LA PLANÈTE DES VAMPIRES (Mario Bava)

REALISATEUR

Mario Bava

SCENARISTES

Mario Bava, Alberto Bevilacqua, Callisto Cosulich, Antonio Roman et Rafael J. Salvia, d’après une nouvelle de Renato Pestriniero

DISTRIBUTION

Barry Sullivan, Norma Bengell, Angel Aranda, Evi Marandi…

INFOS

Long métrage italien/espagnol
Genre : science-fiction/horreur
Titre original : Terrore nello spazio
Année de production : 1965

Deux vaisseaux spatiaux, l’Argos et le Galliot, sont envoyés en mission d’exploration sur Aura, une mystérieuse planète entourée de brume. Premier arrivé, l’Argos a cessé toute communication. A l’atterrissage, les membres de l’équipage du Galliot deviennent un à un complètement fous et commencent à se massacrer entre eux… soit, comme ils l’apprennent rapidement lorsqu’ils reprennent leurs esprits, exactement ce qui est arrivé à l’Argos. Les explorateurs se rendent alors compte que Aura est habitée par des extra-terrestres désincarnés bien décidés à s’échapper de leur planète à l’agonie.

Co-production italo-espagnole sortie en 1965, Terrore nello spazio est un représentant transalpin de la science-fiction pulp qui injecte à son décor futuriste les codes spécifiques du récit horrifique. Il ne faut donc pas y chercher une quelconque cohérence que ce soit dans les dialogues (d’ailleurs, les explications pseudo-scientifiques prêtent constamment à sourire) ou les actes (dans la grande tradition du genre, les explorateurs se précipitent sur la planète sans se préoccuper si l’air est vraiment respirable). Les clichés du cinéma d’horreur ne manquent pas non plus, avec des personnages qui se baladent seuls et se précipitent stupidement vers le danger.
Mais ce qui n’aurait pu être qu’un sympathique nanar a tout de même pris une autre dimension grâce au talent de son réalisateur, Il Maestro Mario Bava.

Mario Bava débuta sa carrière en tant que directeur de la photographie avant de s’intéresser à d’autres aspects de la production et de devenir un spécialiste des effets spéciaux, notamment sur Les Vampires de Riccardo Freda, Ulysse avec Kirk Douglas et Les travaux d’Hercule avec Steve Reeves. Il toucha également à la réalisation de film pour la première fois en 1956 lorsqu’il termina le tournage des Vampires de façon officieuse. Il fut ainsi appelé à la rescousse plusieurs fois sans être crédité. On a longtemps cru d’ailleurs que La Planète des Vampires était sa première incursion dans la S.F., mais il a aussi co-réalisé en 1958 Le danger vient de l’espace, officiellement attribué à Paolo Heusch.

L’une des plus grosses réussites de La Planète des vampires est cette ambiance paranoïaque et angoissante savamment entretenue par un réalisateur qui sait tirer parti de ses décors minimalistes (petit budget oblige). D’après ses dires, Mario Bava ne disposait que de quelques rochers récupérés d’un peplum tourné à Cinecitta. Son expérience de directeur photo et sa maîtrise des effets visuels ont fait merveille : utilisation de miniatures et de perspectives forcées, brume artificielle, éclairages particuliers alliés à une photographie très travaillée font plus qu’illusion et donnent à cette étrange planète ce cachet si particulier.

Mario Bava est aussi un maître de l’horreur (Le Masque du démon, Le Corps et le fouet…) et l’aspect « terreur » de La Planète des vampires est particulièrement efficace. Les maquillages sont réussis et les scènes de « résurrection », lorsque les corps des astronautes morts sont investis par les extra-terrestres, font partie des plus marquantes du long métrage. La tension est subtilement entretenue jusqu’à un final qui réserve jusqu’au bout quelques surprises.

Lors de son exploitation aux Etats-Unis, Terrore nello spazio connaîtra plusieurs titres, le plus connu étant Planet of the Vampires (qui sera décliné pour la version française). Pourtant, le vampirisme est loin d’être au centre du film (tout au plus pourra-t-on considérer les aliens comme des « vampires psychiques ») puisque la démarche des explorateurs possédés tient plus du zombie. L’affiche américaine représente également des créatures totalement absentes du film.

Bien que les auteurs d’Alien l’aient souvent démenti, La Planète des Vampires est considéré par les fans du genre comme l’un des précurseurs de la saga inaugurée par Ridley Scott en 1979. Une scène en particulier, celle de la découverte d’un vaisseau spatial et d’un impressionnant squelette d’extra-terrestre à la taille gigantesque, n’est pas sans évoquer la vision d’un certain space-jockey.

Malgré ses aspects très kitsch (ah, ces astronefs et ces combinaisons spatiales SM…), La Planète des Vampires démontre une nouvelle fois la maestria de son réalisateur et arrive régulièrement à faire oublier l’étroitesse de son budget pour se laisser happer par son atmosphère envoutante.

Excellent !!
La preuve que le budget, aussi limité soit-il, peut être transcendé par un cinéaste inspiré. A l’instar d’un Orson Welles sur son « MacBeth », Bava sublime ses trois rochers en carton-pâte et ses décors un peu limites par son sens inouï de la photo (il était directeur photo avant de passer à la réalisation, comme le Doc le signale).

La fin du film, à la fois comique et glaçante, est typique de l’oeuvre du maître italien, teintée d’une misanthropie tranquille mais affirmée.
Pour ce qui est de l’influence sur « Alien », elle me semble évidente à moi aussi. Si Ridley Scott est peut-être sincère en prétendant ne pas connaître le film de Bava, quelque chose me dit que Dan O’Bannon (scénariste du projet), lui, le connaissait…

C’était déjà le cas sur un de ses premiers longs métrages, Hercule contre les vampires (1961), notamment lors du voyage d’Hercule en Hades.

Ah je l’ai pas vu celui-là.

Mais dans le genre "petit bijou à peu de frais, son poliziottesco « Rabid Dogs / Chiens Enragés » se pose un peu là : tout le film se passe pour ainsi dire dans une bagnole, et c’est une bombe.

Danger : Diabolik ! également est un incontournable de sa filmo, dans le genre film Pop/Bd typé 60’s j’aime beaucoup.

La Rabbia programmera dès le 6 juillet prochain une exploitation en salles de** La planète des vampires** dans une version restaurée:

Graham Humphreys :

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