LA NUIT DES FOUS VIVANTS (George A. Romero)

REALISATEUR & SCENARISTE

George A. Romero, d’après une histoire de Paul McCollough

DISTRIBUTION

Lane Carroll, W.G. McMillan, Harold Wayne Jones, Lynn Lowry…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : The Crazies
Année de production : 1973

Une manoeuvre du distributeur ayant abouti à des problèmes de copyright n’a pas permis à George A. Romero et sa société de production de capitaliser sur le succès de La Nuit des Morts-Vivants. Farouche indépendant, le réalisateur est ensuite retourné aux publicités, aux films éducatifs et aux productions à tout petit budget. Romero s’est dans un premier temps écarté de l’horreur pure avec les méconnus There’s always Vanilla et Season of the Witch avant son retour au genre pour son quatrième long métrage, The Crazies (préférable au stupide titre français).

The Crazies a souvent été présenté comme le lien entre La Nuit des Morts-Vivants et Zombie et c’est bien vu tant George A. Romero a profité de l’occasion pour continuer de développer ses thématiques en prenant pour base The Mad People, unique scénario de film signé Paul McCollough qui avait attiré l’attention de Lee Hessel, l’un des producteurs de There’s always Vanilla. Pour Hessel, c’est la première partie du script qui était la plus intéressante et c’est cette situation que Romero a mis en avant pour sa version.

Dans The Crazies, on retrouve le schéma du petit groupe tentant de survivre aux attaques d’une populace transformée en une meute sanguinaire…sauf que cette fois-ci, ce ne sont pas des zombies mais des gens devenus complètement fous après avoir été exposés à une arme biologique de l’armée répandue sur cette région par accident. Cela crée d’emblée un climat paranoïaque entretenu dans un premier temps par des plans répétés sur le déploiement des forces militaires, qui succèdent au shérif et aux rednecks du final tétanisant de La Nuit des Morts-Vivants.

Car il n’y a pas vraiment de différences : dans les deux cas, Romero fustige le recours à la force inconsidérée, représentation d’une politique sécuritaire refusant les compromis. Le portrait du soldat dans The Crazies est assez sombre, un être que l’on peut voir comme une entité déshumanisée…à part les hauts gradés et deux ou trois troufions, ils ne quittent jamais leur combinaison et leur masque à gaz et cet anonymat leur confère une certaine immunité dans l’expression d’actes violents et immoraux qui font souvent froid dans le dos.

La mise en scène quasi-documentaire de George A. Romero imprime une tension qui quitte rarement le métrage, à deux ou trois chutes de rythme près. Déjà anxiogène lorsque le récit suit des soi-disant figures d’autorité incapables de rétablir l’ordre dans ce chaos (le seul scientifique qui possède une possible solution n’est pas écouté et finira très mal), le suspense se fait plus palpable en se recentrant sur la dynamique qui lie les personnages principaux. Romero étonne aussi par des plans incongrus, annonciateurs des ruptures de ton de Zombie.

La Nuit des Fous Vivants a ses maladresses, dues notamment aux limites du budget et à une interprétation pas toujours inspirée, mais son symbolisme et son climat nihiliste participent à en faire une étape importante de la filmographie de George A. Romero.

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