte (les révélations sur le Dr Freudstein arrivent comme un cheveu sur la soupe).

L’intérêt de La Maison près du Cimetière vient surtout de la capacité de son réalisateur à installer une atmosphère angoissante, à créer un véritable malaise grâce à un travail soigné sur l’image, le son et les bruitages. Les fréquentes descentes dans la cave font leur petit effet, car on s’attend toujours à ce que quelque chose nous saute au visage. Et quand la créature attaque, le réalisateur emploie une vue subjective qui nous met à la place du tueur. Technique qui ne manque pas d’efficacité…
Les apparitions fantômatiques de la petite fille, venue avertir le jeune Bob des dangers de la maison, apportent une touche onirique à l’ensemble qui prend son sens lors de l’infinie tristesse du plan final. Mais on est quand même dans un Fulci et quand le film bascule de l’épouvante à l’horreur pure, le sang coule à flots. Le monstre qui se cache dans les profondeurs de la cave de cette vieille maison se révèle et le dernier acte prend furieusement aux tripes, ce qui rattrape en partie quelques errements précédents (la ridicule scène de la chauve-souris).

Même si le long métrage ne manque pas de qualités formelles, La Maison du Cimetière met quand même du temps à faire oublier ses carences scénaristiques et son interprétation peu inspirée (le premier rôle masculin est fade et ne parlons pas du gamin). Mais la patte Fulci l’élève quand même au-dessus de la moyenne…

…c’est après que ça se gâtera…

1 « J'aime »

Si on insiste (à juste titre) sur ses incroyables films gore (« L’Enfer des Zombies », et surtout « Frayeurs » et le sublime « L’Au-delà »), il me semble que l’on n’insiste pas assez sur la phase précédente de la carrière de Fulci.
Je n’ai vu aucune de ses comédies et ne peut pas me prononcer dessus (elles n’ont pas toutes bien vieilli, j’imagine…), mais il y a des westerns terribles dans sa filmo (je pense aux « 4 de l’Apocalypse », avec Tomas Milian, aux frontières de l’horreur par moments) et surtout, mais c’est logique vu que le genre flirte avec l’horreur plus souvent qu’à son tour, des gialli anthologiques. « Le Venin de la Peur » en est un exemple, mais c’est surtout « La Longue Nuit de l’Exorcisme » (au titre VF absurde, le film se passe de jour, sans la moindre trace d’un exorcisme…!) qui m’a frappé, un vrai joyau du genre. Et même plus tard, alors que le genre a largement décliné, « L’Emmurée Vivante » (dont Tarantino utilisera le magnifique thème musical pour les besoins de son « Kill Bill ») est une franche réussite.

J’aime encore assez « La Maison près du cimetière », malgré un démarrage poussif. Le film est pourvu de scènes très tendues, notamment celles avec l’enfant (le coup de la hache, derrière la porte…), et surtout incroyablement gorasses comme Fulci savait faire à l’époque. Toujours inspiré sur le plan de la mise en scène (Fulci savait y faire, pas de doute), on sent par contre que la direction d’acteurs, et même l’intrigue, ne l’intéresse pas des masses (mais on pourrait en dire autant de certains de ses films plus réussis).
Si « L’Au-Delà » marque le pic et le début du déclin de la filmo de Fulci, j’aime quand même le très craspec et glauque « L’Eventreur de New-York », pourvu d’une private-joke incompréhensible pour qui ne connaît pas dans le détail la carrière de Fulci. Dans ce film, le tueur émet des caquètements ridicules de canard, qui déclencheront (à juste titre) l’incompréhension ou l"hilarité du spectateur. Explication : dix ans auparavant, Fulci s’était vu interdire, dans le titre VO de « La Longue Nuit de l’Exorcisme », l’emploi du mot italien « paperino » (caneton), le mot italien désignant le fameux Donald Duck, pour des questions de droit, avant de pouvoir le faire, finalement.
Visiblement rancunier, le réalisateur rappelle cette anecdote aux bons souvenirs du spectateur, à travers les cris ridicules de son tueur…!

Ah, qu’est-ce qu’il m’a ennuyé, ce serial killer « Donald Duck » ! :wink:
Il y a encore quelques chouettes scènes dans Manhattan Baby, mais l’ensemble est vraiment mal maîtrisé…et par la suite, Fulci sombre avec des trucs comme Murderock, Aenigma, Demonia et dans d’autres genres 2072, les mercenaires du futur et Conquest. Beurk…

Je n’ai toujours pas vu Les 4 de l’Apocalypse et tu donnes envie à chaque fois que tu le mentionnes. Va falloir que je mate ça…

Jamais revu ce film depuis mes 12 ans où ils nous avait terrifié avec un pote.

Philippe Poirier :

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Jeff Proctor :

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Graham Humphreys :